Fabrisio Saïdy aime le temps long. Et c'est une nouveauté. "Lorsque je suis arrivé à l'INSEP à l'âge de 19 ans, je me disais : je fais ce que j'ai à faire. Après quoi, je m'en vais." Traduction : je deviens un champion du 400 mètres à l'international. Quelques titres dans la besace. Avant de rentrer chez moi à La Réunion. "Sauf que les blessures m'ont empêché de faire ce que je voulais. Mon programme a changé." Son agenda aussi. Désormais Fabrisio vise Paris 2024… et Los Angeles 2028. "Comme je n'ai pas encore pu me réaliser en tant qu'athlète, je suis obligé de rester. Et de préparer ces deux grands rendez-vous olympiques. Avec d'ailleurs, beaucoup d'excitation."
À Paris, les places seront chères
Décrocher son billet pour les Jeux Olympiques sur le 400 mètres n'est pas une mince affaire. Surtout lorsque comme Fabrisio Saïdy, votre saison 2023 a été quasiment blanche. "Je dois être très fort sur une période très courte. Grosso modo, j'ai les mois de mai et juin pour me qualifier." Et tout cela, sans véritable repère. "Oui et non. Cet hiver, j'ai eu la chance d'aller courir en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cela m'a permis de me situer. Sur un plan chronométrique, je suis déjà rassuré."
Deux mois pour convaincre. Deux mois également pour réintégrer le top 3 tricolore. Pas facile dans une discipline où les athlètes de stature internationale sont légion. "C'est vrai que la France compte beaucoup de gars très forts sur le 400 mètres. Mais on a aussi besoin de ça pour être encore meilleurs. Et le tout dans une super atmosphère. On s'entend bien. On s'entraide. On se taquine. Ceci étant dit, n'oubliez pas que Fabrisio reste le plus talentueux de tous ces coureurs !"
Un quart de siècle à fêter
Le 15 juillet prochain, Fabrisio Saïdy fêtera ses 25 printemps. "Ça va, c'est encore jeune. Je crois même que c'est le bon âge pour performer. Après quoi, il me restera encore pas mal d'années devant moi." Surtout que le Réunionnais ne craint pas la pression. "J'aime ça en fait. Me retrouver au pied du mur. Ces dernières années, j'ai continué à me préparer sans pouvoir malheureusement montrer ce que je voulais. Paris 2024 n'est qu'un objectif que je me suis fixé, il y a des années de cela. Je rentre dans la dernière ligne droite. Je serai prêt."
Pour le grand rendez-vous parisien, Fabrisio envisage une double participation. Avec le relais français. Mais également en individuel. "Comme je n'ai pas eu de résultats en 2023, je vais devoir être meilleur que les autres. Seule une grosse performance fera la différence et me permettra de décrocher ma sélection." Et pas question ensuite de se retrouver au Stade de France pour simplement participer. "Vous rigolez, j'espère ? Nous devons faire quelque chose de grand. Faire crier la foule pour que la fête soit à la fois incroyable et inoubliable !"
La force qui les inspire
Tandis qu'il n'a pas encore franchi la barre du quart de siècle, le petit Saïdy a déjà des allures de grand patron de l'athlétisme réunionnais. Même si la relève est encore un peu trop discrète. "Elle arrive, elle arrive ! Ne vous inquiétez pas. La Réunion a beaucoup, beaucoup de talents." Quelle est alors la solution pour permettre à ces talents d'exploser ? "Il faut juste faire un gros travail sur les jeunes et accompagner encore plus les athlètes. Nous avons le potentiel pour faire aussi bien que d'autres îles comme la Guadeloupe ou la Martinique."
Fabrisio Saïdy a un point commun avec la sprinteuse guyanaise Gémima Joseph. Tous les deux invoquent et remercient le Tout-Puissant lorsqu'ils s'imposent sur une piste d'athlétisme. "C'est quelque chose de très personnel. Un vrai cheminement. Dans la vie de tous les jours, nous ressentons clairement l'accompagnement de Dieu." La nouvelle génération serait-elle plus croyante que la précédente ? "Je ne sais pas. Encore une fois, c'est quelque chose d'intime. Me concernant, je suis reconnaissant envers Dieu. Reconnaissant pour les qualités athlétiques qu'il m'a données. Je ne peux que l'en remercier."