Les championnats de France d'athlétisme en salle ont une particularité rare : le Covid ne les a pas affectés. Ou si peu. En 2020, ils ont pu se tenir normalement. Juste avant le premier confinement. Retour tout aussi normal en 2021. Seule différence : le huis clos imposé. En 2022, le public sera de nouveau autorisé. Et pour la hurdleuse martiniquaise Laëticia Bapté, cette présence constitue une excellente nouvelle : "Les spectateurs, les afficionados nous ont terriblement manqué. L'année passée, courir devant des tribunes vides demandait un effort de concentration, d'abstraction. Aujourd'hui, revoir le public, la foule, ça me motive."
La reine des neiges
L'hiver lui va bien. Comme un gant. En 2021, elle trustait ses premiers podiums chez les seniors. Bis repetita en 2022. "Cette année, il y a même du progrès au niveau des chronos. En moyenne, je cours autour des 8 secondes." Laëticia Bapté va donc plus vite que l'an passé. Et toujours accompagnée de cette motivation inébranlable. "Je sens que j'ai des chronos dans les jambes. Je peux améliorer mon record personnel. C'est une certitude." 7 secondes 93 pour parcourir 60 mètres haies. Telle est sa meilleure performance pour le moment. Réalisée à Miramas en 2021. Mais ça, c'était avant.
Car depuis la finale des championnats de France en salle 2021, la Martiniquaise a changé de statut, de dimension. Une médaille d'or. Un nouveau record personnel. Et surtout, une confiance décuplée. "Les choses ont radicalement changé après cette course. Je me sens désormais capable d'aller loin. Grâce à cette compétition, j'ai pu ensuite affronter des filles qui avaient fait les JO. C'est aussi un plus pour moi."
Abdiquer ? Jamais !
Pour la deuxième année consécutive, Miramas accueille les championnats de France en salle. Laëticia Bapté va retrouver une piste qui semble lui porter chance. Une piste qui l'a couronnée en 2021. Dans les Bouches-du-Rhône, la tenante du titre a toujours un seul et même objectif en 2022 : "La médaille d'or ! Comme l'an passé, j'ai la rage de remporter ce titre. C'est pourquoi je n'ai aucune envie de laisser ma couronne. Je veux gagner."
Mais qui pourrait l'empêcher de gagner ? "Moi, peut-être ? Car je suis grande et mes départs laissent encore à désirer." Alors la Martiniquaise échange beaucoup avec sa coach, la Guadeloupéenne Ketty Cham. "J'ai besoin de savoir si je fais bien." L'hiver dernier, Laëticia avait révolutionné sa mise en action, passant de 8 à 7 foulées. Traduction : seulement 7 foulées avant le passage de la première haie. Au lieu de 8. "Même si j'ai intégré cette nouvelle technique, cela manque encore de fluidité. Je dois réduire mon temps de réaction dans les starts. Tout en améliorant ensuite ma course entre les haies 1 et 2." Laëticia aime à peaufiner sa technique. Encore et encore.
Plus belle, la suite !
Ce week-end à Miramas, Laëticia poursuit un double objectif : le titre sur 60 mètres haies et un chrono qualificatif pour les Mondiaux en salle à Belgrade (du 18 au 20 mars 2022). "J'ai deux courses pour réaliser les minimas fixés par la Fédération à 7 secondes 96. Je devrais y arriver." Et quand la saison hivernale se refermera, l'athlète pourra ensuite s'offrir sa petite pause habituelle. "C'est devenu mon rituel du début de printemps : quelques jours de repos auprès de ma famille en Martinique avant de reprendre l'entraînement très sérieusement en Guadeloupe."
Le programme de l'été 2022 est bien chargé : meetings, championnats de France, Mondiaux et championnats d'Europe. "Avec Ketty, nous n'avons pas encore établi mon agenda mais a priori, il n'y aura aucune impasse." Laëticia Bapté ne fera donc aucun calcul. Pas question de renoncer à tel ou tel rendez-vous. À tout juste 23 ans, elle se découvre un appétit olympique précoce. "Paris 2024 approche déjà à grands pas. Après ma première sélection en équipe de France A, ces Jeux Olympiques constituent mon prochain rêve."