Karine Baste : "Je suis une bosseuse acharnée, mais j'ai une sacrée bonne étoile" #MaParole

De RFO en Martinique puis en Guadeloupe, de France 3, France Ô, franceinfo à France 2, Karine Baste mène une carrière éclair au sein de France Télévisions. Elle figure aussi dans un film Murder Mistery 2 sur Netflix dans son propre rôle. Qui est la présentatrice, joker du JT de 20h ? Réponse dans #MaParole.

Cécile Baquey • Publié le 11 avril 2023 à 14h15

Une pêche pas possible, du dynamisme à revendre, Karine Baste respire la bonne humeur et la spontanéité, même si le jour de l’enregistrement de #MaParole, elle a un rhume carabiné. Ce côté "bonne copine" accolé à une bonne dose de travail lui a fait gravir les échelons sans avoir à frapper aux portes. Joker d’Anne-Sophie Lapix sur France 2, Karine Baste présente le 20h avec le sourire et un professionnalisme rôdé grâce à une solide expérience acquise au sein des 1ères, le réseau Outre-mer de France Télévisions.

1 La tribu

Tout commence à Schoelcher en Martinique. Karine Baste est la petite dernière d’une fratrie de cinq filles. Autant dire que pour exister dans la tribu, il faut parler fort, d’autant qu’à côté, il y a une ribambelle de cousins. Son père, inspecteur de police, et sa mère, infirmière en hôpital psychiatrique, veillent sur les études de leurs filles. Inscrites à Saint-Joseph de Cluny, une institution en Martinique, l’exigence est élevée. Pendant les mois de juillet et août, Karine Baste part souvent en voyage linguistique et peaufine son anglais à la Barbade, en Floride ou en Angleterre. Durant l’année, elle tanne ses parents pour les suivre dans leur travail. Elle aime passer du temps auprès de sa mère et ses collègues de l’hôpital psychiatrique et se passionne à l’adolescence pour la psychologie.

À l’époque, elle souhaite devenir juge et ne songe pas vraiment au journalisme, même si elle regarde régulièrement Anne Sinclair à la télévision dans 7 sur 7 que ses parents suivent religieusement. Après son année de terminale passée au lycée d’Acajou au Lamentin, pour se frotter un peu au système public, Karine Baste décide d’aller étudier à Nice à l’ESRA, une école d’audiovisuel que l'une de ses sœurs a fréquenté. Après un stage rapide à Cannes TV, elle commence à travailler à RFO en Martinique.

2 Martinique Guadeloupe

La journaliste possède le goût de la belle image. Elle n’hésite pas à monter sur scène en plein concert de Lucky Pertersen, un bluesman américain de passage en Martinique, pour le filmer de face, la caméra posée sur son piano, au grand dam des organisateurs. Lors d’un voyage de François Baroin, alors ministre des Outre-mer, à Saint-Barthélemy, voulant réussir son panneau, elle lui colle sans le vouloir un coup de caméra mémorable et s'excuse une centaine de fois. Mais très vite, Karine Baste perd son côté "Pierre Richard" et continue à bosser dur.

En Guadeloupe, la journaliste vit une année très dure professionnellement. "Pendant un an, je pleurais tous les soirs", raconte-t-elle pour la première fois dans #MaParole. "Ça n'a pas plu que j'aille à Saint-Martin, Saint-Barthélémy et que j'ajoute le montage à mes activités (...), mais il y a des personnes parmi les plus virulentes qui se sont excusées par la suite (...) et ça compte beaucoup", explique-t-elle dans #MaParole.

Malgré tout, elle confirme son côté "couteau suisse" en allant travailler à Saint-Martin, l’île coupée en deux avec sa partie française et hollandaise. Sur place, souvent toute seule, elle filme, monte et enregistre les commentaires de ses reportages. Une bonne école de la débrouille. Elle apprend aussi à enquêter. Elle se souvient en particulier de l’affaire Clin, du nom du gendarmé fauché par un chauffard le 12 février 2006. Sa veuve accuse les personnes sur place de ne pas lui avoir porté secours et d’avoir proféré des propos anti-blancs. Sur le plan national, des politiques dénoncent alors un racisme anti-blanc à Saint-Martin. Karine Baste enquête et se rend compte que les propos de la jeune veuve ne reflètent pas la réalité.

De retour en Martinique, la journaliste continue à faire du reportage et commence à présenter des magazines tels que Caraïbes ou Résonance. Elle se souvient en particulier d’un débat sur un sujet auquel elle tenait particulièrement : la sexualité des séniors. La rédaction n’était pas très chaude. Elle réussit à imposer ce sujet tabou. "C'était génial", s'enthousiasme-t-elle. L’émission qui a rencontré son public est restée gravée dans sa mémoire.

Un jour, Karine Baste se retrouve à la présentation de l'édition du soir. Le joker du joker du présentateur du week-end était malade, on lui demande de le remplacer au pied levé. Karine Baste accepte et finit par devenir la présentatrice des journaux du week-end. Dans les rues de Fort-de France, la journaliste ne passe plus inaperçue.

Karine Baste-Régis, journaliste de Martinique1ère

3 Le "national"

Au bout de sept ans passés en Martinique, Karine Baste ressent l’envie de voir le large. Elle pense au Pacifique ou à l’océan Indien. Finalement, on lui propose un remplacement à France 3 pendant 15 jours. Elle présente Soir 3 pendant les vacances de Francis Letellier, sans aucun stress. En 2016, lors d’une émission spéciale consacrée au Zika sur France Ô à Malakoff, la journaliste croise Stéphane Dubun dans l’ascenseur, futur patron de franceinfo. Il lui conseille de postuler sur la nouvelle chaine info du groupe France Télévisions. Karine Baste tente sa chance. Elle est sélectionnée et doit rapidement rejoindre la rédaction parisienne.

Levée à 2h30 le matin, Karine Baste enchaine les matinales à la télévision avec la bonne humeur qui la caractérise. En 2019, Laurent Bignolas fait appel à elle pour assurer les flashs info sur télématin. Puis, elle remplace à plusieurs reprises Marie-Sophie Lacarrau au 13h de France2.

En 2020, alors qu’elle va chercher son fils à l’école, elle reçoit un coup de fil de Laurent Guimier, le patron de l’info de l’époque. Il lui propose le 20h en tant que joker d’Anne-Sophie Lapix. Karine Baste ne réfléchit pas trop, écourte la conversation, car elle doit récupérer son enfant et dit "oui", sans bien réaliser ce qui lui arrive.

Le 18 octobre 2020, deux jours à peine après l’assassinat de Samuel Paty, la journaliste présente son premier 20h sans vraiment stresser. Et pourtant, toute la direction de France Télévisions dont Delphine Ernotte étaient là pour assister à cette première.

Pendant un temps, Karine Baste cumule, en plus du JT de 20h en remplacement d'Anne-Sophie Lapix, la présentation des flashs sur Télématin et l’émission Ça fait l’actu sur franceinfo. Aujourd’hui, elle travaille sur un projet dont elle ne souhaite pas encore parler, tant qu’il n’est pas définitivement validé. Mystère.... En attendant, Karine Baste figure dans son propre rôle dans un film américain sur Netflix intitulé Murder Mistery 2 avec Jennifer Aniston. Une nouvelle expérience qui l’a beaucoup amusée.