Jeux Paralympiques : qui sont les athlètes ultramarins à Tokyo ?

Ils sont originaires de La Réunion, des Antilles ou de Nouvelle-Calédonie et font partie des 141 athlètes français sélectionnés pour les Jeux paralympiques qui se déroulent au Japon du 24 août au 5 septembre. Para athlétisme, cécifoot, rugby fauteuil et para natation : on fait le point !

Les Jeux paralympiques commencent ce mardi 24 août à Tokyo. A cette occasion, tour d'horizon des athlètes aux origines ultramarines. Officiellement, ils sont 10 dans la sélection mais Outre-mer la 1ère en a au moins repéré un de plus... Lisez plutôt : suspens garanti !

En Para athlétisme :

► La sprinteuse martiniquaise Mandy François-Elie

A 31 ans, la native du Lamentin a de nouveau de fortes chances de remporter une médaille, que ce soit sur 200m et 100m, en catégorie T37 (déficiences d'origine cérébrale). En juin 2021 en Pologne, lors des derniers championnats d'Europe handisport, elle rafle l'or sur le 200m (cat T37), conservant ainsi son titre, obtenu trois ans plus tôt à Berlin.


Victime d’un accident vasculaire cérébral à 18 ans, Mandy François-Elie se réveille hémiplégique et partiellement paralysée du côté droit du corps. On est en 2008. Avant cet accident, la jeune femme était déjà athlète de haut niveau et détenait même le record de Martinique sur 400m en 55.23 s.

Quatre ans après son accident, la sprinteuse remporte la médaille d'or sur 100 mètres aux Jeux Paralympiques en 2012 à Londres. Une victoire suivie d’un doublé 100 et 200m aux Mondiaux de 2013.

A Rio, un chrono de 13.37 sur le 100m T37 lui permet de décrocher le bronze et  lors du Grand Prix de Tunis en mars dernier, Mandy François-Elie gagne le 200 mètres en 28 secondes 14.

 

► Le Calédonien Pierre Fairbank en course fauteuil

A 50 ans, Pierre Fairbank possède l’un des plus beaux palmarès de l’athlétisme handisport mondial, avec 8 médailles aux JO, 14 aux championnats du monde, 10 aux championnats d’Europe et 73 titres de champion de France. 

Pierre Fairbank engagé sur 400 mètres fauteuil T53, jeudi 4 juin, en Pologne.

Il est revenu des  derniers JO avec deux médailles dans sa besace, mais la plus belle pour lui reste celle, en or, qu’il a remportée sur 200m à Sydney en 2000.

 

► Le Calédonien Nicolas Brignone, aussi en course fauteuil

A 32 ans, Nicolas Brignone participe pour la deuxième fois à des jeux paralympiques. Il y a 5 ans, à Rio, il a été éliminé en série. Son objectif à Tokyo est donc de prouver qu’il a progressé. “Je vise à faire mieux qu’à Rio en 2016, je n’ai accédé à aucune des finales. Mon but aujourd’hui est d’accéder à une finale.”, confiait-il récemment à nos collègues de Nouvelle-Calédonie la 1ère.

Trois jours de stage à Koné pour Pierre Fairbank, Nicolas Brignone et le staff calédonien. Résultat : des chronos canons.

Pour rappel, le Calédonien a remporté le bronze aux Mondiaux de 2015 en relais 4 x 400 m, avec Fairbank, Adelaïde et Casoli. Il a également raflé quatre médailles d’argent aux championnats d’Europe de Berlin en 2018.

 

►Le Calédonien Thierry Cibone en lancer de javelot et de poids

À 48 ans, Thierry Cibone s’apprête à participer à ses cinquièmes Jeux Paralympiques en lancer de javelot et de poids. Le natif des îles Loyauté détient un beau palmarès : trois médailles d’or et trois  médailles de bronze. A l’instar de Pierre Fairbank, il fait partie des plus anciens de la délégation française en athlétisme à ces JO de Tokyo.

Thierry Cibone aux championnats d'europe handisport, en juin 2021.

 

►Le Réunionnais Dimitri Pavadé en saut en longueur

A 29 ans, le Réunionnais ambitionne de décrocher l’argent à Tokyo. L’ancien docker originaire de La Possession s’est lancé dans l’aventure il y a 4 ans après avoir été amputé de la jambe gauche à la suite d’un accident de travail en 2007. C’est désormais à Toulouse, en Haute-Garonne, qu’il vit.

En 2019, il explose le record de France de saut en longueur avec un saut à 7m25, avant d’être sacré vice-champion du monde trois mois plus tard, à Dubaï.

 

► Le Réunionnais Ronan Pallier en saut en longueur malvoyants 

A 50 ans, Ronan Pallier n’en est pas à ses premiers Jeux Paralympiques ! En 2008, il  participait déjà à ceux de Pékin, et décrochait une médaille de bronze sur 4X100m.

Mais sa spécialité pour ces jeux, c’est le saut en longueur, discipline pour laquelle il a remporté l’or en juin dernier aux championnats d’Europe handisport en Pologne, avec un saut de 6 mètres dès son premier essai.

Le Réunionnais Ronan Pallier aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008.

Pour mémoire, il terminait aussi quatrième aux championnats du monde Handisport de 2019, chez les malvoyants.

