Le Martiniquais Fernand Nouvet, journaliste au quotidien L'Humanité, est décédé

Le journaliste martiniquais Fernand Nouvet, en 2008
Entré au journal dans les années 70, le jeune Martiniquais qui "s’attachait à exhumer l’horreur de l’esclavage parce qu’il savait que c’était une condition de l’émancipation des Antillais", était un journaliste qui comptait à l’Humanité. 
Décédé samedi d'un cancer qu'il combattait depuis plus de deux ans, Fernand Nouvet n'a jamais cessé de lutter contre la maladie. Depuis quelques semaines, il sentait que son cancer prenait le dessus. Il accueillait la maladie avec un courage transformant son combat contre la mort en une véritable leçon de vie. Dès que les traitements le lui permettaient, il revenait au clavier de son ordinateur, et reprenait sa place au coeur du journal L'Humanité.


"Engagé et sensible aux insurrections"

Ce jeune Martiniquais, issu d'une famille de modestes cultivateurs, avait à coeur de dénoncer l'horreur de l'esclavage. Il avait fait de la figure d'André Aliker son étendard. Fernand Nouvet avait dénoncé l'assassinat, en 1934, de ce journaliste communiste martiniquais,  par une riche famille de békés.
Fernand Nouvet chérissait les mots qui servaient selon lui "fouailler dans cette plaie antillaise et aussi porter remède". Il aimait les écrits d'Aimé Césaire, de Jean Métellus et d'Edouard Glissant avec lequel il avait réalisé un long entretien dans les colonnes de L'Humanité. Il réagissait aussi aux formules choc de la révolte contre la "pwofitasyon" en 2009 à la Guadeloupe et à celles d'Elie Domota, insurgé contre la "zombification" de son peuple.


Une ascension professionnelle

Entré au journal L'Humanité dans les années 70, Fernand Nouvet y a fait ses classes. Il avait l'appétit d'apprendre.
Entré comme coursier, il était ensuite devenu secrétaire de rédaction puis rédacteur au service médias. Il avait vécu ce parcours comme une ascension professionnelle, acceptant et réclamant les critiques afin d'en toujours récolter le meilleur. Il vivait son travail à L'Humanité comme un plaidoyer pour l'émancipation.
Lorsqu'il s'agissait de dépêcher un envoyé spécial pour suivre le conflit naissant en Guadeloupe, il allait de soi que Fernand Nouvet était l'homme de la situation même s'il lui en doutait. Il se trompait. Les lecteurs ont suivi avec passion ses récits, ses enquêtes et ses entretiens.


"Nous portons le deuil"

Fernand Nouvet gardait en lui l'espoir d'un retour "vers son île si belle, si chaude et si triste aussi".
Ces derniers jours, L'Humanité vivait aux rythmes de ses nouvelles transmises au fil des visites des proches et de sa famille. Les colonnes du journal ont perdu une belle écriture et le personnel se sent "amputé" d'un confrère très cher.
La rédaction avec son directeur, Patrick Le Hyaric, a tenu à lui rendre un bel hommage ainsi qu'à son épouse Jamie, à sa fille et à ses proches.