Alain Dambreville, agriculteur et président de l’Arméflhore
La tendance générale en matière agricole à l’échelle mondiale c’est la diminution de l’usage des molécules chimiques donc on est obligé de trouver d’autres alternatives pour continuer à produire. Un défi difficile car il n’y a pas d’hiver à la Réunion. Il fait beau et chaud toute l’année et les insectes sont présents du 1er janvier au 31 décembre. La pression sanitaire est constante d’autant que les échanges avec les îles Mascareignes et l’Afrique font qu’il y a une nouvelle maladie et de nouveaux insectes tous les ans.
Face au manque de solution chimique, la lutte biologique est une des solutions choisies. L’Arméflhor trouve des méthodes alternatives et utilise les insectes contre les nuisibles.
« La nature est très bien faite. Quand vous avez un nuisible, généralement, vous avez un insecte utile qui permet de le contrer. Le tout étant de retrouver les équilibres. Ce n’est pas une science exacte. Ça demande de tâtonner. C’est un travail de longue haleine. C’est tout le challenge de l’Arméflhor : soutenir les agriculteurs à adopter de nouvelles pratiques pour qu’ils n’utilisent plus d’insecticides et qu’on réponde vraiment à une attente du consommateur. »
Aujourd’hui, nombreux sont les agriculteurs réunionnais qui utilisent les insectes au lieu de produits phytosanitaires. Et selon eux, leur rendement s’améliore et leur production répond à l’attente des consommateurs.
La ferme Coccinelle est une biofabrique qui s’est spécialisée dans la lutte biologique. Elle élève deux micros guêpes endémiques de la Réunion pour lutter contre des ravageurs qui s’attaquent aux cultures maraîchères. Une alternative aux produits phytosanitaires qui est utilisée par plus de 150 agriculteurs maraîchers.
Bruno Fontaine, agriculteur à l’Etang Salé
« Je travaille des tomates sous abris et j’utilise depuis plusieurs années ces auxiliaires. Je suis de très près ce qu’ils font à la ferme Coccinelle car pour nous, les agriculteurs, c’est très intéressant dans la mesure où ça permet de limiter tout ce qui est traitement. »
Comment cultiver des tomates biologiques toute l’année et en quantité suffisante pour répondre à la demande des réunionnais qui sont déjà 850 000 ? Un défi qu’a relevé avec succès l’Arméfhlor. Pour cela, la tomate est cultivée sous serre en utilisant diverses techniques biologiques. Ce schéma global inclus même une pollinisation de la tomate de manière naturelle par un insecte indigène. Le xylocope est utilisé dans les serres.
Toulassi Nurbel, docteur en biologie et ajointe au directeur technique de l’Arméflhor.
« C’est une sorte de grosse mouche qu’on a aujourd’hui domestiquée pour qu’elles restent dans les serres et qu’elle pollinise les tomates. Cet insecte est capable d’augmenter la productivité de plus de 30 %, ce qui est considérable en agronomie ! » .