L'athlète martiniquais Dimitri Bascou renaît à Noisy-le-Grand et se rapproche de Paris 2024

L'athlète martiniquais Dimitri Bascou sous son nouveau maillot vert et blanc de Noisy-le-Grand.
En 2016 ? Dimitri Bascou était au top. Le bronze olympique. Un titre de champion d'Europe. Depuis ? Pas mal de galères. Des doutes. Avant un retour tonitruant, cet hiver. Le hurdleur martiniquais a retrouvé sa place parmi les meilleurs. Et le phénix de Noisy-le-Grand compte renaître encore et encore jusqu'aux JO de Paris 2024.

Il aime les signes du destin. Il y croit. L'année 2021 se refermait pour Dimitri Bascou. Sans Jeux Olympiques à Tokyo. Triste. Un Dimitri oublié. Démotivé. Avant que sa petite sœur ne remette le nom de la famille sur le devant de la scène. "Lorsque Floriane est devenue Miss Martinique, ça a été comme un électrochoc pour moi. Cinq ans plus tôt, son grand frère s'illustrait aux JO de Rio. Ça l'a marquée. Influencée. De mon côté, la voir devenir première dauphine de Miss France m'a encouragé. Je devais revenir." 

Le Martiniquais Dimitri Bascou avec sa petite sœur Floriane, Miss Martinique 2021.

Le retour de Mister Bascou

Le come-back a pris du temps. Beaucoup de temps. "L'année dernière, à la même époque, je n'avais pas encore repris l'entraînement. Je ne faisais que de la salle, de la muscu. D'ailleurs, ça m'a beaucoup aidé dans mon protocole de préparation physique." Nicolas Boromé, un ami athlète réussit pourtant à le ramener sur la piste. "Alors que je crois que j'avais plus ou moins fait une croix sur l'athlé." Nicolas demande à Dimitri de venir participer aux Interclubs pour l'US Créteil. Première renaissance. Le retour est en marche. 

Les premières épreuves sont laborieuses. Dimitri atteint la finale du 110 mètres haies des championnats de France à Caen. Mais ne finit pas sa course. Trop loin du grand Bascou. Début 2023 en revanche, une deuxième renaissance s'annonce. Le Martiniquais dispute la finale des championnats de France en salle. Médaille de bronze sur le 60 mètres haies. "Il ne s'agissait que de ma quatrième course de l'hiver. Je manquais de répétition. Et d'un ou de deux réglages. Ceci étant, j'ai retrouvé de la vitesse. Ça fait du bien d'être de retour." Officiellement. 

Chef de gang

Depuis 2018, Dimitri Bascou est entraîné par… Dimitri Bascou. Un choix personnel. Sauf que la solitude peut parfois être pesante. Excluante. Aussi à l'été 2022, lorsque Maryse Ewanje-Epée lui propose de diriger un groupe d'athlètes dans son club de Noisy-le-Grand, le Martiniquais hésite. "Je me suis demandé ce que je pourrais leur apporter. À la base, il n'y avait que des sprinteurs." Dimitri finit par se laisser tenter. Le voilà chef de GANG (Groupe Athlétique de Noisy-le-Grand). "Il y a même un hurdleur dans le groupe désormais : Mathieu Louisy qui s'entraînait précédemment avec Sasha Zhoya." 

L'entraîneur/entraîné n'est plus seul. "Cela crée une belle émulation de groupe." Dimitri transmet. Dimitri écoute. Dimitri regarde. Le Martiniquais s'entraîne toujours aussi dur. Mais avec une dose de stress en moins. "Le fait de m'entraîner avec les autres, me retire de la pression. Et ça me donne une discipline. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, il faut y aller." 

Le podium 2023 du 60 mètres haies des championnats de France en salle. De gauche à droite : le bronze pour Bascou, le titre pour Kwaou-Mathey et l'argent pour Martinot-Lagarde.

Le meilleur est à venir

La prochaine renaissance du phénix martiniquais est annoncée pour ce week-end. À l'occasion des championnats d'Europe en salle à Istanbul. Pour son grand retour sous le maillot bleu, Dimitri Bascou a un plan. "Lors de cette compétition en Turquie, je vais chercher à faire la course idéale. Si j'y parviens, je ne serai pas loin de mon record sur 60 mètres haies, 7 secondes 41." Ce qui constitue également le record de France en salle. "C'est très compliqué et très simple à la fois. Il ne faut pas se poser de questions. Juste se lâcher et courir." 

En dépit des incidents de parcours qui l'ont empêché de s'exprimer sur la piste depuis 2019, le Martiniquais ne se sent pas revanchard. "Tout cela m'a fait perdre du temps, c'est vrai. Mais c'était peut-être aussi un signe ? Le signe que je devais passer par tout ça pour terminer en beauté." À 35 ans, Dimitri n'en a pas fini avec l'athlétisme. Pas encore. Mais ça se précise. "J'ai un rêve, un objectif : arriver aux Jeux Olympiques de Paris plus fort et plus compétitif que jamais. Atteindre le meilleur niveau de ma carrière sur la piste du Stade de France." Une renaissance finale. Une de plus.