Six ans après les attentats de janvier 2015, la mémoire de la policière martiniquaise a été saluée ce vendredi à Montrouge. Un hommage discret et touchant a été rendu à Clarissa Jean-Phillippe par le collègue qui était à ses côtés lorsqu'elle a été abattue.
Discours, dépôts de gerbe, minute de silence, Marseillaise… La cérémonie de ce 8 janvier 2021 est traditionnelle, à ceci près que tous les participants sont masqués cette année et que le public ne peut approcher, retenu à plusieurs dizaines de mètres de là "en raison de la situation sanitaire", selon la mairie.
La cérémonie en #hommage à Clarissa Jean-Philippe, la policière municipale martiniquaise abattue le 8 janvier 2015 débute à Montrouge #attentats pic.twitter.com/RFZEtQ7xDB
— La1ere.fr (@la1ere) January 8, 2021
Pourtant, cette demi-heure de recueillement est un peu particulière, comme le signalent Étienne Lengereau, maire de Montrouge, et Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, dans leurs discours respectifs. C'est le premier hommage rendu à Clarissa Jean-Philippe après le procès des attentats de janvier 2015 et la condamnation de plusieurs complices des terroristes.
Clarissa Jean-Philippe a été tuée parce qu’elle était le visage de la France, de la République qu’elle protégeait.
Quelques mots bouleversants
"Il ne faut pas oublier Clarissa, c'est pour ça qu'on est tous là, moi et mes collègues". On l'a entendu au procès voilà quelques semaines, mais, en dehors de cette audience, il s'est peu exprimé depuis six ans. Jonathan Berdal était "le binôme" de Clarissa Jean-Philippe. Ce matin, au terme de la cinquième cérémonie en mémoire de la Martiniquaise, il a rendu un hommage touchant à celle qu'il accompagnait le 8 janvier 2015, quand elle a été abattue.
Je l'ai toujours dans mon cœur, elle est ma force tous les matins pour aller travailler, elle est en moi.
Clarissa Jean-Philippe a été tuée par un terroriste, ce matin-là, alors qu'elle intervenait sur un accident de la circulation avenue Pierre Brossolette à Montrouge. Au procès des attentats, il a été conclu qu'elle s'était vraisemblablement trouvée sur le chemin d'Amedy Coulibaly, alors qu'il se dirigeait vers une école juive à quelques mètres de là. Atteinte d’une balle à la carotide à 8h04, la jeune Martiniquaise est décédée en quelques instants. Une autre balle tirée par le terroriste a touché l’un des deux employés municipaux également présents. Il a survécu et a subi de nombreuses opérations.
Le 8 janvier 2015, #Clarissa Jean-Philippe, jeune policière municipale de 26 ans tombe sous les balles d’un terroriste dans une rue de #Montrouge.
— Police Municipale (@PoliceMun) January 8, 2021
Nous pensons en ce jour à sa famille, ses proches et collègues.
Nous ne t’oublierons jamais. pic.twitter.com/XNo3encmvi
Toujours de l'émotion, six ans après
Chez certains, même six ans après le drame, l'émotion est toujours bien palpable. Les voix tremblent, les yeux s'embuent. "C'est une compatriote, un être humain, une personne qui était dévouée à la république de part son uniforme et de part sa vocation, donc oui, on est émus", explique Jean-Marc Justine, au bord des larmes. Ce délégué du CREFOM dans les Yvelines - où résidait Clarissa - poursuit : "J'espère qu'on en parlera encore dans 40 ans, dans 50 ans, dans 60 ans parce ces choses-là - qui ont lieu une fois - ne doivent jamais s'oublier. C'est une devoir de perpétuer cette mémoire."
Seuls des officiels assistent à la cerémonie, la sixième depuis la mort de Clarissa jean-Philippe. L'avenue Pierre Brosolette a été bouclée sur plusieurs dizaines de mètres. Les anonymes ne peuvent pas approcher. "C'est peut-être pas le même hommage qu'on a vu à l'hyper casher où il y avait beaucoup plus de personnes, mais je ne veux pas qu'on m'accuse d'entrer dans une polémique stérile, analyse Daniel Dalin, président du CREFOM. C'est un hommage que la République a rendu à un enfant de la République." "Elle a fait son devoir de policier mais aussi de citoyen, ajoute Maël Disa, le délégué interministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer et à la visibilité des Outre-mer, à l'issue de la cérémonie.
Elle nous honore, nous Français, et particulièrement les Outre-mer, nous qui contribuons aussi pleinement à la nation.
#Hommage à Clarissa Jean-Philippe, 6 ans après les #attentats : « L’Outre-mer fait partie de la nation et en paie parfois le tribut » Maël Disa, de la délégation @ultramarins, a salué la mémoire de la policière martiniquaise ce matin à #Montrouge pic.twitter.com/zrPk3Fq2kl
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Regardez le récit du 8 janvier 2015 et des jours qui ont suivi, en images :