La SLN sera compétitive en 2018 : Les administrateurs d’Eramet ont évoqué la future centrale électrique de Doniambo

"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable
A Paris, le soutien à la SLN a fait l’unanimité du Conseil d’administration d’Eramet. La question de la centrale électrique de l'usine, outil de compétitivité indispensable, sera rapidement posée. L'aciériste japonais Nisshin Steel ne participera pas au refinancement.
Si le Conseil d’administration d’Eramet s’est déroulé dans une ambiance studieuse et positive selon un participant, le dossier de sauvetage de la SLN doit encore être finalisé. Eramet va débloquer 40 millions d’euros supplémentaires pour la Société Le Nickel (SLN), sa filiale calédonienne. Les fonds, qui s’ajoutent aux 150 millions d’euros déjà votés depuis décembre, serviront à assurer l’activité de la plus ancienne usine métallurgique du Pacifique-sud. La STCPI calédonienne qui porte la participation des provinces dans la SLN apportera 127 millions d’euros : « L’objectif est que la SLN soit compétitive d’ici la fin de l’année 2018, c'est-à-dire produire du nickel autour de 4,5 dollars la livre (9 900 $ la tonne ndlr) rappelle Philippe Gomes, député (UDI) de Nouvelle-Calédonie et administrateur d’Eramet au nom des trois provinces calédoniennes.
 

Montage financier

L’actionnaire minoritaire japonais Nishin Steel, qui détient 10 % de l’entreprise calédonienne, ne participera pas au refinancement, ce qui obligera à compenser son absence par un apport supplémentaire. De son côté, la Société territoriale calédonienne de participation (STCPI) qui détient les 34 % des provinces calédoniennes doit encore négocier, pour améliorer une première proposition de prêt à 5 % qui serait indexée sur l’évolution des cours du nickel au LME de Londres.
 

La SLN compétitive

Au final, la SLN aura besoin de 500 millions d’euros. Dans ses grandes lignes, l'opération de financement devrait être bouclée pour la prochaine assemblée générale d’Eramet qui se tiendra le 27 mai prochain à Paris. Philippe Gomes, qui s’exprimait mardi soir de Paris en direct dans le journal télévisé de Nouvelle-Calédonie 1re, résume l’enjeu : « Il faut donner à la SLN un nouvel horizon, ce nouvel horizon signifie qu’elle soit compétitive et capable d’affronter le marché international des métaux (LME), même quand les cours du nickel sont bas. »
 

Charbon ou gaz

Si la question du refinancement de la SLN a été au centre des débats, et avec elle la question du maintien de l'emploi des 2000 métallurgistes calédoniens, la question du remplacement de la centrale électrique de l’usine de Doniambo a bien été évoquée par le Conseil d’administration d’Eramet. Ce remplacement est indispensable à la compétitivité future de la SLN. L’État se porterait garant de 80 % du financement, la règlementation européenne qui s’appliquerait à Eramet ne permettrait pas de faire plus. Là encore, il faudra trouver un partenaire énergéticien, comme Enercal. Les administrateurs du groupe n’ont pas exclu de relancer l’étude d’un projet au gaz, plus compatible avec les engagements de la COP 21 mais plus risqué en zone urbaine. Cette option serait donc de nouveau sur la table, suite à de nouvelles propositions australiennes. Néanmoins, l’option du charbon « propre » resterait privilégiée, car plus économique et plus simple pour un industriel électro-intensif comme la SLN. Le conseil d’administration d’Eramet se saisira de la question après l' assemblée générale du groupe minier qui se tiendra à Paris le 27 mai prochain.
 

La SLN, un industriel calédonien et mondial

À Nouméa, les cheminées de l’usine de Doniambo et les manœuvres des minéraliers font partie du paysage. Le nickel de la SLN est présent dans l’acier et l’argenterie des villes d’Europe et du monde depuis 1880.  Dès cette époque, l’argentier Christofle avait passé un accord d’exclusivité avec la Nouvelle-Calédonie, et il tient toujours. En 1914, le nickel calédonien donna sa résistance à l’acier des " canons de la victoire", les fameux "75" produits par Schneider à Creusot-Loire. En 2020, les premiers sous-marins de DCNS en Australie auront une coque composée d’acier de type 80 HLES (à 10% de nickel) et ce nickel de haute qualité sera vraisemblablement fourni par Eramet et la SLN.
L’accord du 9 mai à Paris, entre les actionnaires du groupe, est donc une excellente nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie et pour les travailleurs de la SLN. Il écarte le risque d’une cessation de paiement de l’entreprise et intègre le plan gouvernemental de mobilisation pour la Nouvelle France industrielle. De toute évidence, le message de soutien à la SLN adressé depuis Nouméa par la Premier ministre Manuel Valls a été entendu par les actionnaires. Dans la région, l'engagement de l'Etat français est jugé "impressionnant" par la presse australienne.