C’est un document semi-confidentiel de 120 pages. Il donne un aperçu détaillé et chiffré de la production mondiale de nickel durant les 10 premiers mois de 2017. La Nouvelle-Calédonie figure dans le classement de tête d’une quarantaine de pays producteurs.
En novembre, les statistiques du nickel se ramassent à la pelle. Le document, en noir et blanc, s’intitule « World Nickel Statistics ». Ce bulletin mensuel recense des dizaines de tableaux, des centaines de chiffres et de statistiques. Surtout, on y trouve la liste de tous les producteurs mondiaux, mais aussi des pays où s’exportent le Roi Nick comme on l’appelle. Le Groupe International d’Etudes du Nickel (International Nickel Study Group), basé dans un discret immeuble de Lisbonne au Portugal, est un organisme inter-gouvernemental auquel collaborent les principaux acteurs du marché, publics ou privés. Comme l'OPEP pour le pétrole, L’INSG est un lieu d’échange d’informations entre producteurs, de négociations aussi ? On restera sur sa faim, l'INSG ne souhaite pas communiquer et refuse tout contact extérieur.
La Nouvelle-Calédonie est un important producteur
La production minière de nickel situe la Nouvelle-Calédonie au 5e rang mondial. La production de nickel (ferronickel et oxydes), dans les trois usines locales, la place au 7e rang mondial. La Chine est le premier client du nickel extrait des mines et des usines du Territoire, loin devant Taïwan et le Japon.
Les chiffres de l’INSG sont livrés sans commentaire. Des colonnes entières sont consacrées à la production minière, au ferronickel, aux oxydes de nickel du monde entier. Le classement des principaux producteurs de nickel, des importateurs et consommateurs offre un aperçu austère du secteur. Des chiffres et encore des chiffres…
La production mondiale de nickel est en hausse
En 2016, la production minière mondiale de nickel pur a été d’un peu plus de 2 millions de tonnes. Elle devrait augmenter encore cette année. Fin septembre 2017, elle atteint déjà 1,6 millions de tonnes. Les stocks mondiaux restent élevés, mais avec une forte baisse en Asie, en tout cas dans les entrepôts officiels de la Bourse de Shanghai (SHFE). Ils étaient de 108.000 tonnes en octobre 2016, ils sont tombés à moins de 49.000 tonnes un an plus tard. En revanche, les stocks officiels gérés par la Bourse des métaux de Londres (LME) sont encore très élevés : 363.000 tonnes en octobre 2016, 381.000 tonnes en octobre 2017. Le plus grand entrepôt de nickel au monde est en Malaisie à Johor. Ses stocks de nickel raffiné atteignent 168.000 tonnes, soit plus du double que le port de Rotterdam, second de la liste.
Indonésie et Philippines dominent le nickel
L’Indonésie et les Philippines sont les deux premiers producteurs de la zone Asie-Pacifique. De janvier à fin septembre, la production indonésienne fait un bond de 98,2 % (262.800 tonnes) par rapport à la même période de 2016. La production des Philippines est en baisse de 5,1%, mais elle est la première au monde avec 268.300 tonnes de métal contenu.
La Nouvelle-Calédonie rejoint l’Australie
La Nouvelle-Calédonie rejoint et dépasse même l’Australie. La production calédonienne de nickel contenu a atteint 158.100 tonnes sur la période janvier-septembre 2017. Elle est en légère baisse de 2,2 % (1-9) mais dépasse de nouveau la production australienne (144.600 tonnes). La production calédonienne talonne la production de la Fédération de Russie et celle du Canada qui sont au même niveau à 159.000 tonnes. Dans le Pacifique, les statistiques de l’INSG révèlent le bond spectaculaire de la production de nickel en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle progresse de 80 % et atteint 25.500 tonnes, un chiffre qui reste malgré tout modeste.
Nickel made in Calédonie
La production métallurgique calédonienne a atteint 76.500 tonnes fin septembre, en hausse de 9,7 %. Le Territoire est le 7e producteur mondial, derrière la Chine (454.000 tonnes) et un groupe de 4 pays qui se situent autour de 150.000 tonnes (Indonésie, Japon, Russie et Canada.)
La Chine, premier importateur mondial de nickel
La Chine est la première consommatrice mondiale de nickel et de loin. Elle en a consommé plus de 849.000 tonnes à elle seule, pour alimenter les fours de l’acier inoxydable et les batteries des véhicules électriques, loin devant le Japon (124.000 tonnes) et les Etats-Unis (113.000 tonnes). Toujours selon le tableau de l’INSG, la Chine a augmenté ses importations de minerai calédonien de 143,8 % (650 077 tonnes), les deux premiers fournisseurs étant l’Indonésie et les Philippines. Le quatrième exportateur de minerai est le Guatemala (338 050 tonnes).
La Chine et l'alliage calédonien de l'acier inoxydable
La Nouvelle-Calédonie est le second fournisseur de ferronickel de l’industrie chinoise de l’acier inoxydable, mais loin derrière l’Indonésie dont les statistiques intègrent la production massive d’une mauvaise fonte de ferronickel polluante et à bas coût (NPI). 23.539 tonnes de ferronickel ont été exportées de la Nouvelle-Calédonie vers la Chine sur la période (1-9) de 2017. Une hausse de 20,8 % par rapport à 2016 et qui dépasse les volumes exportés depuis 2015. L’autre Chine, Taïwan, est en seconde position avec 8.964 tonnes importées (+14,6%) devant les Etats-Unis 4364 tonnes (+55,6%) et la Belgique 3.204 tonnes (+8,6 %). En revanche, les exportations calédoniennes de ferronickel ont enregistré de fortes baisses vers l’Espagne (-34 %) et surtout l’Inde (-57%) mais dans des volumes très faibles. Pour les produits du nickel destinés au marché en pleine expansion des batteries des véhicules électriques, la production calédonienne est en seconde position des importations chinoises avec 48.966 tonnes (1-9) devancée par les importations en provenance de Papouasie-Nouvelle-Guinée (130.152 tonnes), toujours selon le tableau de l’INSG en page 36.
13 pays importent le nickel calédonien pour l'inox
Au total, le nickel calédonien s’exporte vers 13 pays sur 38 consommateurs mondiaux de nickel. Plus de 50% des exportations sont réalisées avec la Chine. De A comme Australie à Z comme Zimbabwe, la Nouvelle-Calédonie s’inscrit en 5e position des producteurs de minerai et au 7e rang des producteurs métallurgiques sur 33 producteurs de mondiaux de nickel.
Sources
Les statistiques de l’INSG sont produites à partir de données gouvernementales ou fournies par Central Statistics Office (Bostwana) - Vale S.A (Brésil-Canada) - Natural Resources Canada - China Nonferrous Metals Industry Association - Shanghai Futures Exchange (SHFE) - Eurofer (Belgique) - Eramet (France) - GMM Larco Nickel (Grèce) - Centro Inox (Italie) - Japan Mining Industry Association (Japon) - London Metal Exchange (LME) - Minerals Bureau (Corée du Sud) - NMC Norilsk Nickel Nornickel ( fédération de Russie) - US Geological Survey (Etats-Unis).