Faune et Flore de La Réunion est un petit livre compact qui décrit de manière très précise et en images une nature fabuleuse. Son auteur Dominique Martiré a photographié la grande majorité des 150 espèces décrites. Zoom sur deux animaux et une plante emblématiques de l’île.
Dominique Martiré aime sillonner les sentiers de La Réunion. Installé depuis 50 ans dans l'île, cet ancien professeur d’électromécanique, ex-chef de travaux au lycée professionnel Pau-Langevin à Saint-Joseph a toujours apprécié la nature luxuriante de l’île intense.
Il a participé à de nombreuses études avec l’insectarium du Port, aujourd’hui fermé. Après le Grand livre des plus beaux insectes de La Réunion qui a reçu le prix Dolfus de la société entomologique de France, Dominique Martiré s’est penché sur d’autres animaux et sur les végétaux. Pendant 10 ans, il a travaillé à la préparation de ce nouveau livre intitulé Faune et Flore de La Réunion (Editions Delachaux et Niestlé) sorti fin janvier 2021.
Outre-mer la 1ère a demandé à son auteur d’en donner un aperçu à travers trois espèces.
►Le gecko vert de Manapany
C’est une espèce endémique de La Réunion. On en trouve essentiellement entre la plage de Grande anse et l’embouchure de la rivière Langevin. "Il faut absolument préserver cette espèce, dont les quelques représentants se trouvent encore à Manapany, mais il n’en reste pas beaucoup", se désole Dominique Martiré. Les geckos verts de Manapany sont la proie d’une couleuvre introduite. Or cette dernière peut grimper dans les vacoas, ces arbres à grandes feuilles et racines aériennes où les geckos vivent. Cette couleuvre loup porte bien son nom.
Par ailleurs, ces geckos sont aussi la proie de collectionneurs peu scrupuleux. Autre menace et non des moindres : l’agame des colons. Ce gros lézard noir et orange a été introduit sur l’île de La Réunion dans les années 90. Des dockers l’ont repéré en 1996 dans l’enceinte portuaire de la commune du Port. "On pense que quelques lézards ont été amené à bord d’un container en provenance d’Afrique du Sud", explique Dominique Martiré.
Ces agames des colons se sont très bien adaptés à l’île intense à tel point qu’ils ont déjà colonisé une bonne partie du littoral réunionnais. Dominique Martiré en a même observé un, dans son propre jardin à Petite île. Or sa commune n’est qu’à 5 km de Manapany. Si les lézards approchent ce site, c’en est fini pour les geckos de Manapany.
►L’euglandine ou escargot carnivore de Floride
C’est un escargot à la carapace rose qui a l’air joli quand on l’observe. Mais en fait, c’est un redoutable prédateur, totalement néfaste pour la diversité de la faune réunionnaise. L’euglandine est l’exemple parfait d’une fausse bonne idée. Cet escargot carnivore a été choisi pour lutter contre les achatines africains introduits dans les îles du Pacifique et de l’océan Indien.
Mais au lieu de s’attaquer aux achatines, l’euglandine a préféré les petits escargots indigènes ou endémiques de La Réunion. Dominique Martiré a justement fait une expérience chez lui. Il a attrapé un escargot carnivore de Californie et l’a mis dans un vivarium avec un petit gris. "En une heure, il l’a dévoré", s'étonne encore le naturaliste.
►Petit bois de rempart
Cet arbuste rose est la plante la plus vénéneuse de La Réunion. On dit couramment qu’une feuille peut tuer un bœuf. "Toutes les parties de la plante sont extrêmement toxiques " écrit Dominique Martiré dans son livre. Le naturaliste raconte que "le vétérinaire de Petite Île n’a pas réussi à sauver un cabri qui avait mangé du bois de rempart". De même, un apiculteur de l’île avait eu la mauvaise idée de disposer ses ruches à proximité de bois de rempart. "Le miel a causé quelques troubles digestifs chez ses clients", note Dominique Martiré. "Quand on ne connait pas une plante, il ne faut jamais la mettre dans sa bouche", insiste le spécialiste de la faune et la flore de La Réunion.
On trouve le grand bois de rempart, arbre des coulées de lave (tout aussi toxique que le petit), dans les Bas jusqu’à 1200 mètres. Le petit bois de rempart se situe souvent au-dessus des 2000 mètres, dans les Hauts de La Réunion.
Dégradation de la biodiversité
Au fur et à mesure de ses observations, Dominique Martiré a constaté une certaine dégradation de la faune et la flore de La Réunion. "Nous sommes trop nombreux et les constructions empiètent de plus en plus sur le milieu naturel", dit-il. Toutefois, le naturaliste constate que la biodiversité réunionnaise est mieux préservée que celles de l’île Maurice ou de Madagascar. "La Réunion est protégée par son relief alors qu’à Maurice, partout c’est habitable", remarque-t-il. Dominique Martiré se félicite aussi d’avoir sur l’île un Parc national soumis à une surveillance qui permet une meilleure conservation de la nature.
Exotique, indigène ou endémique ?
Une espèce endémique est une espèce que l’on ne trouve qu’à un endroit. Une espèce indigène est venue par ses propres moyens sans intervention de l’homme, à la différence d’une espèce exotique, introduite par l’homme. Les graines des plantes indigènes peuvent être transportées par les oiseaux, les vents cycloniques ou encore en mer par le bois flottant.