Jeux Paralympiques de Paris 2024. Infirmes, personnes âgées ou en surpoids... Les frères Mawem veulent rendre l'escalade accessible à tous

Pendant les Jeux Paralympiques, les curieux peuvent s'essayer à l'escalade et à la para escalade au Club France, à Paris.
Les champions de la discipline Mickaël et Bassa Mawem ont imaginé une machine pour aider les personnes en situation de handicap à pratiquer l'escalade. Pendant les Jeux Paralympiques, ils disposent d'un atelier au Club France pour initier les curieux à leur sport, à la para escalade, mais aussi pour présenter leur invention.

Guillaume Jeannin, âgé d'une quarantaine d'années, est un ancien triathlète de haut niveau. En 2018, après un terrible accident de VTT, sa vie bascule et il se retrouve tétraplégique. Il passe depuis l'essentiel de sa vie dans un fauteuil. Pourtant, c'est bien suspendu dans l'air que les curieux venus se balader au Club France, dans le Parc de la Villette, ont pu l'apercevoir en cette fin de semaine. Ou plus précisément en train de grimper un mur d'escalade de 8 mètres de haut. L'homme n'a plus l'usage de ses jambes. C'est donc avec le peu de force qu'il lui reste dans les bras qu'il a entamé l'ascension du mur. Pour l'aider : une corde reliée à une machine qui l'assiste dans la montée.


L'ancien triathlète Guillaume Jeannin et le para escaladeur Max Bichet font une démonstration de para escalade au Club France, à La Villette. ©Quentin Menu


Cet exploit est à mettre au crédit de Mickaël et Bassa Mawem, les deux frères guyanais prodiges de l'escalade française. Le plus âgé, Bassa, a récemment mis fin à sa carrière sportive après les Jeux Olympiques de Paris, où il participait aux épreuves de vitesse, sa spécialité. Partenaires dans le sport, ils ont désormais décidé de s'associer dans l'entrepreneuriat. "Aujourd'hui, l'escalade pour les paras et toutes les personnes en situation de handicap, c'est très compliqué", remarque Mickaël Mawem. Ces passionnés de la grimpe ont donc voulu trouver une solution pour rendre leur sport plus accessible.

Compenser le handicap

Associés à l'ingénieur Sébastien Kuehn, les frères Mawem ont développé une nouvelle machine d'assistance à la montée qui permet à n'importe qui de pratiquer l'escalade : infirmes, personnes âgées ou en surpoids... "On a inventé un système qui permet de compenser le pourcentage de déficience de n'importe quelle personne", explique Bassa Mawem dans l'émission Olympique Social Club d'Outre-mer la 1ère. 

On rend les personnes autonomes dans l'ensemble des salles d'escalade grâce à un système qui va compenser leur potentiel handicap. On parle de handicap, mais une personne valide qui pèse 90 kg est déjà en situation de handicap pour l'escalade. Donc se décharger de 20 kg pour pouvoir faire en sorte de faire une ascension complète jusqu'à 15 mètres à peu près, ça va permettre à l'ensemble de la population de pouvoir accéder à notre pratique.

Bassa Mawem, champion d'escalade et inventeur du "Footing vertical"

Cette machine, qui devrait être commercialisée d'ici à un an, pourrait donc révolutionner la pratique de l'escalade. Les frères Mawem veulent surfer sur l'entrée historique de la para escalade aux Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028 pour développer leur activité. "On veut mettre l'accent sur l'accessibilité", insiste Mickaël Mawem.

La para escalade plus compétitive

Les deux hommes profitent donc de la ferveur autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris pour non seulement présenter l'escalade, la para escalade mais aussi leur produit, qu'ils ont appelé "Footing vertical". En plein cœur du Club France, au parc de La Villette à Paris, ils profitent de l'ambiance de foire pour attirer les curieux et pousser les plus courageux à grimper le mur de 8 mètres.

Une enfant essaye la para escalade, au Club France, à Paris.

En cette fin de grandes vacances, ce sont surtout des enfants qui se ruent sur l'atelier. Certains testent la grimpe à l'aveugle, avec un masque sur les yeux, pour se mettre dans la peau d'une personne non-voyante. D'autres enfilent un gant de boxe rouge sur une main pour simuler une amputation. L'exercice n'est pas simple. Les moins persévérants abandonnent le gant pour terminer l'ascension avec leurs deux mains.

Entre deux ateliers, Mickaël et Bassa Mawem ont fait appel à des membres de l'équipe de France de para escalade pour faire une démonstration de leur discipline si particulière. Max Bichet est l'un d'entre eux. Le jeune homme, atteint d'une tumeur au cerveau, ne contrôle pas son bras gauche. À la seule force de sa main droite et de ses jambes, il survole l'obstacle sans trop de difficultés. Une fois arrivé en haut du mur d'escalade, le public l'applaudit.

"Ça nous fait une grosse visibilité, se réjouit-il. On n'a pas beaucoup de communication autour de la para escalade. Avoir cet évènement-là pendant les Jeux Paralympiques pour promouvoir la para escalade qui arrive en 2028 pour la première fois, c'est vraiment une grande chance." Lui n'a pas besoin de la machine inventée par les frères Mawem pour l'assister dans sa montée. Mais il voit d'un bon œil cet outil qui pourrait rendre les compétitions de sa discipline beaucoup plus concurrentielles. "Je pense que ça va pouvoir élargir les catégories au sein de la para escalade parce qu'on a aujourd'hui des athlètes en situation de handicap qui se retrouvent entre plusieurs catégories et qui ne peuvent pas avoir de médailles parce que ce n'est pas compétitif. L'apport de cette machine va pouvoir élargir les catégories."

Alors que Guillaume Jeannin a atteint le haut du mur d'escalade de manière presque miraculeuse, il se laisse tomber pour retrouver son fauteuil, 8 mètres plus bas. L'ancien triathlète a retrouvé les sensations du sport qui le faisait vibrer avant son accident. Mickaël et Bassa Mawem ont du mal à cacher leur enthousiasme. La file d'attente près de leur atelier ne cesse de s'allonger. Mission accomplie.