Alors que le Premier ministre Michel Barnier vient de présenter son discours de politique générale devant les députés ce mardi 1ᵉʳ octobre, l’heure est maintenant à l’élection des présidents des différentes délégations parlementaires. Parmi elles : celle des Outre-mer. Créée en 2012, elle est chargée d’informer la représentation nationale sur les questions relative à ces territoires.
Cette délégation rassemble des élus d'Outre-mer ou non qui souhaitent se pencher de façon plus approfondie sur les politiques publiques ultramarines qui ne relèvent pas de la compétence d'une seule commission.
Un mode de scrutin particulier
La délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale se compose actuellement de 54 députés. Parmi eux : les 27 élus ultramarins, tous membres de droit. L’élection du président de cette délégation doit donc respecter un mode de scrutin bien spécifique pour maintenir un équilibre tant au niveau géographique que politique. La moitié des votants sont des élus d’Outre-mer, l’autre moitié est composée d’élus de l’Hexagone, désignés proportionnellement à la taille de leur groupe parlementaire. Ainsi, le Rassemblement national présentera plus de votants de l'Hexagone (6) qu’Ensemble (5), la France insoumise (3), le MoDem (2) ou encore Horizons (1).
Ce mercredi, à partir de 17h, les députés présents vont voter lors d’un premier tour. Après celui-ci, les quatre candidats pourront choisir de se maintenir ou se retirer pour le second. Enfin, si aucune majorité absolue n’est acquise, le candidat qui remporte le plus de voix (majorité relative) au troisième tour, est élu. Son mandat dure jusqu’à la fin de cette législature.
Quatre candidats de tous horizons
Depuis le 22 juin 2023, la délégation est présidée par Davy Rimane. Le député de la deuxième circonscription de Guyane est candidat à sa réélection avec un programme centré sur le budget. "Cela fait à peine un an que j’ai été élu, les rapports des travaux n’ont même pas eu le temps de sortir à cause de la dissolution de l’Assemblée nationale" regrette l'élu guyanais. Membre du groupe Gauche Démocrate et Républicaine (GDR), il fait partie des favoris et pourra compter sur le soutien des élus du Nouveau Front Populaire.
Rien n’est gagné cependant car le NFP n’a pas la majorité absolue, il faudra donc convaincre si on veut poursuivre les travaux que nous avons engagés au cours de la dernière année.
Davy Rimane, député de Guyane
C’est le cas par exemple de Frantz Gumbs, candidat MoDem pour le camp présidentiel. "Peut-être que la délégation n’a pas été utilisée à bon escient" regrette un proche de l’élu de Saint-Martin en dénonçant "le côté trop militant" de la présidence de Davy Rimane. Il faut dire que plusieurs élus de ce bord semblent souhaiter "une politique similaire à celle menée entre 2017 et 2022 par le Guadeloupéen Olivier Serva", alors député LREM, et "davantage orientée vers le lobbying auprès des différentes institutions nationales et européennes".
Deux candidats de l’océan Indien postulent aussi à la présidence de la délégation aux Outre-mer. D’abord, la Mahoraise Estelle Youssouffa, dont le cheval de bataille reste la question de l’immigration. La membre du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) et secrétaire de la Commission des affaires étrangères ne souhaite pas s’exprimer avant le scrutin, mais pourrait éventuellement s’allier à son confrère de La Réunion, Joseph Rivière (RN), lui aussi candidat. "Mathématiquement, c’est difficile", nous confie un collaborateur du député du Rassemblement national, avant de nuancer : "Les récents scrutins ont montré que mathématiques riment rarement avec politique".