Cinquante ans après son décès, un documentaire sur Martin Luther King diffusé en 1970 aux Etats-Unis vient enfin de sortir dans l'Hexagone. Intitulé "King, de Montgomery à Memphis", la version restaurée du film retrace le parcours du leader des droits civiques de 1955 à sa mort en 1968.
Sorti dans les salles en même temps que "BlacKkKlansman" de Spike Lee mercredi, le documentaire "King, de Montgomery à Memphis" a fait beaucoup moins de bruit médiatique mais n’en vaut pas moins le détour. Ce film en noir et blanc d’une durée de trois heures est une oeuvre collaborative portée par deux signatures magistrales, celles des Américains Joseph L. Mankiewicz et Sidney Lumet. Coordonné par le producteur Ely Landau, "King" a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis en 1970. Cinquante ans après le meurtre du chantre des droits civiques, le documentaire retrace son itinéraire politique de 1955, avec le boycott des bus pratiquant la ségrégation à Montgomery en Alabama, jusqu’à sa mort à Memphis en 1968.
La figure charismatique de Martin Luther King insuffle une énergie particulière au documentaire. Son calme et sa patience dans l’effroyable tourmente, son port, son éloquence, sa diction envoûtante. Ainsi ce discours du 28 août 1963, devant 250.000 personnes participant à la Marche sur Washington où King prononce son historique "I Have A Dream". L’année suivante, la loi sur les droits civiques et la fin de la ségrégation dans les Etats du Sud sont promulgués par le président Johnson. Et le 14 octobre, King reçoit le Prix Nobel de la Paix à Oslo.
Mais la victoire sur la discrimination légale était à ce prix, et la foi de King a soulevé des montagnes.
Témoignage remarquable
Constituée principalement d’images d’archives, restaurées pour la plupart et parfois inédites, cette œuvre passionnante représente un témoignage remarquable sur l’engagement social et politique du pasteur afro-américain. King (et ses partisans, parmi lesquels on reconnaît notamment Jesse Jackson, Ralph Abernathy, Harry Belafonte, Marlon Brando, Mahalia Jackson et Andrew Young, entre autres), est filmé au plus près de son périlleux parcours. Périlleux, car ce qui frappe dans le film est l’incroyable déferlement de haine et de violence de la part de la population blanche et de la police qui vise les Noirs qui demandent le simple respect de leurs droits. Droit d’aller à l’école, de voter, de circuler où bon leur semble sans être lynchés.La figure charismatique de Martin Luther King insuffle une énergie particulière au documentaire. Son calme et sa patience dans l’effroyable tourmente, son port, son éloquence, sa diction envoûtante. Ainsi ce discours du 28 août 1963, devant 250.000 personnes participant à la Marche sur Washington où King prononce son historique "I Have A Dream". L’année suivante, la loi sur les droits civiques et la fin de la ségrégation dans les Etats du Sud sont promulgués par le président Johnson. Et le 14 octobre, King reçoit le Prix Nobel de la Paix à Oslo.
Résilience
De Montgomery à Washington et à Selma, en passant par Chicago et Memphis, le film, lors de séquences émouvantes, s’attache également à la dimension spirituelle de l’homme. Face aux chiens dressés à mordre les Noirs, aux matraques, aux grenades lacrymogènes, aux lances à eau, aux actes terroristes du Ku Klux Klan, à toute la dégradation morale de l’oppresseur, King – comme ses partisans – a su opposer cette résilience et cette détermination qui forgent les grandes personnalités. « Nous allons marcher avec l’arme du courage », disait-il. Le documentaire témoigne aussi de la vérité de l’homme derrière l’icône. "Un siècle après la proclamation de l’abolition de l’esclavage nous sommes encore en exil dans notre propre pays", déplorait King quelques semaines avant sa mort. Et aussi : "Ne croyez pas que je ne sois pas fatigué de marcher, de me retrouver en prison… ".Mais la victoire sur la discrimination légale était à ce prix, et la foi de King a soulevé des montagnes.