Avec la fin des jeux Olympiques, deux ans après le Mondial-2014 de football, le Brésil tourne une page d'histoire au cours de laquelle il a démontré sa capacité d'organiser, malgré tout, les deux plus grands événements sportifs planétaires.
•
Cependant la démonstration de "softpower" rêvée par le géant émergent d'Amérique du Sud à l'occasion de cette séquence inédite a viré à l'aigre-doux. D'abord, les manifestations massives de 2013 contre les stades ruineux et surfacturés du Mondial. Puis, en 2016, la tempête parfaite, en pleine préparation des JO, sous les projecteurs du monde entier : crise politique et économique historiques, gigantesque scandale de corruption.
Le jeu en valait-il la chandelle ? "Le plus grand héritage des Jeux, ce seront ces jours de fête que le peuple carioca n'oubliera jamais", estime l'analyste sportif brésilien Juca Kfouri. "Pour nous Brésiliens, c'est un orgueil d'avoir été hôtes des Jeux. Mais nous vivons un moment très triste qui restera marqué pour toujours", résume Fernanda Corezola, une fonctionnaire de Porto-Alegre. Les autorités de Rio soulignent que les JO ont été relativement peu coûteux, financés à 60% par des capitaux privés.
La zone portuaire historique à l'abandon a été spectaculairement revitalisée, avec des musées, un tramway et des docks transformés en promenade. Les Cariocas de toutes conditions se la sont réappropriée par centaines de milliers tout au long des JO, dans une ambiance festive. La capacité hôtelière de Rio, indigne de son potentiel touristique, a doublé. L'aéroport international vieillot s'est doté d'un nouveau terminal.
"Le JO sont un catalyseur, mais ils n'ont jamais prétendu résoudre tous les problèmes", a souligné le président du CIO Thomas Bach. "Pratiquement aucun chantier d'infrastructure n'avait vu le jour depuis des décennies à Rio et la préparation des Jeux a créé des dizaines de milliers d'emplois. Je suis convaincu que dans l'avenir, les Cariocas diront qu'il y a eu le Rio d'avant et celui d'après les JO".
"C'est l'heure de relever la tête, avec la grandeur de notre Brésil", a lancé le président par intérim Michel Temer samedi soir en célébrant sur Twitter l'"historique" première médaille d'or olympique de la "Seleçao" de football, emmenée par Neymar. La fête à peine finie, les Brésiliens s'apprêtent à vivre de nouveaux jours "historiques", mais beaucoup moins consensuels : le Sénat ouvrira jeudi l'étape finale du procès en destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, suspendue de ses fonctions en mai.
Accusée de maquillage des comptes publics, Mme Rousseff proclame son innocence, se dit victime d'un "coup d'Etat" institutionnel ourdi par "l'usurpateur" Temer, son vice-président devenu rival. Les Brésiliens sont désabusés et divisés, entre deux présidents aussi impopulaires l'un que l'autre. Quant à Lula, il caresse le rêve d'un nouveau destin présidentiel en 2018 que la justice risque d'étouffer dans l'oeuf. Inculpé dans le scandale Petrobras, qui éclabousse presque toute l'élite politique, il est soupçonné d'avoir joué un rôle central dans le système de répartition des pots-de-vins détournés du groupe pétrolier public entre les partis de son ancienne coalition.
Le jeu en valait-il la chandelle ? "Le plus grand héritage des Jeux, ce seront ces jours de fête que le peuple carioca n'oubliera jamais", estime l'analyste sportif brésilien Juca Kfouri. "Pour nous Brésiliens, c'est un orgueil d'avoir été hôtes des Jeux. Mais nous vivons un moment très triste qui restera marqué pour toujours", résume Fernanda Corezola, une fonctionnaire de Porto-Alegre. Les autorités de Rio soulignent que les JO ont été relativement peu coûteux, financés à 60% par des capitaux privés.
"Les JO sont un catalyseur"
L'héritage des JO à Rio est toutefois indéniable, en particulier en matière de transports. Construction de dizaines de kilomètres de voies exclusives de bus, d'une nouvelle ligne de métro, d'un tramway : 63% des Cariocas auront accès aux transports publics en 2017, contre à peine 17% en 2009.La zone portuaire historique à l'abandon a été spectaculairement revitalisée, avec des musées, un tramway et des docks transformés en promenade. Les Cariocas de toutes conditions se la sont réappropriée par centaines de milliers tout au long des JO, dans une ambiance festive. La capacité hôtelière de Rio, indigne de son potentiel touristique, a doublé. L'aéroport international vieillot s'est doté d'un nouveau terminal.
"Le JO sont un catalyseur, mais ils n'ont jamais prétendu résoudre tous les problèmes", a souligné le président du CIO Thomas Bach. "Pratiquement aucun chantier d'infrastructure n'avait vu le jour depuis des décennies à Rio et la préparation des Jeux a créé des dizaines de milliers d'emplois. Je suis convaincu que dans l'avenir, les Cariocas diront qu'il y a eu le Rio d'avant et celui d'après les JO".
Favelas misérables
Mais beaucoup pensent, comme Guilherme Dias, un instituteur de 38 ans : "Cette fête de travaux surfacturés n'a pas été faite pour le peuple, les compétitions ont eu lieu loin des quartiers défavorisés" et ont divisé la ville entre riches et pauvres. Ceux pour qui rien n'a vraiment changé, ce sont les deux millions de Cariocas (30% de la population) vivant dans des favelas misérables et insalubres, otages de la violence des trafiquants de drogue et de la police."C'est l'heure de relever la tête, avec la grandeur de notre Brésil", a lancé le président par intérim Michel Temer samedi soir en célébrant sur Twitter l'"historique" première médaille d'or olympique de la "Seleçao" de football, emmenée par Neymar. La fête à peine finie, les Brésiliens s'apprêtent à vivre de nouveaux jours "historiques", mais beaucoup moins consensuels : le Sénat ouvrira jeudi l'étape finale du procès en destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, suspendue de ses fonctions en mai.
Accusée de maquillage des comptes publics, Mme Rousseff proclame son innocence, se dit victime d'un "coup d'Etat" institutionnel ourdi par "l'usurpateur" Temer, son vice-président devenu rival. Les Brésiliens sont désabusés et divisés, entre deux présidents aussi impopulaires l'un que l'autre. Quant à Lula, il caresse le rêve d'un nouveau destin présidentiel en 2018 que la justice risque d'étouffer dans l'oeuf. Inculpé dans le scandale Petrobras, qui éclabousse presque toute l'élite politique, il est soupçonné d'avoir joué un rôle central dans le système de répartition des pots-de-vins détournés du groupe pétrolier public entre les partis de son ancienne coalition.