Jackson Richardson : "J'ai dit à mon fils Melvyn, le nom est déjà là, à toi de t’écrire ton prénom" #MaParole

Jackson Richardson
Surdoué du hand-ball, joueur de légende, Jackson Richardson a marqué cette discipline par son talent indéniable, son look rasta et sa bonne humeur. Alors que son fils Melvyn Richardson vient de vivre la défaite des Bleus en finale du Mondial de handball, retour sur la carrière d’un joueur d’exception dans #MaParole.

Il aurait pu devenir footballeur, basketteur ou handballeur. Il a pratiqué les trois sports à haute dose à La Réunion, mais "le handball l’a choisi", dit-il dans #MaParole. Résolument sportif, Jackson Richardson adore les sports collectifs. Retrouver les copains, ça n’a pas de prix quand ça se passe bien.  En plus, il est doué. Ça semble facile quand on le regarde, mais ce talent et cet instinct, c’est du travail.

1 Un nom de star

Jackson Richardson possède un nom de star. Impossible à oublier ! Et pourtant, quand on l’écoute parler à 18 ans à la télévision, il ne rêve que d’une chose, partir en courant. Jackson Richardson était timide, mille fois plus à l’aise dans un match qu’au micro. Entouré d’un père et de frères très sportifs, il adore se rendre aux entrainements et jouer des matches. Son père est pompier. Un peu taiseux, il a vécu une enfance de misère. À douze ans, livré à lui-même dans la rue, il devait se débrouiller pour survivre et "ramener à manger à la maison". Il doit son salut au sport, car il n’a pas appris ni à lire ni à écrire. Ça viendra plus tard, grâce à son épouse.

Poussé par son père, Jackson Richardson excelle en sport. En revanche, à l’école, il a du mal à rester enfermé et emporte souvent son maillot de bain dans le cartable pour aller piquer une tête avec les copains. À 18 ans, il est repéré par Daniel Constantini. L’entraineur de l’équipe de France de handball de passage à La Réunion lui propose d’aller faire son service militaire au bataillon de Joinville, de s’inscrire dans un club de la région parisienne et d’entrer en équipe de France junior. Le début de la gloire.

En 1992 aux JO de Barcelone avec le handballeur réunionnais Jackson Richardson (à gauche)

2 Un destin 

Jackson Richardson saute de joie. Ravi de partir dans l’Hexagone. La joie est de courte durée. Arrivé à Paris, il a du mal avec le climat et le rythme imposé. Deux entrainements par jour contre deux entrainements par semaine à La Réunion, le changement est rude. Il a le mal du pays, d’autant qu’en équipe de France junior, il remplace un joueur révoqué et certains de ses coéquipiers ne l’accueillent pas d’un très bon œil. Il pense à tout envoyer balader. Il appelle ses parents au téléphone pour en discuter, mais le récit de l’enfance de son père au téléphone lui coupe toute envie. Après ce que son père a vécu, il se dit qu’il ne doit pas se laisser abattre.

Alors très vite, Jackson Richardson s’adapte. Sa vie change aussi. Il signe à l’OM Vitrolles dans le sud de la France, dirigé alors par le frère de Bernard Tapie, Jean-Claude, qui voit grand. Le club a des moyens. Jackson Richardson s’épanouit et fait entrer son équipe dans une autre dimension. L’OM Vitrolles devient à deux reprises championne de France de handball et championne de la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe en 1993.

En 1992, il participe aux jeux olympiques de Barcelone. À la surprise générale, l’équipe remporte la médaille de bronze. D’où leur nom : les Bronzés.  En 1995, l’aventure se poursuit. En Islande, les Bleus deviennent champions du monde. L’entraineur Daniel Constantini est bluffé par Jackson Richardson qui pourtant est capable d’arriver en retard avant une demi-finale et une finale. Le handballeur réunionnais est incroyablement doué et ne semble jamais souffrir. Une apparente désinvolture qui amuse et bluffe en même temps.

Après l’OM Vitrolles, le champion choisit de partir en Allemagne dans une toute petite ville de Bavière. L’Allemagne, c'est la mère patrie du hand-ball, une expérience qui ne se refuse pas. D’autant qu’à Vitrolles, l’époque Tapie est révolue. À Großwallstadt, la greffe prend. Jackson Richardson s’adapte très vite à ce nouveau pays et les supporters apprécient ce joueur à la fois cool et talentueux, d’autant que les résultats de l’équipe s’en ressentent. Partout où il passe, Jackson Richardson fait des étincelles.

3 La dynastie Richardson

Après l’Allemagne, le handballeur choisit de partir en Espagne à Pamplune. Autre climat, mais toujours de gros enjeux. Encore une fois, Richardson donne un supplément d’âme à l’équipe qui se met à gagner la ligue des champions en 2001 et la coupe des coupes en 2004.

En 2004, lors de la cérémonie d’ouverture des jeux d’Athènes, Jackson Richardson est porte-drapeau de la délégation française. Il a fière allure. Un souvenir mémorable pour le joueur, même si les performances de l’équipe de France ne sont pas à la hauteur de ses attentes. Pas de médaille et un Melvyn Richardson en larmes. Le fiston âgé de 7 ans a déjà l’âme d’un compétiteur.

Avec les Bleus, le demi-centre remporte à de multiples reprises des championnats du monde. En revanche, il se casse les dents aux jeux olympiques et en coupe d’Europe. Au total, Jackson Richardson est sélectionné  417 fois en équipe de France où il marque 717 buts. Du jamais vu !

Son fils, Melvyn Richardson a fait ses premiers dribbles en hand-ball à Chambéry à l’âge de 8 ans, l’avant-dernier club de son père avant la retraite sportive. Melvyn poursuit l’aventure familiale. Après Chambéry puis Montpellier, il évolue désormais au FC Barcelone. Depuis 2017, il figure en équipe de France et a participé aux JO de Tokyo en 2020 (médaille d’or pour la France) et aux Mondiaux de 2019 et 2023 où la France vient d’être battue en finale face au Danemark. Bref, la dynastie Richardson fait dorénavant partie de l’histoire du hand-ball français. Et ça fait plaisir à voir !

 

Jackson Richardson est porté en triomphe par les joueurs de l’équipe de France de handball lors des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.

♦♦ Jackson Richardson en 5 dates ♦♦♦

14 juin 1969

Naissance à Saint-Pierre de La Réunion

►1992

Médaille de bronze aux JO de Barcelone

►1995

Champion du monde en Islande et sacré meilleur joueur de hand-ball

►13 aout 2004

Porte-drapeau à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Athènes

►2014

Entraîneur à Chambéry