"Je n’ai pas perdu la partie, j’ai perdu la manche" : Jean-François Carenco réagit aux propos du PDG de Total sur la remise à la pompe

Jean-François Carenco a confirmé les propos de Patrick Pouyanné selon lequel le gouvernement a demandé à Total de renoncer à la remise à la pompe.
Interrogé sur la non application de la remise à la pompe dans certains territoires d’Outre-mer, le PDG de TotalEnergies avait répondu que le gouvernement lui avait "demandé de renoncer". "Cette non mesure m’a mis hors de moi", a rétorqué ce jeudi le ministre délégué aux Outre-mer, en marge de sa visite en Guadeloupe.

En déplacement en Guadeloupe pour venir en soutien aux sinistrés de la tempête Fiona, le ministre délégué aux Outre-mer a confirmé avoir demandé à Total d’abandonner le rabais de 20 centimes dans ses stations de La Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe… Tout en affirmant être insatisfait de cette situation !

Pour comprendre, petit retour en arrière : au début de l’été, alors que le prix de l’essence s’envole, le groupe pétrolier TotalEnergies réalise des profits records.

Plutôt qu’une taxe exceptionnelle sur ces "super profits", le gouvernement préfère le principe d’une ristourne temporaire de 20 centimes par litre de carburant dans les stations Total.

Fin juillet, après un moment de flou, la compagnie pétrolière se dit "prête à pratiquer le rabais dans les DOM-TOM", en précisant qu’elle le fera "en concertation avec les autorités locales".

"Nous ne voulions pas être la cause de troubles"

 Mais début septembre, le groupe annonce finalement que cette remise ne sera pas mise en place à La Réunion, en Martinique et en Guadeloupe.

 Interrogé par la députée réunionnaise Karine Lebon lors de son audition à l’Assemblée nationale, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné est revenu sur cette non application :

"J’ai eu un débat avec le ministre en charge des outre-mer pour savoir si nous voulions continuer. Le gouvernement nous a demandé de renoncer au rabais. Puisque que cela était mis en place en liaison avec le gouvernement, nous ne voulions pas être la cause de troubles à l’ordre public à La Réunion."

 "Aussi mécontent que tout le monde"

 Vrai ou faux ? Guadeloupe la 1ère a interrogé Jean-François Carenco pour en savoir plus. Ce dernier a affirmé que cette non-mesure l’a "mis hors de lui".

J’ai souhaité que ce soit un effort partagé par tous les grossistes, les fournisseurs. Ça n’a pas été le cas, je suis aussi mécontent que tout le monde.

Jean-François Carenco

A Guadeloupe la 1ère

Mais dans la même réponse, il dit assumer totalement cette décision de renoncer à appliquer la remise dans ces trois territoires pour "ne pas mettre de la pagaille sur la pagaille".

Il a expliqué avoir été mis en garde : "[...]On m’a dit si tu fais ça, si tu donnes l’autorisation à Pouyanné, tu vas avoir une pagaille comme t’as jamais eu." Car ce rabais n'aurait concerné que les stations-services Total ce qui aurait entraîné une concurrence déloyale face aux autres stations-services. 

"Mon directeur de cabinet a eu quelques séances houleuses avec les uns et les autres, a-t-il poursuivi. Je ne baisse pas les bras mais je souhaite que si Pouyanné fait un effort, tous les autres [fassent] un effort, [qu’]on essaye d’équilibrer les choses."

"J’essaye de ne pas accumuler les difficultés"

Jean-François Carenco se défend par ailleurs en rappelant avoir eu d’autres dossiers importants à gérer comme l’appel de Fort-de-France ou dernièrement le passage de la tempête Fiona pour lequel il est venu en Guadeloupe cette semaine : "J’essaye de ne pas accumuler les difficultés."

Il assure en tout cas que le dossier n’est pas clos : "Si je redemande à Pouyanné de le faire, il le fera." Il a surtout répété : "Je n’ai pas perdu la partie, j’ai perdu la manche."

Retrouvez la réponse complète du ministre dans la vidéo ci-dessous :

Le ministre délégué aux Outre-mer a confirmé avoir demandé à Total d’abandonner le rabais de 20 centimes dans ses stations de La Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe… Tout en affirmant être insatisfait de cette situation. ©Guadeloupe la 1ère