L'Outre-mer fête la musique à Paris : retour sur les festivités ultramarines dans la capitale

Des musiciens jouent du gwo ka sur la place des Antilles, le 21 juin 2022.
Pour les 40 ans de la Fête de la musique, Outre-mer La 1ère vous emmène déambuler dans les rues parisiennes. Au programme : un déboulé à la Villette, du gwo ka place des Antilles, un concert 100 % réunionnais à République et le son créole à l'honneur dans les jardins du ministère des Outre-mer.

Le retour à la vie d'avant, en musique. Après deux éditions annulées, ou perturbées, par le Covid-19, la Fête de la musique refait surface dans toute la France. Le son des trompettes et des tambours, les chorales d'enfants, les orchestres symphoniques et les pas de danse sont de retour. Et à Paris, parmi des dizaines d'évènements musicaux, l'Outre-mer s'est donnée une mission : faire du bruit jusqu'à minuit, faire danser les Parisiens sur des sons réunionnais, guadeloupéens, guyanais et martiniquais. Suivez la soirée ultramarine d'Outre-mer La 1ère dans les rues de Paris.

  •  Déboulé Fèt a mizik au Parc de la Villette

Des Antillais et quelques Réunionnais s'attroupent place de la Fontaine aux lions, près du parc de la Villette, pour le traditionnel déboulé guadeloupéen du 21 juin. Jean-Pierre, 61 ans, Guadeloupéen, et Balou, 59 ans, Réunionnais, patientent près de la fontaine. Ils ne loupent jamais cette déambulation festive, qui a lieu tous les ans dans le nord de la capitale.

Vêtus de blanc, avec des touches colorées aux poignets, sur la tête et sur leurs colliers traditionnels, les deux hommes sont venus soutenir les musiciens du collectif Choukaj, qui organise l'évènement. "Il va falloir marcher vite", prévient Balou, avant de conseiller : "Vous feriez mieux de desserrer vos lacets un petit peu si vous voulez suivre le rythme". Jean-Pierre a apporté son chacha, un instrument à percussions. "On est là pour faire vivre les traditions".

Balou, Réunionnais, et Jean-Pierre, Guadeloupéen, participent tous les ans au déboulé de la Fête de la musique, à Paris.

Les musiciens de Choukaj s'échauffent avant le début du déboulé le 21 juin 2022, à Paris.


"Cette musique-là, c'est une drogue", s'extasie Samuel Féréol, qui a géré l'organisation du déboulé. Le Martiniquais se met à siffler. Le défilé va commencer.

En général, on commence le déboulé avec une centaine de personnes. À la fin, on est 3000.

Samuel Féréol, chargé de communication de Choukaj

Au son des coups de fouet sur le sol, qui ouvrent le bal, et des percussions, tout le monde s'élance vers le parc. La foule les suit. Ça y est, la Fête de la musique, version Outre-mer, a commencé.

Déboulé au parc de La Villette pour la Fête de la Musique, à Paris. ©Quentin Menu

  • Gwo ka sur la Place des Antilles

Direction l'Est de Paris. Les restaurants font le plein. Les Français font la fête. Au loin, de lourds coups de tambours résonnent depuis la place des Antilles. Le collectif Ansanm Nou Ka y joue chaque année depuis treize ans. Les enfants se lancent sur la piste, sautant au rythme des percussions. Les plus grands aussi se prennent au jeu.


Joël Cardoville, directeur du groupe, regarde ses musiciens et ses chanteurs passer de la musique aux chants créoles a capella. C'est ça, le gwo ka. Ce style musical originaire de la Guadeloupe est classé au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO depuis 2014.

À deux pas de là, les fêtards font la queue au stand de nourriture antillaise, installé pour l'occasion. Sorbet coco, ti punch, brochettes d'acras... Dans sa cuisine éphémère placée sous une tente, Philippe Léonce, d'origine guadeloupéenne, façonne de la pâte à pain avant de la plonger dans la friture. "C'est pour les bokits", indique-t-il. Une fois fris, ils seront garnis de tomate, de salade, de sauce chien avec au choix : de la morue, du poulet ou de la saucisse. 

La nuit commence à tomber. Il est 21 heures à Paris. Difficile de ne pas être entraîné par le rythme des ka - les tambours traditionnels guadeloupéens. Mais il faut déjà partir. Paris est vaste. La culture musicale d'Outre-mer aussi.

Philippe Léonce fait des bokits sur la place des Antilles, à Paris.

Les gens font la queue devant le stand de nourriture antillaise, place des Antilles, à Paris.

  • Concert 100 % réunionnais Place de la République

On nous avait vendu un concert grandiose, mettant à l'honneur les artistes réunionnais. Pari gagné pour l'Antenne parisienne du Département de La Réunion. La place de la République était remplie pour écouter des morceaux d'Ousanousava et de maloya.

La place de la République accueillait un concert 100 % réunionnais lors de la Fête de la musique, le 21 juin 2022.

De 19h à 23h, Frédéric Joron, Zanmari Baré, Médérice et Junior ont animé la place. Déjà présente aux éditions 2017 et 2019 de la Fête de la musique à Paris, La Réunion a cette année eu droit à 3 hectares pour faire rayonner sa musique et ses chanteurs. Le public n'était même plus à conquérir : beaucoup connaissaient déjà par cœur les titres chantés par les artistes.

  • Du son créole dans les jardins du ministère des Outre-mer

C'est un mélange des cultures qu'a voulu proposer le ministère des Outre-mer pour le concert qu'il organisait le 21 juin dans ses jardins. Parsemée d'Ultramarins et d'adeptes de la culture créole, la pelouse débordait à 22h30.

Guyane, Réunion, Guadeloupe, Martinique... Presque tous les départements ultramarins étaient représentés sur scène. Ne manquait que Mayotte. Jocelyne, une Antillaise à la retraite, est venue passer la soirée au ministère, dans le 7ᵉ arrondissement de la capitale. "Même si la musique n'est pas de ma génération, il y a beaucoup d'ambiance", rigole-t-elle. "Ça me rappelle la Martinique".

Yoan, artiste guadeloupéen, chante sur la scène, dans les jardins du ministère des Outre-mer, le 21 juin 2022.

Le concert au ministère des Outre-mer mettait à l'honneur le son créole.


L'artiste guadeloupéen Yoan, une des grandes voix zouk du label Aztec Musique, descend de scène après avoir chauffé la foule et passe le relai à son compère Misié Sadik. Survolté par sa performance, il ne cache pas son excitation d'avoir chanté à l'occasion de la Fête de la musique. "Ça fait deux ans qu'on n'a pas vu le public [à cause du Covid-19], avance-t-il. Mais en réalité, le ressenti, c'est huit ans !". Étaient également prévus dans la programmation : Akoda (île Maurice), Mikl (La Réunion), Ji Kann', Saïna Manotte (Guyane) et Stacy (Martinique).

Sans la musique, je ne fais rien, je n'ai pas de vie. C'est normal de la célébrer correctement le jour de la Fête de la musique (...) C'est une façon de faire de belles rencontres, de se retrouver.

Yoan, chanteur guadeloupéen

Les lumières des portables s'allument dans le public, créant un semblant de ciel étoilé dans la cour du ministère des Outre-mer. Après trois heures de sons créoles, le concert touche à sa fin. Le temps d'un soir, les chanteurs, les danseurs, les fêtards, les couches tard, les Ultramarins, les Parisiens... Tous ont tourné la page de deux années de disette musicale. Paris a fêté les Outre-mer. Les Outre-mer ont fait danser Paris.