Dans la jungle de Bruno Coqueran, il n'y a aucune référence au basket. Pas la moindre photo-souvenir. Juste des plantes vertes. Foisonnantes. Et en très grand nombre. Même constat dans les échanges avec le patron des lieux. Personne ne l'appelle coach comme cela peut se faire sur un terrain de basket. "Aujourd'hui, il y a des coachs partout. En cuisine, en déco… Ici, quand les gens viennent me voir, ils n'attendent pas ça de moi. Ils arrivent plutôt avec un projet de vie." Si le Martiniquais est bien plus qu'un coach, les fidèles de la jungle sont aussi bien plus que des adhérents. "On apprend à se connaître. Attention, j'ai des qualités et des défauts comme tout le monde. Mais il n'empêche qu'on devient amis avec le temps. Il y a une écoute réciproque. On se voit tous les jours. C'est une famille."
Le mouvement ou la conscience du geste
Le Mouv'Coq a huit ans. C'est le bébé de Bruno Coqueran. Sa création. "J'avais des bases de Pilates et de yoga mais je voulais aller plus loin. Créer une séance axée sur la conscience du geste. Tout en découvrant sa propre mobilité." Voici donc le Mouv'Coq, un travail de soixante minutes. Des gestes précis. À tenir. Des mouvements harmonieux. À respecter. Tout cela en conscience. Et en respiration. "C'est un apprentissage. Je ramène les gens à leur corps."
La jungle n'est pas immense. Celle de Cholet s'entend. Pour suivre une séance de Mouv'Coq, douze personnes maximum peuvent se réunir sur place. Réservation obligatoire. "Pour les cours de Mouv, ils ont souvent plus de cinquante ans avec des bobos parfois ou différentes pathologies. Mais ils ou elles ont compris que bouger est important." Vital même. Parmi les fidèles du Mouv'Coq, il y a Antonio, sexagénaire jovial. Voilà quatre ans qu'il bouge avec Bruno. Depuis lors, il ne visite plus son ostéopathe. "Quand les gens me disent : 'C'est impressionnant mais je me sens mieux !', j'ai réussi."
Le mouvement en équilibre
Physiquement parlant, le Bruno d'aujourd'hui ne ressemble plus du tout au Coqueran héroïque des années basket. "Je suis arrivé sur le tard. À 20 ans. Et je n'aimais pas le basket ! Mon truc à moi, c'était le hand. Sauf que j'étais grand. Au final, toute ma carrière a été bâtie sur mes capacités physiques. J'ai donc exploité l'outil sans jamais le comprendre." Il devra attendre d'avoir quarante ans pour enfin étudier la machine. "Disons qu'en retournant à l'école pour établir les bases de ma nouvelle vie, j'ai travaillé sur mon corps. J'ai ressenti. Et à partir de là, tout a changé."
Le constat peut sembler fou. Et pourtant, il s'impose : le Coqueran 2023 est plus en forme qu'à sa grande époque. "Lorsque j'étais sportif de haut niveau, je pense que mon mouvement était moins fluide. Et physiquement c'est vrai, je suis bien plus affûté aujourd'hui. C'est un ensemble de choses : une activité régulière et réfléchie, une alimentation saine, un équilibre personnel…" Même son enseignement est différent. "J'ai vieilli, c'est normal. Je ne transmets plus comme je le faisais à mes débuts, il y a onze ans. Ma pédagogie, ma façon de voir les choses ont forcément évolué."
Le mouvement à Cholet et ailleurs
Par définition, le Coqueran nouveau bouge. Toujours. Dans sa jungle à Cholet. Sa base. Mais également sur l'île de Ré. Tous les étés. Et depuis peu, dans une chocolaterie de la région. "Le premier outil de l'entreprise, c'est l'humain, le corps. Il faut qu'il devienne déterminant." Tous les jeudis, dans un hangar de livraison baigné par des odeurs envoûtantes de chocolat, le Martiniquais retrouve des salariés à l'écoute. "Ce sont des gens passionnés. Très attentifs. Liés entre eux. Et respectueux. Dès que j'arrive, ils sont prêts."
Cerise sur le gâteau : en 2024, Bruno Coqueran va enfin réaliser un rêve qu'il poursuit depuis de nombreuses années. Organiser un stage en Martinique. "Ce n'est pas un retour aux sources puisque je suis né à Créteil. Mais ça reste mes racines, ma famille." À la fin du mois de mars prochain, Bruno va encadrer douze Choletais ravis. Au programme : renforcement musculaire, Mouv'Coq et découverte. "Nous allons juste partager un moment de sport sur une île où il fait bon vivre. Je n'y vais pas pour moi ; j'y vais pour le groupe. Amener tous ces gens en Martinique, c'est juste génial."