Vers un label éthique pour l’industrie minière mondiale : la Nouvelle-Calédonie pourrait déjà l'obtenir

Transport du minerai de nickel dans l'usine de nickel SLN de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Sous la pression de l’opinion publique mais aussi des investisseurs et de certains producteurs, le monde des mines est en train de changer. Traçabilité, règles sociales et environnementales, les producteurs les plus vertueux ont tout à y gagner, les autres en revanche…
 
Le label CERA est une initiative soutenue par les instances européennes. Il regroupe des entreprises minières et métallurgiques, des universités européennes et des chercheurs qui veulent s’engager dans le développement durable et la production équitable. La démarche concerne le groupe métallurgique et minier français Eramet qui a déjà décidé de "placer la responsabilité et le développement durable au cœur de son action", et notamment en Nouvelle-Calédonie.

Cobalt : le scandale du travail des enfants
L’initiative ne doit rien au hasard. Elle trouve ses racines au cœur de la plus importante région métallurgique d’Europe, à Essen dans la Ruhr. A l’initiative du projet CERA, la société DMT symbolise la capacité d’adaptation et de transformation de l’industrie allemande. DMT conseille l’industrie minière, elle possède une expertise reconnue par ses clients. Engagée dans la transition énergétique, elle sait que les métaux industriels vont devoir répondre à la demande croissante du secteur mais aussi que l’activité minière est souvent contestée. Pour revaloriser son image, le projet CERA souhaite imposer de la transparence à tous les producteurs, à tous les négociants. Il va donc proposer, dès 2020, un label de certification mondial et uniformisé pour l’ensemble des minerais et sur toute la chaîne de production : de l’extraction minière au produit métallurgique, en passant par le transport. "Notre priorité a été le cobalt en République démocratique du Congo, à l’avenir nous voulons garantir que celui qui sera vendu n’aura pas été extrait par des enfants" indique Andreas Hucke, directeur du projet CERA et responsable du secteur des métaux durables chez DMT. À terme, tous les minerais, y compris le nickel et le cuivre, seront concernés. La certification s’établira selon quatre standards. Les informations seront accessibles et elles permettront notamment la traçabilité des minerais. "Nous voulons nous assurer de l'origine des métaux. Que les composants des smartphones et des ordinateurs respectent les normes environnementales et sociales" poursuit Andreas Hucke, avant de conclure "je suis géologue, je connais donc l’importance de la Nouvelle-Calédonie pour le nickel et le cobalt, je n’ai rien à dire de particulier, rien à reprocher."

Les investisseurs s'engagent 
Dans le monde des matières premières et des métaux industriels, il est apparu nécessaire d’établir des certifications éthiques et environnementales, pour l’industrie minière mais aussi pour les négociants industriels. La récente pollution de la baie de Madang en Papouasie-Nouvelle-Guinée, par des boues rouges toxiques provenant d’une usine de nickel, a suscité un vif émoi dans le pays et jusqu’en Australie, mais aussi dans le milieu des analystes des matières premières, bien plus sensible que par le passé aux questions environnementales. Ainsi, la vénérable institution du London Metal Exchange (LME) a décidé, après plus de 140 ans d’existence, d’imposer des normes éthiques à ses fournisseurs. Reste à savoir comment elle compte les faire respecter. Les nouveaux critères entreront en vigueur en 2023. Ils suivront les normes éthiques fixées par l’OCDE et demanderont l'origine des métaux échangés autour de la corbeille ou lors des échanges électroniques. "C’est une bonne chose qui devrait aider les producteurs miniers les plus vertueux, la Nouvelle-Calédonie, le Canada, les pays où l'on respecte les droits humains" conclu David Wilson, stratège indépendant des métaux industriels et fin connaisseur de la production calédonienne de nickel.