Rassemblés sur la piste du vélodrome de Champ-Fleuri, à La Réunion, plus de 2.000 musulmans ont prié mercredi matin pour célébrer l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan.
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Les premiers sont arrivés vers 06H00 alors qu'il faisait encore nuit. "Lèr fréi done paké" ("le froid se déchaîne" en créole réunionnais), lance Ibrahim, un jeune homme venu avec son copain Fayçal. En ce début de matinée d'hiver austral, la température ne dépasse pas les 17 degrés.
La prière a commencé à 7H10 (5H10 à Paris), au moment où le soleil s'est levé
Les abords du vélodrome situé à l'entrée du chef-lieu sont rapidement transformés en parking improvisé. "Il y a plusieurs années que cette prière est organisée ici, nous sommes bien rodés maintenant," commente Jean-René, l'un des employés communaux affectés à la surveillance du site. Venus en famille, avec leurs fils, entre amis, en groupe, revêtus de leurs habits de fête, kaftans dorés ou argentés et chèches immaculés, les participants à la prière - rien que des hommes - se déchaussent à l'entrée de la piste et installent leurs tapis.
Délimités par des bandes adhésives blanches, les rangs sont serrés et bien rangés. La prière a commencé à 7H10 (5H10 à Paris), au moment où le soleil s'est levé. Au total 2.000 "Zarabes" (nom donné en créole réunionnais aux musulmans de La Réunion, sans lien avec leur origine ethnique puisqu'ils sont majoritairement originaires du Gujrat, une région du Pakistan) sont rassemblées.
"Celle qui dit qu'il faut tuer en son nom, nous ne la connaissons pas et en tout cas ce n'est pas Dieu"
En face d'eux, un imam prêche. Il traduit en français les "hadiths" relatant les actes et les paroles du prophète Mohamed. "Vous entendez, il parle d'un Dieu qui prône l'amour, la tolérance, le respect du prochain. C'est le seul Dieu que nous, les musulmans de La Réunion, nous prions. L'autre entité, celle qui dit qu'il faut tuer en son nom, nous ne la connaissons pas et en tout cas ce n'est pas Dieu", commente Hamada, un père de famille présent avec ses deux jeunes garçons.
Des passants les regardent un instant prier avant de reprendre leur route. Amplifiée par la sono, la psalmodie des versets du coran accompagne les automobilistes coincés dans les bouchons. "C'est leur religion, ils ont le droit de pratiquer. Avec ou sans prière il y a de toute façon des embouteillages, alors je ne vais pas me prendre la tête" commente, philosophe, Eric au volant de sa petite voiture.
À La Réunion, île très religieuse, le christianisme, - majoritaire -, l'islam, l'hindouisme, le bouddhisme et l'animisme se côtoient et se pratiquent sans heurts particuliers.