Jeux Paralympiques de Paris 2024. Para athlétisme : comment le guide antillais Jeffrey Lami travaille-t-il avec son coéquipier non-voyant ?

Timothée Adolphe et son guide Jeffrey Lami en 2017 /Championnats du monde para-athlétisme de Londres.
Samedi au Stade de France, Timothée Adolphe s'est facilement qualifié pour la demi-finale du 400 m T11 accompagné de son guide antillais Jeffrey Lami. Ce dernier, ancien coureur professionnel, a quitté les pistes en solo pour accompagner un athlète atteint de handicap visuel. Un rôle crucial pour espérer atteindre la médaille.

"Il faut au moins deux ans pour se connaître par cœur." Les deux années de travail pour trouver la symbiose sportive, Jeffrey Lami et son coéquipier Timothée Adolphe les ont passées depuis longtemps. Cela fait maintenant huit ans que l'Antillais accompagne le natif de Versailles non-voyant sur les pistes des grandes compétitions de para athlétisme. Disqualifiée à Tokyo à cause de la cassure du lien qui les reliait pendant la course (une faute éliminatoire), la paire française compte bien se rattraper aux Jeux Paralympiques de Paris.

Reconnaissable par sa chasuble colorée, indiquant qu'il est "guide", Jeffrey Lami a un rôle primordial pour amener Timothée Adolphe jusqu'à la ligne d'arrivée le plus rapidement possible. C'est lui qui s'assure du bon emplacement de son co-sprinteur sur la ligne de départ. Nécessaire pour éviter le carton jaune. Puis qui l'accompagne tout au long de la course.

"Les valides ont plus de temps de repos"

Samedi matin, au Stade de France, le duo a parcouru le premier tour du 400 m en 51"39. Un beau chrono qui leur permet de se qualifier pour la demi-finale prévue le soir-même. Une difficulté supplémentaire à prendre en compte, juge l'Antillais : "On doit enchaîner un tour le matin, un tour le soir, et si finale, un tour le lendemain... Même les valides aux Jeux, ils avaient 48 heures de repos."

Même s'il n'est pas atteint de handicap, Jeffrey Lami remporterait lui aussi une médaille en cas de victoire de Timothée Adolphe en finale. Lui aussi doit performer et s'assurer d'une harmonie parfaite avec son athlète pour réaliser le meilleur temps.

Pendant la course, le guide souffle quelques mots à son partenaire, en guise de consignes. "Des fois, il y a des nouveaux détails, et le nouveau mot qui me vient à l'esprit devient le mot clé pour définir l'attitude à avoir", indique-t-il. Par exemple, pour ce premier tour des Jeux Paralympiques, Jeffrey Lami a pensé aux termes "relâché" et "sérénité" pour guider au mieux son binôme. Sereins et en effet relâchés, les deux athlètes sont sur le bon chemin. Celui du podium.