Industrie : Montagne d’Or lance une formation aux métiers de la mine en Guyane

La Montagne d'or vue d'hélicoptère.
La compagnie minière Montagne d'Or confirme, ce vendredi, le lancement d'un vaste programme de formation professionnelle pour son projet industriel en Guyane. 500 personnes vont être recrutées malgré une décision contrastée à Paris.
La Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a en effet annoncé jeudi l’organisation dans les mois prochains d’un débat public autour du projet minier de Montagne d’Or (MOD) dans l’Ouest Guyanais. Son organisation sera confiée à une commission publique, mais le débat aura lieu sur place comme le demande l’Association des Maires de Guyane. La CNDP n’a donc pas répondu à la demande de la société minière : « La commission a considéré que la saisie de la compagnie, demandant seulement la désignation d’un garant était irrecevable », explique la CNDP dans sa décision. Pour autant, la demande d’organiser un débat national n’a pas été retenu. Commentaire de Jean-François Lambert, membre du cercle Cyclope qui réfléchit aux questions sociétales des matières premières : « qu'un tel projet fasse l'objet d'un débat public organisé est une bonne chose. Les retombées économiques potentielles sont importantes pour la Guyane, tout comme le légitime souci de préserver l'environnement. C'est le gage d'une démocratie mature mais ce débat est avant tout guyanais ».

Arbitrage

La CNDP va donc nommer, dans les prochains mois, des commissions d’experts et organiser des réunions publiques. Elle a considéré que « les enjeux économiques, sociaux et environnementaux du projet et son impact sur l’aménagement du territoire de la Guyane sont très importants...Il revient donc à ses habitants de participer à l’élaboration des décisions le concernant » poursuit la CNDP. Presque mot pour mot ce que demande le courrier des Maires de Guyane adressé au Premier Ministre Edouard Philippe. « Je crois à la raison et je crois que la raison l’emportera » veut croire Michel Jébrak, géologue et universitaire québécois. Celui qui est aussi le directeur de la formation de Montagne d’Or se rend prochainement en Guyane. « Ce projet est un starter qui va permettre l’industrialisation et la modernisation de la Guyane et surtout qui va donner du boulot à des gens ».

Formation professionnelle

Illustration de cet enjeu, les 500 premières personnes qui vont être recrutées seront formées par l’université de Guyane à Cayenne, mais aussi à Saint-Laurent du Maroni. 350 personnes seront des conducteurs d'engins (camions, pelleteuses) et pour les 150 autres, principalement des techniciens ainsi que des ingénieurs des mines et des informaticiens.

La formation des conducteurs d'engins « devrait démarrer en 2019 avec l’installation d’un simulateur de conduite d’engins miniers et la création d’une école technique des mines à Saint Laurent » précise celui qui fut aussi conseiller de la Banque Mondiale pour les questions de formation professionnelle. Une première en Guyane qui concernera jusqu’à 100 jeunes, pour un démarrage industriel en 2022. « Nous allons nous appuyer sur des formations existantes en Guyane, former les formateurs, et nous appuyer sur les compétences exceptionnelles du RSMA » a précisé M. Jebrak.En complément, des formations ont été prévues en liaison avec l’école des mines  de Nancy et l’université du Québec mais seulement si elles ne peuvent pas être assurées en Guyane. 

Bonifier et adapter

Pour les futurs techniciens de la mine, un premier programme a démarré cette semaine à l'université de Guyane avec 11 étudiants inscrits. Michel Jébrak sera sur place du 17 au 20 septembre pour finaliser, avec les enseignants concernés, le programme "Valoress", première licence professionnelle dans le domaine des ressources minières en Guyane. Arnault Heuret, géologue guyanais de renommé internationale fait partie du dispositif. "La confiance est là parce que le soutien des autorités locales est là. Je comprends les critiques et les craintes et je pense que nous pouvons convaincre par le débat public à venir en Guyane. Et tant mieux s’il faut bonifier le projet et l’adapter encore plus aux besoins de la population guyanaise ", assure M. Jebrak. « La Guyane est un pays en cours de développement et si on veut relancer quelque chose, il faut que ça parte des ressources locales », conclut-t-il.

Le projet Montagne d'Or est en attente du feu vert de l'État. Il est espéré pour la fin 2018 par la compagnie minière. Le Président Emmanuel Macron a annoncé mardi qu'il se rendrait en Guyane en octobre avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dans le cadre de la « conférence des régions ultrapériphériques » organisée par la Commission.