Fils de militaire, Jacques Martial a beaucoup voyagé enfant. Une vie de nomade entre Madagascar, le Congo Brazaville, la Guyane, émaillée de quelques séjours en Guadeloupe et en région parisienne. Son père militaire, blessé lors de la Seconde Guerre mondiale a aussi été envoyé en Indochine.
1Brazzaville-Kourou
C’est donc au Congo Brazaville que Jacques Martial a appris à lire. C’est là aussi chez les missionnaires, en faisant des jeux de rôle, qu’il s’est dit qu’il aimerait, par-dessus tout, prendre la peau d’un autre. A la maison, on ne parlait pas créole, mais la Guadeloupe était présente. Jacques Martial se souvient de son premier voyage sur l'île papillon dans #MaParole et de ses grands-parents Ason dont les propres parents avaient connu l’esclavage. Il se rappelle aussi de Mémère Fifi qui était vendeuse d’épices au marché de Pointe-à-Pitre et qu’il aimait aller voir en exercice.
Elève "peu studieux" et "n’aimant pas trop le sport", Jacques Martial a eu très tôt envie de devenir comédien en regardant des pièces de théâtre à la télévision. Il se souvient en particulier de La mégère apprivoisée de Shakespeare avec Rosy Varte et Bernard Noël en 1964. Plus tard, à Kourou en Guyane où il a passé son adolescence, il a pu se mettre au théâtre en amateur. Il avait définitivement trouvé sa voie.
2Une vie de comédien
A Paris, Jacques Martial a fait ses classes avec Sarah Sanders qui revenait des Etats-Unis et avait une manière d’envisager l’apprentissage du métier d’acteur de manière novatrice. Par la suite, il est devenu son assistant, au point de lui-même donner des cours de théâtre et de mettre en scène. Au théâtre, Jacques Martial a joué de grands rôles. Dès 1981, il a commencé une carrière au cinéma et à la télévision. Il a rapidement obtenu des "rôles non stéréotypés" et a pu tracer son sillon.
Dès 2000, il s’est investi dans le Collectif égalité avec la romancière Calixte Beyala et le comédien Luc Saint-Eloi pour plaider en faveur d’une meilleure représentation des minorités en France à la télévision et au cinéma. Dès 1989, Jacques Martial, était parvenu à faire partie du petit écran. L’acteur a tenu le rôle de l’inspecteur puis du lieutenant Jean-Philippe Bain-Marie pendant les 19 saisons de la série Navarro. Navarro c’était le nom du commissaire et du héros de la série de TF1 à la longévité exceptionnelle. Beau-frère de François Mitterrand, Roger Hanin, l’acteur principal de la série, était très connu à l'époque. Jacques Martial garde un très bon souvenir de l’équipe de tournage et des acteurs dont Roger Hanin qu'il trouvait très talentueux. Certains scénarios de la série étaient "excellents" selon lui, et Navarro, dit-il a posé "les bases de la série à la française".
En 2000, Jacques Martial a créé sa propre compagnie, La Comédie noire. A l’époque, il n’y avait pas un seul comédien noir à la Comédie-Française. En plus du théâtre, du cinéma et de la télévision, Jacques Martial a fait beaucoup de doublage. Il est la voix française de Denzel Washington dans plusieurs films dont Malcom X en 1992. C’est aussi lui la voix de Samuel L Jackson dans Star wars.
En octobre 2019, la vie de Jacques Martial a été endeuillé par le décès de son frère Jean-Michel qui avait décidé un jour de tout plaquer pour devenir, lui aussi, acteur. Il avait abandonné son métier de chirurgien-dentiste à Cayenne qui le faisait vivre confortablement pour une vie de comédien. Jacques Martial l'avait accompagné dans son désir de changement.
3Directeur d’établissements culturels
En 2003, Jacques Martial a redécouvert le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire qu’il avait lu dans sa jeunesse sans rien y comprendre. En le reprenant quelques années plus tard, il a eu comme une révélation. Il a décidé de le mettre en scène. En 2007, le comédien a même joué en Martinique devant Aimé Césaire. Un moment de grâce. Par la suite, Jacques Martial a fait le tour du monde avec le Cahier d’un retour au pays natal. Il a été en Nouvelle-Calédonie, à Singapour, aux Etats-Unis, en Australie, en Haïti, à Sainte-Lucie, en Guadeloupe et ailleurs. Il a fini par faire corps avec ce texte exigeant et difficile à saisir. Il se souvient dans #MaParole d’une représentation en Roumanie qui l’a marqué.
En 2006, sous la présidence de Jacques Chirac, Jacques Martial a été nommé président de l’établissement public du parc de la Villette et de la Grande halle. A l’époque, il était le premier directeur noir d’une grande institution culturelle. La Villette en 2006 employait 220 personnes et son budget annuel se montait à 34 millions d’euros. Terminés les horaires farfelus de comédiens, Jacques Martial a du revêtir le traditionnel costume cravate et se plier à un agenda de ministre.
En 2010, il a été reconduit à son poste et a eu le temps d’imprimer sa marque en lançant une saison créole et en faisant venir des rappeurs. En 2015, Jacques Martial a été nommé directeur du Mémorial ACTe, le musée de l’histoire de l’esclavage de Pointe-à-Pitre. Et puis, la politique l’a rattrapé. En 2020, il a participé à la réélection d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris et il est alors devenu conseiller de Paris.
Toujours comédien, Jacques Martial a repris son Cahier d’un retour au pays natal. Il s’apprête à le jouer à nouveau du 29 septembre au 16 octobre 2022 au théâtre de l’Epée de bois à la Cartoucherie de Vincennes.
♦♦ Jacques Martial en 5 dates ♦♦♦
►7 novembre 1955
Naissance à Saint-Mandé
► 26 octobre 1989
Lieutenant Bain-Marie dans la série Navarro
►2000
Création de la compagnie de la Comédie noire
►15 juin 2015
Président du Mémorial ACTe
►28 juin 2020
Conseiller de Paris
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