Sur les bords du lac Léman, Clarisse Da Silva s’accorde une pause avant de reprendre sa formation au Palais des Nations. Une promenade devant le jet d’eau, symbole de la ville de Genève, laquelle la jeune artiste et militante engagée prend le temps de se confier. Clarisse est issue de la nation Kali’na Tileuvu et originaire du village Paddock à Saint-Laurent-du-Maroni. "Les six dernières nations autochtones de Guyane sont aujourd’hui menacées d’invisibilité. Nous sommes environ 10 000 et nous avons besoin d’avoir une voix pour faire entendre nos revendications", indique-t-elle.
À Genève, elle veut se familiariser avec le droit international, la géopolitique ou encore les mécanismes de recours en cas de violation des droits des peuples autochtones par l'Etat. " On a de plus en plus de jeunes diplômés, qui s’assimilent, qui s’adaptent à un monde moderne occidental. Ils apprennent tous les jours de nouvelles choses, ils font beaucoup de recherches et se rendent compte qu’ils ont des droits à faire valoir".
Une immense fourmilière
Le Palais des Nations Unies de Genève est une immense fourmilière. 1 600 employés travaillent ici et s’assurent du bon déroulement de plus de 8000 réunions chaque année. Tous les matins, la jeune femme y retrouve une quarantaine de jeunes originaires des 4 coins du monde venus, comme elle, se former sur les questions liées aux droits de l’Homme. "Cette bourse va me permettre de mieux connaître les mécanismes et le fonctionnement politique et de comprendre comment fonctionnent les discussions, les négociations. C’est sûr que grâce à ce programme, la voix des peuples autochtones va avoir beaucoup plus de poids. Je suis ici pour comprendre comment le système fonctionne. C’est essentiel pour pouvoir se défendre aujourd’hui dans le monde dans lequel on vit".
Un avenir prometteur
Clarisse s’était déjà présentée en 2017, mais « un peu précipitamment » et n’avait pas été retenue. Cette fois, avec l’appui de l'Organisation des Nations Autochtones de Guyane (ONAG), la jeune femme a obtenu sa sélection et elle affiche une volonté qui fait l’admiration du coordinateur de cette formation. "Clarisse est l’une des plus jeunes participantes à ce programme, elle connaît très bien sa propre identité, son peuple, sa culture et elle est très fière de ça. Son avenir est très prometteur, car elle est très impliquée", indique Morse Flores.
À l’issue de sa formation, Clarisse prononcera un discours à la tribune de l’ONU. Elle y travaille ardemment, mais hésite encore sur le thème qu’elle défendra. Si elle est très sensible aux droits des enfants, elle est aussi très intéressée par la place des autorités coutumières dans les discussions sur l’avenir de la Guyane.
(Re)voir le reportage diffusé sur Guyane la 1ère