DJ Slo nous entraîne dans un dédale de petits passages, aménagés à flanc de falaise, qui mènent tout droit au bord de la mer, dans l'ouest de Marseille. "C'est mon spot. Ça fait du bien de venir ici pour se calmer un peu après des soirées où il y a beaucoup de musique", rit-il. Ce lieu doit rester secret, insiste-t-il. Habillé d'un simple t-shirt clair et d'un pantalon cargo, les locks regroupées en queue de cheval, Slohan, son vrai prénom, n'a que 22 ans. Pourtant, à l'entendre, il pourrait en avoir une poignée de plus. Car Slohan est sur tous les projets.
Cela fait maintenant un an qu'il a arrêté ses études pour se consacrer pleinement à la musique. Originaire de Sainte-Anne, en Guadeloupe, il a toujours grandi avec les influences reggae et dancehall de ses parents. C'est là-bas qu'il s'essaye au mixage. Mais c'est surtout à Marseille, où sa famille a déménagé il y a six ans, qu'il a appris à aimer mixer des sons.
Mes parents m'ont acheté ma première platine parce que je connaissais personne, je m'ennuyais un peu. Le premier hiver, je l'ai passé à mixer, mixer, mixer. La passion, elle est venue en pratiquant.
Slohan, DJ à Marseille
Pendant ses études, il anime quelques soirées à droite à gauche. Puis, de plus en plus, son téléphone sonnait. On le réclamait pour mixer. Il en a donc fait son métier.
La 1ère a assisté à une de ses soirées, à la Voûte Virgo, un bar de Marseille :
Aux soirées de Slo, la playlist est principalement constituée de sons caribéens, projetant les fêtards dans une ambiance shatta/dancehall qui n'existait pas forcément avant. Tous les vendredis, le DJ, en duo avec un autre mixeur, est en résidence à la Voûte Virgo, un bar branché du centre-ville de Marseille, situé à quelques pas du Vieux-Port. Slo a conquis le gérant du bar. "On fait ça depuis juillet, et c'est une super réussite", se réjouit Paul Santoni.
West Indies Kartel
En plus de ses mix, DJ Slo a commencé à produire ses propres sons et s'est lancé dans l'organisation de soirées en créant son propre label : le West Indies Kartel (WIK). "Le but, c'était de ramener des vraies soirées antillaises sur Marseille, explique-t-il. Maintenant, les soirées shatta, dancehall, tout le monde fait ça, ça n'a plus aucun sens. J'ai voulu ramener quelque chose de légitime, de culturel dans ces soirées-là." Avec le WIK, il a pour ambition de démocratiser la culture afro-caribéenne, trop peu connue selon lui à Marseille.
Au début du mois de septembre, il a ainsi organisé un mini festival sur la plage Borély de la cité phocéenne, invitant un grand nombre d'artistes antillais, mais aussi marseillais : Maureen, Scorpio Qveen, Alpha, Lorkestra, Stanaboite ou encore Tshiala. Pour son prochain évènement, Slohan voit les choses en grand : "J'aimerais organiser un carnaval à Marseille, comme ce qu'il se fait à Montpellier ou Toulouse. On espère donner rendez-vous au public en février [2024] pour retourner les rues de Marseille !"
De temps en temps, DJ Slo fait des petites escales chez lui, en Guadeloupe, où il aime aller mixer au Baholi, un bar tendance situé en bord de plage à Sainte-Anne, ou dans des évènements privés. Il retourne d'ailleurs au pays au mois de décembre. "La vibe qu'on essaie de ramener ici à Marseille, ça vient de là-bas. Du coup, quand on est là-bas, on se sent à la maison, les gens connaissent tous les sons. On peut se permettre des trucs qu'on se permettrait pas à Marseille", dit-il.
Dans les années à venir, Slohan aimerait se produire en festival, comme le All Day In de Guadeloupe. Mais pour évoluer sur la scène DJ, il sait qu'il devra, un jour ou l'autre, quitter Marseille. Il se voit peut-être débarquer à Paris. Voire plus loin : "Londres m'appelle pas mal en ce moment."
Cet article fait partie d'une série de reportages à Marseille, où Outre-mer la 1ère s'est rendue pour y rencontrer la communauté ultramarine. Retrouvez l'ensemble des articles ici et nos vidéos sur Instagram.