Premier rôle à 13 ans
Ines d’Assomption fait du théâtre au collège, mais n’a pas fait d’école. Très tôt, elle décide de passer des castings, elle les cherche sur internet. À 13 ans, elle obtient son premier rôle dans Une vie ordinaire, le premier court-métrage de Sonia Rolland. "Au bout du troisième essai, Sonia m’a prise pour le rôle principal."Le jeune fille découvre un monde qui la passionne. Depuis, elle enchaîne les castings, “fait pas mal de figuration” et obtient un petit rôle dans Les Bracelets rouges, saison 2. Elle a 17 ans quand se présente le casting de T’as pécho : à nouveau un premier film et c’est une nouvelle fois “au troisième essai” qu’elle est prise pour jouer dans cette comédie romantique. “ Au troisième essai, j’ai rencontré Paul [Kircher, l’autre rôle principal du fillm], on a tout de suite accroché”.
Ouassima, un vrai rôle de composition
Dans T’as pécho?, Inès incarne Ouassima, 15 ans, une adolescente sûre d’elle qui se voit proposer un marché surprenant : donner des cours de drague, contre rémunération, à quatre garcons qui veulent apprendre à “pecho”, en clair séduire des filles. Les quatre ados désirent ainsi “passer de naze à cool.” Un vrai rôle de composition pour la jeune comédienne. “Dans la vraie vie, je ne suis pas autoritaire et aussi confiante."Elle n’est pas timide et moi, dans la vraie vie, je suis très timide, très réservée. Il y une grande différence entre Ouassima et Inès et c’était drôle de jouer ce personnage.
C’est d'ailleurs ce qui a séduit la jeune fille dans ce projet : "l’idée de devoir diriger quatre mecs qui essaient de draguer des filles et qui ont du mal à s’en sortir, ça m'a plu! Parce que dans la vraie vie, je suis tout à fait à l’opposé”.
Un mélange de force et de délicatesse
La réalisatrice de T'as pécho? ne s'y est pas trompée. Adeline Picault a tout de suite percu l'énergie qui se cachait derrière cette "fragilité" apparente : elle a fait confiance à Inès "de manière immédiate" et "[savait] qu'elle était capable de porter un rôle aussi important". "Inès, c'est une jeune femme très axée, qui travaille beaucoup, très concentrée aussi et qui a une vraie ignorance de sa propre force et ça, c'est un truc qui m'a bouleversée."Sa force, moi, je la vois en la filmant. Elle pense sans doute que c'est un peu en germe, mais elle ne pense pas que c'est une aussi grande et belle déflagration."
Mais si “Ouassima est très sûre d’elle”, au fond, “elle cache une petite carapace”. Une fêlure que l’on découvre dans les scènes qu’Inès partage avec Ramzy Bédia, son père à l’écran, à qui elle continue d' “envoyer des nouvelles".
"Je crois qu'ils sont très liés", ajoute la réalisatrice Adeline Picault. "Je pense que leur lien père-fille a trouvé une verticalité assez naturelle sur le plateau parce qu'ils se sont tout de suite entendus, ils riaient beaucoup ensemble. Et Ramzy, c'est aussi un papa : ils ont vécu cette jolie parentalité de fiction le temps du tournage."
Rêves de Guadeloupe
Dans la vraie vie, le père d’Inès n’est pas maître-nageur. Il est imprimeur et sa mère, esthéticienne. La famille vit à Garche-lès-Gonnesses, en région parisienne. De la Guadeloupe de son père, Ines connaît les petits plats qu’il lui prépare, les accras de morue, les dombrés, le gratins de christophine et les bokits… Sa grand-mère vit à Trois-Rivières, “elle construit une grande maison’, “elle nous appelle souvent”. Inès rêve d’aller là-bas : “pour moi, la Guadeloupe, c’est mon pays”.Même si je ne suis pas allée en Guadeloupe , je suppose que c’est un endroit magnifique à visiter.”
La Francilienne espère s’y rendre très prochainement, “l’année prochaine, pour les vacances”. “Avec ma famille, on essaie d’y aller, ça fait un moment qu’on en parle.”
Démarrer une carrière
Guadeloupéenne et béninoise du côté de son père, tunisienne par sa mère, Inès est le fruit d’un joli mélange. C’est forte de ce métissage qu’elle espère se faire une place dans le métier. La jeune comédienne attend beaucoup de T’as pécho?. “Avec ce film, j’aimerais être reconnue, j’aimerais qu’on me contacte pour d’autres films”. Bref, Inès voudrait démarrer une carrière dans le cinéma.Mais tout n’a pas été simple jusqu’ici. La jeune femme le reconnaît volontiers : en tant que métisse, elle a “ beaucoup galéré”. “Je n’ai pas eu beaucoup de castings où ils cherchaient des personnages métisses ou noirs. Quand j’avais 13 ans, je tombais souvent sur des castings où des types caucasiens étaient recherchés. Ce n’était pas évident."
D’où sa joie d’incarner Ouassima sur grand écran :
Je n’y croyais pas! J’étais tellement surexcitée que ce n’est qu'à la fin du tournage que j’ai réalisé - ça y’est, c’est fait, j’ai obtenu un premier rôle dans un long-métrage- et que je me suis dit : peut-être que c’est parti? Voilà, c’est lancé...
Inès garde toutefois les pieds sur terre. Elle vient d’avoir son bac littéraire et se lance à la rentrée dans une licence d’arts plastiques à Paris VIII. Car la jeune femme dessine aussi depuis ses 11 ans et ce qu’elle aime par dessus tout, ce sont les comics. Elle reproduit certaines couvertures, comme on peut le découvrir sur son compte instagram :
Ce goût pour la SF lui vient de son papa. “ Mon père regardait beaucoup de comics, beaucoup de films Marvel et du coup j’y ai pris goût. J’adore l’univers des Marvel alors, sur un coup de tête je me suis lancée.”
Inès ne se ferme aucune porte, elle se voit bien faire une école de graphisme et à côté, “pratiquer le cinéma si possible”. “Mais si le dessin ne marche pas pour moi, je me dirigerai vers la comédie. Et si la comédie ne marche pas pour moi, je me dirigerai vers le dessin." Inès ne néglige aucune piste. Des rêves plein la tête, mais la tête, bien sur les épaules.
► En bonus, le reportage diffusé sur France 3 dans L'info Outre-mer :
► T'as pécho?, réalisé par Adeline Picault, avec Paul Kircher, Inès d'Assomption, Ramzy Bedia. Sortie le 29 juillet 2020.