JO Paris 2024 : le hurdleur martiniquais Dimitri Bascou compte bien participer à la fête

L'athlète martiniquais Dimitri Bascou prend la pose pour La1ère.
Y pense-t-il le matin en se rasant ? Question inutile. Dimitri Bascou a les Jeux Olympiques de Paris 2024 en permanence dans la tête. Huit ans après sa médaille de bronze à Rio, le hurdleur martiniquais veut revivre ça. Dans la capitale, cette fois-ci. À 37 ans. Et avec les mêmes ambitions.

Dimitri Bascou poursuit un rêve. Pas des chimères. Il veut participer au prochain 110 mètres haies olympique. Au Stade de France. Et il s'en donne les moyens. Le Martiniquais s'entraîne. Beaucoup. Affine sa méthode. Au quotidien. Et trouve les ressources financières qui l'aideront à relever son défi. En septembre 2023, Dimitri a ainsi lancé une cagnotte en ligne. "Maryse Éwanjé-Épée, la présidente de mon club m'avait soufflé l'idée et je ne le regrette vraiment pas. Avec plus de 14 000 euros récoltés, je peux notamment couvrir mes dépenses de stage à l'étranger. J'optimise ainsi ma préparation. Ça fait toute la différence."

Il veut remarcher sur la lune

Pour Dimitri Bascou, le compte-à-rebours des JO a commencé. Depuis longtemps. Mais alors que la planète vient à peine de basculer en 2024, le tic-tac se révèle de plus en plus sonore. "C'est la dernière ligne droite. L'envie est à son paroxysme." La saison hivernale devrait fournir des indications sur l'état de forme des uns et des autres. "Ce sera le premier test. Sur 60 mètres haies. Me concernant, j'ai déjà participé à des meetings. C'est très positif. Je sais où j'en suis." Puis au printemps, tout s'enchaînera. En plein air. Sur 110 mètres haies. Pour l'explication finale. "J'ai des objectifs élevés. Je vise des choses qui parleront d'elles-mêmes pour la sélection olympique." 

Une sélection tricolore très disputée. Aujourd'hui, six hurdleurs français peuvent légitimement prétendre à l'un des trois tickets pour Paris 2024. Les haies hautes en France ou une histoire d'amour qui dure depuis cinquante ans. "Guy Drut a montré aux athlètes français qu'ils pouvaient être performants sur 110 mètres haies. Aujourd'hui, nous bénéficions toujours de cette expertise. C'est juste extraordinaire. Extraordinaire et historique car la prochaine couronne olympique va se jouer à Paris. D'où mon envie de vivre ces Jeux !"

L'athlète martiniquais Dimitri Bascou répète ses gammes sur la piste du stade Alain Mimoun à Noisy-le-Grand.

Peu importe les sarcasmes

Avant même qu'il ne décroche une médaille de bronze olympique, Dimitri Bascou était l'objet de critiques. Certains spécialistes le disaient trop faible mentalement, mauvais communiquant… Depuis deux ou trois ans, c'est plutôt l'âge du capitaine qui est ciblé. Le Martiniquais serait fini. Bon pour la retraite. "Je me suis habitué à tous ces gens qui répètent que je n'y arriverai jamais. En réalité, ça m'amuse car à chaque fois, je leur prouve qu'ils ont tort." Comme l'hiver dernier lorsque Dimitri a réintégré l'équipe de France. "L'expérience m'a appris à gérer tout ça. Je sais ignorer ces avis définitifs me concernant. Croyez-moi : ce n'est pas grave." 

Surtout que Dimitri a quelque chose que les spécialistes éclairés n'ont pas. En 2016, il est monté sur un podium olympique. Atout non négligeable. "Effectivement l'ayant déjà fait, je me dis que c'est possible. Car je sais ce qui m'attend. Et ce qu'il faut faire pour y arriver. Une nouvelle fois." Sans pour autant chercher à calquer Paris sur Rio. "Ce serait une grosse erreur. Tout championnat est différent. J'ai certes un vécu mais je laisse la place à l'inconnu. Paris ne sera pas Rio. Il s'agira bien d'une autre aventure."

Depuis 2018, le Martiniquais Dimitri Bascou cumule les fonctions d'athlète et d'entraîneur.

Le boss, c'est vraiment lui

Depuis 2018, Dimitri est entraîné par… Bascou. Choix délibéré de la part du Martiniquais. Depuis lors, place au dialogue intérieur. "Se coacher soi-même rend un peu schizo. Dans la tête, il faut un mental de coach ET un mental d'athlète. Je dois me voir à travers moi-même. C'est assez complexe." Particulièrement les jours de compétition. "Avant la course, le coach en moi parle beaucoup. Mais à un moment donné, l'athlète lui dit de se taire car je dois m'exprimer sur la piste. Faire le vide. Et juste courir." Docteur Dimitri et Mister Bascou. 

Le jeudi 8 août 2024 aura lieu la finale du 110 mètres haies des JO de Paris 2024. Dimitri s'entraîne dur pour s'y retrouver à nouveau. Si la belle histoire se réécrivait, nous avons demandé à coach Bascou ce qu'il dirait à son athlète. Quelques instants avant le départ. "Bon, mon gars, tu en as fait combien des 110 mètres haies ? Ne te casse pas la tête. Fais-toi plaisir. C'est comme ça que tu as fait les plus belles choses dans ta carrière. En te faisant plaisir. Alors kiffe, va jusqu'au bout et donne tout !"

Le Martiniquais Dimitri Bascou, athlète vedette de GANG, le club de Noisy-le-Grand. À l'affiche avec ses records personnels : 7 secondes 41 sur 60 mètres haies et 13 secondes 12 sur 110 mètres haies.