Le temps passe. File. Personne n'y échappe. Même pas Marvin René. L'athlète guyanais a aujourd'hui 27 ans. Déjà. Des titres nationaux. Des médailles internationales. L'amour du maillot tricolore. Des émotions. Des blessures. Des galères aussi. Marvin a vécu tout ça. Comme une foule sentimentale d'événements depuis ses débuts sous les couleurs de l'Étoile Montjolienne. Si seulement il pouvait converser avec le minot prometteur qu'il était alors… "Qu'est-ce que je lui dirais ? De se professionnaliser un peu plus. Auprès de Gaëtan Tariaffe, mon entraîneur à cette époque, je n'ai pas assez cherché à apprendre. À comprendre. C'est dommage. J'aurais gagné du temps."
Daniel Darien pour se relancer
Peu de gens le savent mais 2022 a failli être l'année des adieux pour Marvin. "J'enchaînais les pépins physiques. Je rêvais de partir à l'étranger. Sans avoir les ressources financières suffisantes. Bref, j'étais vraiment à deux doigts de tout arrêter." Une rencontre pourtant va tout changer. Au printemps. La coach de Marvin est retenue à l'étranger pour un stage fédéral. Le Guyanais demande à Daniel Darien s'il veut bien encadrer sa séance. L'aventure est en marche. "Il n'y a pas beaucoup de coachs de son calibre en France. Nous travaillons officiellement ensemble depuis le mois de septembre. Garfield, son fils s'occupe de la préparation physique."
Marvin René ne change pas de lieu d'entraînement. Toujours dans le cadre enchanteur du CREPS de Boulouris près de Saint-Raphaël. Sur le plan de la méthode en revanche, place à une petite révolution. "Disons que la pédagogie de Daniel Darien est différente. J'ai profité de l'hiver pour m'y adapter. Ça prend du temps. Daniel veut qu'on coure vite. Mais pas à sa manière ou selon un quelconque précepte. Il n'existe aucune solution unique pour aller vite. Juste des stratégies adaptées à chaque cas. Voilà la méthode Darien."
Analyser avant d'agir
La méthode Darien semble avoir redonné des ailes au sprinteur guyanais. Car Marvin a toujours eu besoin d'intellectualiser son sport. "J'aime beaucoup analyser. Trouver des réponses. Sans réponse, je vais cogiter. Et ça se ressent quand je cours." Aucun risque avec son nouvel entraîneur guadeloupéen. "Daniel est très ouvert à la discussion. Nous recherchons ensemble ce qui fonctionne le mieux."
Traditionnellement, Marvin René était considéré comme un athlète fragile. "En général, j'ai des soucis au niveau des tendons, l'hiver. Puis vient le tour des ischio-jambiers durant l'été." Depuis qu'il travaille avec Daniel Darien ? Rien pour le moment. Croisons les doigts. "Physiquement, je me sens beaucoup moins éprouvé par les entraînements et les exercices techniques. Musculairement aussi, ça va beaucoup mieux."
Sous les 10 secondes
Se qualifier pour le 100 mètres des prochains JO de Paris est à la fois simple et compliqué. Les minimas sont fixés à 10 secondes. Tout rond. "Avec un chrono pareil, tu es en finale ! Ces minimas s'avèrent très exigeants. Ce qui n'est pas le cas sur d'autres distances. D'où une certaine frustration." Pas de panique pour autant. Marvin René compte bien être le cinquième français à passer sous la barrière des 10 secondes. "J'appelle ça courir en 9. C'est l'objectif. Mon objectif."
Sans entrer dans les détails, le Guyanais reconnaît se trouver en mission commando Paris 2024. "Avec Daniel Darien, nous avons un plan. Un programme d'entraînements. Des meetings précis où l'on sait que ça court vite. Sans oublier le deuxième défi : être compétitif au Stade de France. Car la qualification olympique n'est pas une fin en soi." Autre atout pour Marvin René : son expérience des JO en 2016 à Rio avec le relais 4 fois 100. "C'est important parce que les Jeux constituent une autre planète. Ce n'est pas juste une compétition. C'est LA compétition. Immense. Suprême."