L'État fait un pas symbolique en direction des indépendantistes de Polynésie française

Pour la première fois, le Haut-commissaire participe à la commémoration de la stèle de Tavararo.
Le représentant de l'État en Polynésie française a déposé jeudi pour la première fois une gerbe sur la stèle de Tavararo à Faa'a, le lieu de rassemblement annuel des indépendantistes polynésiens. Un geste qui intervient deux mois après la victoire des indépendantistes aux élections territoriales.

Ce 29 juin, quelques maires autonomistes ont organisé une petite célébration de l'autonomie en matinée, dans les jardins de Paofai, à Papeete. Le Tavini, parti indépendantiste, a quant à lui rendu hommage aux Tahitiens morts en 1844, à la stèle de Tavararo. Le président de Polynésie, Moetai Brotherson, et le haut-commissaire, Eric Spitz, ont assisté aux deux cérémonies.

C'est même la toute première fois qu'un haut-commissaire assiste à cet hommage sur la stèle de Tavararo. Une présence symbolique qui intervient deux mois après la victoire du parti indépendantiste aux élections territoriales qui ont installé Moetai Brotherson au poste de président de la collectivité.

Ce dernier, qui attend toujours que l'État vienne siéger à l'ONU pour étudier la demande d'indépendance de la Polynésie française, réinscrite sur la liste des territoires non autonomes, n'est pas resté insensible à ce geste, qu'il a qualifié d'"acte très fort".

"Négation d'une civilisation"

Chaque année le 29 juin, date de l'annexion du royaume de Tahiti par la France en 1880, dirigeants et militants du Tavini huira'atira, parti souverainiste conduit par Oscar Temaru, entretiennent le souvenir des Tahitiens tués par l'armée française lors de la guerre qui les a opposés en 1844.

"Près de 180 ans après cette bataille, il nous faut maintenant regarder avec lucidité ce que fut cette période", a expliqué le haut-commissaire Eric Spitz dans une brève allocution.

Ce fut une "période de conquête pour la France, arborant volontiers l'habit flatteur d'un universalisme de progrès. Période de colonisation pour la Polynésie, synonyme de vastes bouleversements sociaux, et de négation d'une civilisation pourtant ancestrale", a-t-il ajouté. "Il nous faut maintenant non pas oublier le passé, mais ne pas s'y enfermer", a conclu M. Spitz.

Visite de Darmanin en août

Les indépendantistes demandent l'ouverture des discussions sur la décolonisation de la Polynésie française, ainsi que le pardon de l'État et des indemnisations conséquentes pour les 193 essais nucléaires qui se sont déroulés dans les atolls de Mururoa et Fangataufa de 1966 à 1996.

Les discussions devraient se poursuivre entre les indépendantistes et l'État sur les évolutions statutaires du territoire et les conséquences des essais nucléaires lors de la prochaine visite du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin en août.

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