Les Mahorais se mobilisent ce lundi à Mamoudzou pour dénoncer la volonté du Gouvernement de rendre gratuit le visa entre Mayotte et les Comores.
La1ère •
Des milliers de Mahorais (3.000 selon la police) ont exprimé leur colère ce lundi à Mamoudzou après la signature d’une "feuille de route" visant à assouplir les règles de circulation entre Mayotte et les Comores lors d'un haut conseil paritaire le 12 septembre.
La France va délivrer des visas gratuits aux ressortissants des Comores afin de "lutter contre le trafic d'êtres humains, favoriser les mouvements légaux, tarir les passages illégaux et sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes", a précisé lundi le Quai d'Orsay.
Qui a appelé à cette mobilisation ?
Le Comité de défense des intérêts de Mayotte (Codim) - groupe ayant activement participé aux mouvements de "décasages" illégaux l'année dernière pour expulser ceux qu'ils considéraient comme des clandestins, a appelé l'ensemble des Mahorais à se rassembler dimanche à Mamoudzou afin de protester et à dormir sur place "pour pouvoir commencer les actions dès lundi".
Ces traversées ont causé "entre 7.000 et 10.000 morts depuis 1995", selon un rapport du Sénat français de 2012. En 2015, 19.000 personnes ont été reconduites à la frontière à Mayotte contre environ 20.000 sur le territoire métropolitain.
"L’arrivée massive d’immigrés clandestins nous empêche d’avoir la garantie d’une offre de soins à Mayotte et une éducation de bonne qualité, de pouvoir vivre en toute sécurité", indique un membre du Codim.
Qui sont les élus qui soutiennent cette manifestation ?
Younous Omarjee, député européen de la région océan indien, s’est pour sa part rendu à Mayotte pour dénoncer cette "feuille de route". "On ne peut pas décider de l’avenir de Mayotte sans les Mahorais… Cela génère beaucoup d’incompréhension, une certaine forme de colère et le meilleur moyen, c’est qu’il y ait de la concertation."
"Cette gratuité va faire augmenter le flux de personnes étrangères", regrette Doura Soulaimana, maire de Bandraboua (nord de Mayotte) qui ajoute : "Ce flux migratoire qu'on ne maîtrise pas ne nous permet pas de nous projeter par rapport aux équipements publics".
Dans la foule, des voix, telle celle de Faouzia Cordjee, candidate malheureuse aux sénatoriales, s'élèvent pour réclamer le départ des "immigrés" : "Qu'ils rentrent chez eux, on en a marre". Mais la plupart des élus ont souhaité prendre part à la manifestation pour contenir les tensions. "Je ne dis pas que j'y suis favorable ou pas, je ne sais pas ce qu'il y a dans cette feuille de route", explique le sénateur de Mayotte Thani Mohamed Soilihi (LREM), réélu dimanche. "Mais ce qui a été fait ne doit plus être fait, à savoir traiter ce sujet sans les Mahorais".