Depuis l’annonce de leur organisation en France, les JO de Paris 2024 suscitaient beaucoup d’attentes de la part des sportifs, mais aussi du grand public. Mais à moins de 500 jours de cet évènement planétaire, la fronde prend le pas sur l’excitation. La faute aux prix des billets d’entrée pour assister aux épreuves. Selon un sondage d’Odoxa datant du mois de mars, 82 % des Français jugeaient les places trop chères.
Mais le coup de semonce pour l’organisation des Jeux de Paris vient aussi de la grogne née sur les réseaux sociaux et menée par certains sportifs. Ces derniers, pour quelques-uns médaillés sur de précédentes olympiades ou en lice pour décrocher un titre à Paris, ont fait état de leur mécontentement au moment de l’ouverture de la seconde phase de vente des billets, le 11 mai dernier. La première à avoir réagi est la gymnaste réunionnaise Marine Boyer sur son compte Twitter en republiant la grille tarifaire des places, accompagnée du commentaire "Accessible à tous ? Abon ?".
"En fait, il faut faire des crédits à la banque "
Lors de la première phase de vente des billets pour les JO de Paris 2024, les polémiques enflaient déjà. Mais pour cette seconde phase, ce sont les prix pour la cérémonie d'ouverture qui font grincer des dents. 2 700 euros, c'est la somme à débourser pour assister au lancement de cette olympiade. La Martiniquaise Amandine Buchard, vice-championne olympique à Tokyo en judo chez les 52 kg, a témoigné de son indignation sur Twitter: "Jeux olympiques accessibles pour tous, vous aviez dit… En fait, il faut faire des crédits à la banque pour que les familles et proches puissent avoir la chance de venir nous voir. Enfin, si, d’ici là, il reste des billets… " La judokate, récente médaille de bronze à Doha au championnat du monde, n'y est pas allée de main morte en accompagnant son tweet des hashtags "honte" et " dégoutée".
"Ça réduit le nombre d'accédants, c'est dommage"
La colère et l'indignation gagnent tous les terrains. Plusieurs fois en lice pour des médailles olympiques, le Guadeloupéen Yannick Borel, que nous avons joint, est aussi inquiet face au prix pratiqué. "Je peux comprendre que c'est un évènement planétaire qui n'arrive que tous les quatre ans. Mais en escrime, on passe à des places qui sont gratuites en général, voire 5 à 20 euros maximum, à des places à 600 euros. C'est disproportionné, les prix sont exorbitants, surtout dans le contexte social actuel", dit-il. Amer, le champion olympique par équipes en 2016 à Rio, poursuit : "c'était censé être des jeux populaires à Paris, au final les gens qui y vivent ne pourront pas en profiter. En pratiquant de tels prix, ça réduit le nombre d'accédants, c'est dommage. [...] Même les jeunes ne pourront pas y assister, sauf les plus aisés."
De son côté, le triple sauteur Melvin Raffin juge "dommage de payer de telle somme". Le Martiniquais, qui était de la partie lors des Jeux olympiques de Tokyo en 2021, se préoccupe de la présence ou non du public. "Ce serait bien d'avoir des places un peu moins cher, car ça ferait plus de monde pour nous soutenir en tribune. Parce qu'on risque d'avoir très peu de personnes qui viennent nous voir à cause des prix", dit-il à Outre-mer la 1ère.
Six places offertes aux athlètes
En février dernier, le patron de Paris 2024, Tony Estanguet, avait balayé les critiques d'un revers de la main sur RTL en déclarant : "On n'est pas plus cher que les Jeux de Londres, ou que pour assister à la Coupe du monde de football ou au Mondial de rugby. Il y a de la frustration, on le sait. Sur les trois millions d'inscrits, on ne peut pas contenter tout le monde." Quelques jours plus tard, il avait annoncé que les billets à l'unité (ceux de la seconde phase qui ont suscité l'indignation des sportifs) allaient être à "des prix abordables". Face à la colère des sportifs, le comité d'organisation tient désormais à préciser que chacun des athlètes sélectionnés aura droit à une demi-douzaine de billets pour ses proches. Soit six tickets pour chaque session où ils seront en lice. "Ça serait quand même logique qu'on ait des places pour nos familles. On concourt et nos parents doivent payer plus de 600 euros pour venir voir les enfants... ça aurait été tout de même dommage", lui répond Melvin Raffin.
Toutes ces tergiversations autour du prix feraient presque oublier les propos du père fondateur des olympiades modernes, Pierre de Coubertin : "L'important, c'est de participer."