Ce qui surprend au premier contact avec Anthony Philippe c'est son exceptionnelle maturité. Un jeune homme calme, posé et surtout déterminé depuis plusieurs années à faire du ciel son espace de travail.
Ce jour-là, Anthony nous donne rendez-vous à Perpignan dans le sud de la France. Il est accompagné de Quentin, 21 ans, son ami et "élève" à qui il va donner un cours de pilotage. Fraîchement diplômé officier pilote de ligne de l'école de pilotage "Aéro-Pyrénées", Anthony vient également de réussir sa formation d'instructeur pilote de ligne à Lognes, en région parisienne. À seulement 20 ans, il est désormais prêt à rejoindre une compagnie aérienne et à prendre les commandes d'un Boeing ou d'un Airbus.
Les prémices de cette passion ont un point de départ. Nous sommes en 2010 à la Réunion et la fin de classe est un moment privilégié pour le petit Anthony, 8 ans.
En CE2, j'avais un professeur des écoles qui, dans ses heures de loisirs, était pilote privé. Constatant mon intérêt pour les avions, il me racontait ses vols et me dessinait des schémas au tableau. Ma passion du pilotage vient de là.
Anthony Philippe
Les maquettes et les consoles de jeux vidéo avec les simulateurs de vol vont jalonner son enfance, puis son adolescence jusqu'au bac où la décision de devenir pilote de ligne sonne alors comme une évidence. Anthony est déterminé à réussir, avec une préférence pour le long courrier.
Un rêve au prix de nombreux sacrifices
À 15 ans, Anthony rejoint l'école de pilotage "Aéro-Pyrénées" à Perpignan. La formation coûte 80 000 euros. "J'ai réussi en quatorze mois, certains mettent davantage de temps, pour moi ça s'est bien passé", affirme-t-il modestement. Il décroche brillamment ses galons d'officier pilote de ligne au mois de décembre dernier et réserve ses premiers mots à ses parents qui ont cru en lui. "Sans eux, je n'aurais pas pu faire ça", précise le jeune pilote.
Cette étape franchie, Anthony garde la tête froide. Il est conscient que la route est encore longue et semée d'embûches. Avant de s'asseoir dans le cockpit d'un avion de ligne, sa passion aussi forte soit-elle ne suffira pas. Alors, le jeune homme decide de se spécialiser et, après une formation intensive de trois mois à Lognes, en région parisienne, il obtient sa qualification d'instructeur et ajoute une nouvelle corde à son arc. "En devenant instructeur, je ne suis pas rémunéré, mais je peux cumuler des heures de vols et acquérir de l'expérience". Un coup de maître et décisif pour la suite de son parcours. "Aujourd'hui, beaucoup de jeunes diplômés sont contraints de renoncer à piloter faute de pouvoir présenter un nombre d'heures de vols suffisant pour convaincre une compagnie aérienne", précise Anthony.
Se poser à la Réunion
Retour à l'école de pilotage "Aéro-Pyrénées". Dans la salle de cours, Quentin écoute religieusement les instructions de vol d'Anthony, avant de rejoindre le simulateur de vol et enfin l'avion où l'élève appliquera les consignes développées par le jeune instructeur. "C'est très rare de rencontrer des instructeurs aussi jeunes", affirme Quentin, qui ajoute admiratif, "il est très calme, à l'écoute et s'adapte à l'élève sans excès de pression".
Check-list, moteur, dernières instructions... Le petit avion s'aligne doucement sur la piste avant de prendre son envol jusqu'à disparaître dans le ciel de Perpignan. Anthony trace son chemin et croit en son étoile. Un jour, c'est certain, il posera un Airbus ou un Boeing de la flotte d'Air Austral, la compagnie réunionnaise, sur la piste de l'aéroport Roland Garros. Le jeune pilote est convaincu depuis sa plus tendre enfance que "le futur appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves" (Eleanor Roosevelt).