L’athlète confiné ne se plaint pas. Même si fin mars, le report d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo a quelque peu plombé le moral du roi du tour de piste :
C’est vrai qu’après l’annonce du CIO, j’ai connu une grosse baisse de motivation. Beaucoup d’autres athlètes étaient dans mon cas. Certains m’ont même dit qu’ils mettaient un terme à leur saison 2020. Pas moi. Au bout d’une dizaine de jours, j’ai retrouvé l’envie. Aujourd’hui, ce qui me manque le plus, c’est la piste. J’ai beau réussir à m’entretenir par d’autres moyens ; la piste d’athlétisme demeure mon lieu d’expression préférée. Je suis frustré.
Saison d’athlétisme 2020… terminée ?
Ces dernières semaines, l’agenda sportif a été suspendu. Tous les meetings de la prestigieuse Ligue de Diamant prévus en mai et juin ont été reportés. Pas de compétitions françaises jusqu’à fin juillet. La reprise alors, c’est pour quand ?Il y avait bien les Championnats d’Europe à Paris du 25 au 30 août mais ils viennent eux aussi de passer à la trappe. Annulation pure et simple. Ludvy Vaillant relativise :
Sur la piste de Charléty, il me semblait possible de respecter les gestes barrière. Mais toute la partie extra-sportive aurait été plus délicate : les transports en commun, le logement… Sans compter que tous les pays européens n’auraient pas fait le déplacement du fait des urgences sanitaires respectives. Dans ces conditions, est-ce que les performances auraient été au rendez-vous ?
Le monde de l’athlétisme est à l’arrêt. Congé forcé. Lors d’une récente intervention télévisée, Roxana Maracineanu, la ministre des Sports évoquait un retour des manifestations sportives en septembre… dans le meilleur des cas.
Alors athlé ou pas en 2020 ? Quoiqu’il arrive, Ludvy Vaillant continue à s’entraîner dans son jardin martiniquais. Mais si reprise il doit y avoir, ce sera sur 400 mètres : "Les délais sont trop courts pour faire du 400 haies, cet été. Il faudrait au moins deux mois pour se préparer. C’est beaucoup plus traumatique et plus technique que le 400 plat qui ne demandera que six semaines environ pour être compétitif. Maintenant, j’ai quand même beaucoup de mal à me projeter sur un quelconque objectif puisqu’ils sont tous annulés ou entre parenthèses…"
Le confinement, l’occasion de faire d’autres choses
À Sainte-Luce, le Martiniquais respecte à la lettre le programme d’entretien physique concocté par son entraîneur Jean-Claude Berquier. Mais confinement oblige, le volume d’entraînement est moins important. Ludvy Vaillant s’occupe donc comme il peut, range des papiers, fait du tri dans ses vêtements et travaille son anglais.Diplômé en kinésithérapie depuis dix mois, le sprinteur aurait dû démarrer son activité juste après les JO de Tokyo… s’ils avaient bien eu lieu en 2020 : "C’était le projet initial. Après Tokyo, je me consacrais pendant un an à débuter dans mon nouveau métier. Puis je revenais à l’athlétisme pour trois ans afin de préparer Paris 2024. Les JO japonais étant repoussés à 2021, je ne sais pas quand je prodiguerai mes premiers soins."
Pas simple. L’athlète Vaillant est confiné et le kiné Ludvy ne peut pas s’exprimer. Double peine. Surtout qu’avant de se quitter, le membre de l’équipe de France nous a avoué qu’il testait sur lui des choses uniques. Nous pensions avoir compris le message. Nous imaginions Ludvy Vaillant pratiquant l’auto-massage, le bain d’algue ou le soin relaxant. Erreur sur toute la ligne :
Je suis parvenu… à me couper les cheveux tout seul ! Dimanche dernier, j’ai réalisé ma deuxième auto-coupe. J’ai un miroir qui se déplie en trois. Ça me permet de voir l’arrière de mon crâne.
Ce jeune champion est juste impressionnant. Rapide sur la piste et précis, une tondeuse à la main. Relativisons tout de même ses talents dans le domaine capillaire et laissons à Ludvy le mot de la fin : "Ce n’est pas si mal mais j’ai un problème : je ne parviens pas à reproduire le dégradé. Je suis kiné ; pas coiffeur. Je pense donc qu’il n’y aura pas de troisième rendez-vous dans mon salon privé. Il reste moins de trois semaines avant le déconfinement. Si vraiment je ne me supporte plus dans la glace, je mettrai une casquette !"