État et associations mémorielles se sont accordées mercredi 20 septembre sur le futur emplacement du Mémorial en hommage aux victimes de l'esclavage : il sera érigé au Trocadéro, à Paris, a annoncé le ministère des Outre-mer. Le comité de pilotage, lancé début juillet par l'ancien ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco et composé des acteurs institutionnels et associatifs impliqués dans le dossier, s'est réuni autour de Philippe Vigier, nouveau ministre en charge des Outre-mer, et Serge Romana, président de la fondation Esclavage et Réconciliation.
Parmi les lieux qui étaient étudiés pour accueillir ce monument, le Trocadéro était celui qui faisait consensus entre le gouvernement, la mairie de Paris, la préfecture et les associations mémorielles (CM98, association des professeurs d'histoire et de géographie régionale de la Guyane, association martiniquaise de recherche sur l'Histoire des familles et le collectif réunionnais des noms pour la mémoire). Philippe Vigier et plusieurs membres du comité de pilotage s'étaient d'ailleurs rendus, le week-end dernier sur le site, "afin d'étudier la topographie et la faisabilité du projet", disait-on dans l'entourage du ministre mardi.
Graver les noms pour ne pas oublier
Au cœur de la capitale, le Trocadéro est un lieu prisé des touristes, notamment pour sa grande esplanade surplombant la Tour Eiffel, ses jardins agrémentés de fontaines, mais aussi pour ces musées (musée de l'Homme, musée national de la Marine).
La création d'un Mémorial en hommage aux victimes de l'esclavage avait été annoncé par Emmanuel Macron en 2018. Mais, très vite, le gouvernement et les acteurs associatifs avaient eu du mal à s'accorder sur la concrétisation du monument, les associations réclamant l'inscription de l'ensemble des noms des victimes de l'esclavage sur le futur ouvrage et un droit de regard sur l'artiste chargé de le réaliser. "Il faut que soient gravés les noms de ces personnes pour qu'on n'oublie jamais", soutenait Emmanuel Gordien, président du CM98 et membre du comité de pilotage, auprès d'Outre-mer la 1ère en début de semaine.
Entre le XVIᵉ et XIXᵉ siècle, la France a organisé l'enlèvement et l'exploitation de centaines de milliers d'esclaves, utilisés à des fins économiques dans ses anciennes colonies, dont certaines sont aujourd'hui devenues des départements d'Outre-mer. Après la reconnaissance de la traite négrière et de l'esclavage comme un crime contre l'humanité en 2001, l'État avance un peu plus dans la réparation mémorielle lié à son passé colonial. La décision sur l'emplacement du monument désormais prise, le comité de pilotage devra maintenant se pencher sur la forme et la réalisation de l'ouvrage, qui devrait être livré d'ici mai 2025 si le calendrier est respecté.