Jean Castex défendra le maintien en juin des élections départementales et régionales à l'occasion d'un débat devant le Parlement mardi et mercredi, "peut-être en décalant" le deuxième tour au 27 juin selon le président de l'Assemblée nationale.
Le Premier ministre s'exprimera à l'occasion de débats suivis de votes consultatifs à l'Assemblée mardi et au Sénat mercredi. Jean Castex avait indiqué la semaine dernière qu'il privilégiait "à ce stade" le maintien des deux scrutins au 13 et 20 juin, sur fond d'épidémie de Covid.
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a indiqué mardi matin que Jean Castex allait proposer que les élections aient bien lieu au mois de juin, "peut-être en décalant" le deuxième tour au 27 juin, "pour gagner du temps de vaccination, permettre aux campagnes de se faire" et "que ceux qui briguent la succession des sortants puissent se faire connaître, dialoguer avec les Français".
Dans ce cas de figure, le premier tour aurait lieu le 20 juin. Le fait que le scrutin ait lieu comme prévu en juin signifierait qu'il n'y ait pas besoin de nouvelle loi de report.
"Ce qui compte, quand même, c'est pas seulement le maintien des élections, c'est qu'il puisse y avoir une campagne et que les citoyens se déplacent pour aller voter, parce que la démocratie confinée, c'est pas seulement ne pas pouvoir aller voter, la démocratie confinée, c'est quand les citoyens ne s'intéressent pas au scrutin et qu'on ne peut pas faire campagne", a de son côté plaidé Marc Fesneau, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, sur France 2.
Mais en demandant directement aux maires de répondre via les préfets avant lundi midi par "oui" ou "non" à la question de savoir si les conditions préconisées par le Comité scientifique leur semblaient réunies pour tenir les élections, le gouvernement avait semé le trouble. Il s'est attiré les foudres des associations d'élus et de l'opposition, qui l'ont soupçonné de vouloir reporter des élections a priori défavorables pour la majorité.
D'autant que l'Association des maires de France (AMF), l'Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France s'étaient déjà prononcées pour le maintien des scrutins, dans un courrier, daté de jeudi, adressé à l'exécutif.
Tambouille politicienne
"Ce qui me choque c'est la manière dont les maires ont été consultés, en catimini", a dénoncé le patron des députés LR Damien Abad mardi sur RFI, appelant à "sortir de cette dérobade, de cette tambouille politicienne qui lasse les Français".
"Le Premier ministre a consulté la terre entière et il a bien fait, et c'est à son honneur. Et je veux ici condamner tous ceux qui tantôt hurlent parce qu'on ne les consulterait pas assez et ensuite hurlent parce qu'on consulte tout le monde", a répondu M. Ferrand, au départ favorable à un report à l'automne.
Une majorité (56%) de maires directement consultés se sont prononcés pour le maintien des scrutins. Au total, environ deux tiers (69%) d'entre eux ont répondu. L'AMF, dirigée par l'ex-ministre François Baroin et considéré par certains comme présidentiable à droite, s'est félicitée, avec un brin d'ironie, que les élus "conformément à l'avis formulé par ses instances représentatives (...) aient manifesté leur volonté que le calendrier électoral soit respecté" et "su placer l'intérêt général au-dessus de toute considération politique".
Ces atermoiements sont aussi la conséquences de la clause de revoyure prévue dans la loi approuvée cet hiver, qui devait se baser sur un avis du Conseil scientifique. Celui-ci ne s'est finalement pas prononcé sur un éventuel report, laissant début avril la responsabilité à l'exécutif. Or, selon une source parlementaire, "LREM est partagée sur le sujet", Richard Ferrand proposant un report, et Stanislas Guerini, le délégué général du parti, et Christophe Castaner, chef de file des députés, étant "officiellement" pour le maintien. "Macron, en sous-main, est pour le report", selon cette source.
Certaines considéraient comme "un aveu" la lettre adressée la semaine dernière à Jean Castex par Richard Ferrand, dans laquelle il craignait que "l'absence d'une campagne électorale (...) accroisse encore ce qu'il est convenu d'appeler la "prime au sortant"".