Fort d’une nouvelle médaille et d’un record personnel à 6,32 mètres, le Réunionnais qui vit à Nantes, est confiant sur ses chances pendant ces jeux  : "Tous les feux sont au vert. Il va falloir maintenant le petit geste technique en plus. Cela va être difficile mais je suis dans les quatre meilleurs mondiaux. On est tous à 10, 15 cm les uns des autres. Ce n’est pas grand-chose, c’est un pied qui traîne", confiait-il en juin à nos confrères de France 3 Pays de La Loire.

 

En sports collectifs :

► Le Guadeloupéen Cédric Nankin pour le rugby fauteuil

Sur le terrain, le Guadeloupéen est surnommé "la Machine" : il est le cauchemar des attaquants adverses auxquels il ne laisse aucune chance de déployer leur jeu ! 

Cédric Nankin

A 37 ans, le défenseur ne se laisse pas impressionner et sa persévérance lui a permis de vivre ses premiers Jeux Paralympiques en 2016 à Rio. 

Avec ses coéquipiers de l’équipe de France, il affrontera le Japon, pays hôte, dès le 25 août.

 

► Le Réunionnais Gaël Rivière en cécifoot 

A 32 ans, le Réunionnais espère bien profiter des jeux pour ajouter une ligne au palmarès français de cécifoot ( aussi appelé football à 5). Déjà médaillé d’argent lors des Jeux Paralympiques de Londres en 2012, Gaël Rivière a aussi décroché avec l’équipe de France une seconde place aux championnats d’Europe à Rome en 2019.

Kate et Isabelle, au centre, aux côtés des joueurs du Bondy Cécifoot Club dont le Réunionnais Gaël Rivière, deuxième en partant de la droite.

Né aveugle, Gaël a grandi à La Réunion jusqu’à ses 15 ans. Désirant connaître d’autres non-voyants qui vivaient des situations comparables, il décide de rejoindre l'Hexagone et d’y poursuivre ses études. 

En parallèle, le jeune Réunionnais découvre le football à 5 et son intelligence tactique lui permet de rapidement développer un jeu tout en finesse. Son talent ne tarde pas à taper dans l’œil du sélectionneur de l'équipe de France et participe à ses premières compétitions internationales.

En sweat noir, le Réunionnais Gael Rivière.

En parallèle de sa carrière de sportif de haut-niveau, il est vice-président de la Fédération Française Handisport et avocat au barreau de Paris, après avoir obtenu deux Master de droit (dont il est sorti major à chaque fois!).

 

En para natation :

► Le Réunionnais Laurent Chardard 

La vie du Réunionnais a changé après une attaque de requin, alors qu’il pratiquait le bodyboard  à Boucan Canot en 2016. Amputé de la jambe droite et du bras droit à 21 ans, Laurent Chardard est aujourd’hui un athlète accompli. Pas d'objectif de médaille revendiqué ou d'ambition trop explicite pour ces jeux, mais une envie impérieuse de s’amuser et d’en profiter.

En septembre 2019, pour ses premiers championnats du monde de natation handisport à Londres, le Réunionnais décrochait une médaille d’argent sur 50m papillon et une de bronze sur 50m Nage Libre.

Le para- nageur réunionnais soufflera sa 26ème bougie au Japon, le 30 août prochain.

Laurent Chardard


En Judo :

► Le judoka guadeloupéen Helios Latchoumanaya 

Atteint d'une déficience visuelle, le judoka de 21 ans (catégorie -90kg) n'en est pas moins un adversaire formidable sur le tatami. Originaire de Guadeloupe et licencié à Bourg-La-Reine dans les Hauts-de-Seine, le numéro 3 mondial de sa catégorie pourrait bien décrocher l'or pour ses premiers Jeux paralympiques. 

C'est dernier temps, Helios Latchoumanaya n'en finit pas de rafler les médailles. Il a décroché la 3ème place au Grand Prix de Baku en mai, une "répétition" pour le sportif avant les Jeux. Quelques semaines avant, c'est aussi le bronze qu'il a remporté au tournoi de Turquie. 


Sans oublier….

►Lors de ces jeux, il faudra aussi compter avec Timothée Adolphe en para athlétisme : celui qu’ on surnomme "le Guépard blanc" n’est pas originaire des Outre-mer, mais sans son guide, Jeffrey Lami, alias  "l’Antilope", si.

Ce dernier, d’origine guadeloupéenne, a commencé l’athlétisme à 7 ans, au club de Bondy, en Seine-Saint-Denis. Et sans lui, Timothée Adolphe, aveugle, ne serait pas champion du 400 m. Le duo vise l’or aux Jeux paralympiques de Tokyo.

Timothée Adolphe et son guide Jeffrey Lami en 2017 /Championnats du monde para-athlétisme de Londres.

 

La paralympienne Emmanuelle Mourch n’est pas ultramarine mais elle est la marraine de l’équipe tennis fauteuil de Nouvelle-Calédonie. Son lien avec le Caillou ? “Elle est venue à Nouméa pour soutenir l’équipe et partager son expérience”, explique la présidente de l’association sportive.


►Le skippeur Guadeloupéen Damien Seguin, trois fois médaillé aux Jeux paralympiques et cinq fois sacré champion du monde, fera également partie de la délégation française mais en tant qu'accompagnateur.