Le président de la Polynésie française Moetai Brotherson a affirmé mardi à l'AFP envisager de déplacer l'épreuve de surf des JO-2024 sur un autre spot que celui mythique de Teahupo'o en raison de la construction controversée d'une nouvelle tour en plein lagon.
Des écologistes, des surfeurs et des habitants du village de Teahupo'o se mobilisent contre une tour des juges, en aluminium, édifiée dans l'eau spécialement pour l'épreuve des JO ce qui pourrait dégrader, selon eux, les fonds marins et nuire à la biodiversité du site. Ces dernières semaines, la mobilisation s'est intensifiée.
M. Brotherson, qui partage ces craintes, exclut l'utilisation de la tour en aluminium et envisage d'organiser l'épreuve à Taharuu, un site moins renommé mais plus facile d'accès, sur la côte ouest de Tahiti : "c'est un beach-break, doté de toutes les infrastructures à terre". Lors d'un entretien à l'AFP en marge du Forum des Îles du Pacifique, à Rarotonga (Iles Cook), il a rappelé que ce spot avait déjà été envisagé. "Cela nous aurait permis d'éviter les soucis qu'on a aujourd'hui. À l'époque ce n'était pas possible. Au regard des enjeux et de la protestation aujourd'hui, peut-être qu'on pourra réviser cette option", a souligné le président.
Une pétition rassemble 147 000 signatures
La tour prévue, de 14 mètres de hauteur, devrait comporter trois étages, un local technique climatisé pour les serveurs internet alimentés par un câble sous-marin, mais aussi des toilettes avec un système d'évacuation raccordé à une canalisation. Déjà construite, elle n'a pas encore été installée sur le site. Le coût du projet est estimé à près de 4,4 millions d'euros.
Je ne vois pas par où on pourrait faire passer la barge (de la foreuse) (...) sans exploser du corail.
Moetai Brotherson
Le surfeur local Matahi Drollet et l'association de défense du site Vai Ara o Teahupoo sont à l'origine d'une pétition qui avait réuni mardi plus de 147.000 signatures. Pour M. Brotherson, la seule solution est d'homologuer pour les Jeux Olympiques la tour en bois utilisée dans le cadre des compétitions du circuit mondial de surf à Teahupoo. Le comité d'organisation des JO justifie ce projet en avançant des raisons de sécurité, la tour en bois (13,50m) n'étant plus aux normes.
Une équipe technique travaille sur cette hypothèse et doit se prononcer le 15 novembre. Selon le président de la Polynésie française, il faudra également déterminer si les délais d'appels d'offres et de mises aux normes sont tenables.