Covid-19 : "Nous sommes tous fatigués" témoigne Maurice Tarcy, infirmier en région parisienne

Le personnel hopitalier en première ligne face à la deuxième vague de Covid-19.
En avril dernier, l'infirmier guyanais Maurice Tarcy faisait partie des soignants qui avaient accepté de nous raconter leur quotidien face à l’épidémie de covid. Aujourd’hui, le syndicaliste CGT estime que sa direction n’a pas tiré tous les enseignements de la première vague.
 
Outre-mer la 1ère : Comment vous et vos collègues avez-vous abordé cette deuxième vague de covid ?
Maurice Tarcy : Nous sommes tous fatigués. La première vague a engendré beaucoup de dégâts parmi les infirmiers (es) et les aides-soignants (es). D’autant plus que nous avons augmenté nos journées de travail pour permettre à ceux qui y avaient droit de partir en vacances. Les heures supplémentaires ont été payées, mais la fatigue est là. Notre hôpital (Emile Roux, à Limeil-Brévannes, de l'AP-HP) est spécialisé dans la gériatrie. Ce qui fait que nos patients posent souvent plusieurs fois la même question. En temps normal, le personnel a de la patience. Mais là, avec la fatigue, ils s’énervent. Les patients deviennent une charge, alors que d’habitude ce sont des humains. Avant, on en rigolait. Mais là, ça ne passe plus. Heureusement que les visites des familles sont réduites, cela limite les risques de situations conflictuelles.
 

Outre-mer la 1ère : Lors de la première vague, les matériels de protection pouvaient manquer. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Maurice Tarcy : Pour l’instant, en matière de protection, nous avons ce qu’il faut. Mais l’épidémie monte en plateau. On risque d’être à court, en surblouses et en gants, si ça continue comme ça. En revanche, ça va pour les masques.

Outre-mer la 1ère : Et au niveau personnel ?
Maurice Tarcy : La fondation AP-HP a obtenu des dons supplémentaires de la part de grandes entreprises, et on en a profité pour former du personnel. Au départ, pour l’ensemble de l’AP-HP, 50 personnes étaient concernées. Leur nombre est monté à 170. L’assistance publique a aussi réquisitionné des élèves infirmiers. Leur stage classique a été transformé en stage covid. Du coup, ils font fonction d’aide-soignant, ils aident pour les toilettes. Mais ce ne sont pas les attributions de futurs infirmiers. On s’est battus pour qu’ils obtiennent 75% du SMIC plutôt qu’un simple défraiement car ils effectuent le même boulot que le autres aide-soignants.

Outre-mer la 1ère : Estimez-vous que votre direction a tiré les enseignements de la première vague de covid ?
Maurice Tarcy
 : En tous cas, ils n’ont toujours pas appris à anticiper pour la prise en charge et la répartition des patients. On ne consulte pas les soignants. Ce qui fait que l’on va d’ordres en contre-ordres. Par exemple, en prévision de cette nouvelle vague de covid, la direction avait envisagé une unité de 30 lits. On leur disait que ce n’était pas assez et qu’il valait mieux prévoir tout de suite 60 lits. Résultat des courses, nous avons finalement un bâtiment entièrement covid avec 60 lits et il va nous falloir ouvrir un autre.