"Je déteste perdre", confiait Mandy François-Elie en février, en pleine préparation pour les Jeux Paralympiques de Paris. Mais détester perdre n'empêche pas de subir des échecs. Pour son entrée en lice dans ces tant attendus Jeux de Paris, vendredi 30 août, la sprinteuse martiniquaise s'est octroyée une petite cinquième place sur le 200 m T37 (qui concerne les athlètes atteintes de handicap moteur cérébral). Elle passe à côté du podium avec un chrono frustrant de 28"20.
Il faut dire que tout s'est déroulé très vite. Peut-être trop. Habituellement, dans ce genre de compétition, les coureurs et coureuses ont le temps de monter en puissance au fil des épreuves. La première course de qualification tient lieu de tour de chauffe. La demi-finale est une démonstration de puissance. Et, enfin, la finale est la course du dépassement de soi. Mais, aux Jeux Paralympiques, il n'est pas rare que l'on saute les premières étapes. C'est le cas de Mandy François-Elie. Première course au Stade de France, première finale. Car faute d'un nombre suffisant de concurrentes dans sa catégorie de course et de handicap, la Française s'est retrouvée directement en phase finale.
Un peu après 20h, malgré un bon lancement et encouragée par un public motivé à rendre les Jeux Paralympiques aussi fantasques que les Jeux Olympiques, la multi-médaillée du para athlétisme s'est faite distancer par des fusées chinoises et américaines. À Tokyo, Mandy François-Elie avait fini troisième avec un temps de 27"34. À Paris, elle pointe à la cinquième place, sur les 9 coureuses alignées au départ du sprint.
Nouveau défi
À bientôt 35 ans, la Martiniquaise n'a plus toute la fougue de sa jeunesse. Ce temps où elle remportait médaille sur médaille. L'or sur 100 m aux Paralympiques de Londres (2012). L'or encore sur 100 m et 200 m aux championnats du monde de Lyon (2013). L'or toujours sur 100 m aux championnats d'Europe de Swansea (2014)... Dix ans plus tard, la multiple championne qui souffre d'une paralysie partielle du côté droit de son corps depuis son accident vasculaire cérébral en 2008 s'est retrouvée face à une génération de para athlètes plus jeune et plus dynamique.
La Chinoise Wen Xiaoyan, championne paralympique en titre et détentrice du record du monde du 200 m T37 (25"75) n'a fait qu'une bouchée de ses concurrentes, vendredi soir. À seulement 26 ans, c'est déjà une habituée des podiums mondiaux : elle compte cinq titres paralympiques depuis Rio (2016) et sept titres mondiaux. Au Stade de France, il ne faisait aucun doute qu'elle se hisserait une fois de plus sur le podium. Avec un temps exceptionnel de 25"86, elle rajoute ainsi une nouvelle médaille d'or à son palmarès. La sprinteuse était suivie de très près par sa compatriote Jiang Fenfen, qui termine troisième (27"55). Les deux para athlètes asiatiques permettent à la Chine de remporter deux nouvelles médailles, plaçant leur pays une fois de plus parmi les nations incontournables du handisport. La deuxième place, elle, a été trustée par l'Ukrainienne Nataliia Kobzar (27"43).
Les Jeux Paralympiques ne sont pour autant pas terminés pour Mandy François-Elie, qui décidera d'ici la fin de l'année de la suite qu'elle souhaite donner à sa carrière sportive. La Martiniquaise tentera de retrouver le chemin des podiums les 4 et 5 septembre sur son épreuve fétiche, le 100 m (elle avait fini première en 2012, deuxième en 2016 et quatrième en 2021). Et puis, la trentenaire licenciée du Foyal Club Handisport de Fort-de-France s'est aussi lancée dans un nouveau défi pour ces Jeux à la maison : le saut en longueur, dont la finale se déroule dimanche 1ᵉʳ septembre. Une médaille dans cette nouvelle discipline lui permettrait d'oublier la frustration du 200 m. Mais, là encore, la concurrence sera rude : la championne en titre est une certaine Wen Xiaoyan.