Le meurtrier du Martiniquais Andy Brigitte soupçonné d'avoir blessé un militaire au couteau à Paris

L'homme suspecté d'avoir agressé au couteau un militaire à gare de l'Est lundi soir, est l'auteur du meurtre du martiniquais Andy Brigitte en 2018.
Déclaré irresponsable pénalement après le meurtre du Martiniquais Andy Brigitte, l'individu avait été interné en psychiatrie. Lundi 15 juillet, il a blessé d'un coup de couteau un militaire à gare de l'Est, à Paris.

"Aujourd'hui, la même histoire se répète", se désole Linda Brigitte, la mère du Martiniquais mortellement poignardé en 2018. Ce lundi 15 juillet, dans la soirée, un militaire de l'opération Sentinelle qui patrouillait dans la gare de l'Est à Paris a été frappé par arme blanche entre les deux omoplates. Blessé au couteau, le militaire était conscient lorsqu'il a été pris en charge par les secours et "son pronostic vital n'est pas engagé" selon le parquet de Paris. 

L'auteur de l'agression a été interpellé par les forces de l'ordre, avant d'être placé en garde à vue. Âgé de 40 ans, le suspect a rapidement été identifié comme l'auteur du meurtre d'Andy Brigitte. En 2018, le Martiniquais âgé de 22 ans a été poignardé à mort par Christian I. à la station RER de Châtelet-Les-Halles. L'agression avait été filmée par de nombreux passagers, sans pour autant lui porter secours. 

"Je trouve que le manque d’humanité s’est fait ressentir. Au lieu de porter secours, ils ont filmé, partagé... Je suis déçue, d’autant plus que mon deuxième fils a reçu la vidéo, il a vu son frère agoniser. (...) Ce jour-là, j’ai trouvé que l’humanité a été perdue", avait réagi Linda Brigitte, la mère d'Andy, infirmière au CHU de Fort-de-France. 

Une "probable maladie schizophrénique"

À l'issue du procès, deux ans après les faits, l'auteur a été déclaré irresponsable pénalement en raison d'une abolition du discernement. Selon cette décision, datée de 2020, une expertise psychiatrique avait conclu qu'il était atteint d'une "probable maladie schizophrénique évolutive depuis plusieurs années sans prise en charge médicale jusqu'à actuellement", rappelle l'AFP. Les experts psychiatres avaient pointé "sa dangerosité psychiatrique" et que ses "troubles mentaux étaient de nature à compromettre la sûreté des personnes ou à porter atteinte de façon grave à l'ordre public".

"Pour la famille, il y a un sentiment de frustration, car il n'y aura pas de procès en assises et donc pas d'explications sur les faits", expliquait Maître Jean-Claude Durimel, avocat de Karine Brigitte, la tante d'Andy. 

L'auteur déjà placé en hôpital psychiatrique

La Cour avait toutefois ordonné son hospitalisation en soins psychiatriques. Christian I. avait été placé dans un centre de soins pour personnes dangereuses au groupe hospitalier Paul Guiraud de Villejuif. "La décision judiciaire qui déclare quelqu'un d'irresponsable pénalement et ordonne un placement en hospitalisation complète peut en même temps assortir sa décision d’un certain nombre d’interdictions", complète Frédérique Pons, avocate des parents d'Andy Brigitte. 

Selon Maître Jean-Claude Durimel, c'est à un collège d'experts de décider si l'individu est "apte à ressortir". "Il reste à savoir depuis quand il était libre, précise l'avocat de la tante d'Andy Brigitte. C'est l'enquête qui le déterminera." 

Ce qui est certain, c’est que lorsque des personnes sont hospitalisées comme cela de manière complète et sans consentement, elles ne ressortent pas sans contrôle par des experts psychiatriques. Il faudra attendre de savoir exactement quel était son statut, sa situation, quels ont été les avis.

Frédérique Pons, avocate des parents d'Andy Brigitte


Incompréhension de la famille

La mère d'Andy, elle, ne comprend pas pourquoi les faits se répètent. Au micro de RTL, ce matin, elle a confié son incompréhension : "Pour moi, ce n'est pas normal que ça se reproduise. Ça fait six ans que j’essaie de me remettre, de faire le deuil de mon fils... Là, je suis perdue, il y a un problème. Pourquoi cette personne est en liberté aujourd’hui ?"

"Évidemment, ces faits font très douloureusement écho à une peine qui est toujours présente et qui est immense, rajoute Maître Frédérique Pons. C’est toute la difficulté et la tristesse de ces faits. D’un côté, on a des personnes qui sont agressées, tuées, blessées. Et de l’autre, on a une personne qui est considérée comme malade."

Ouverture d'une enquête

Après sa garde-à-vue cette nuit, Christian I. a été placé à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police ce mardi matin. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "tentative d'assassinat" et saisi le deuxième district de la police judiciaire parisienne."Les circonstances et motivation de l'agression font actuellement l'objet d'investigations", a précisé le parquet lundi soir.

Selon les premiers éléments, l'agresseur "se dit chrétien et aurait crié 'Dieu est grand' en français" lors de l'agression, a détaillé à l'AFP une source policière. Il dit avoir agi "parce que les militaires tuent des gens dans son pays", a ajouté cette source. Né en République démocratique du Congo, l'homme a été naturalisé français en 2006. Il a également été condamné à deux reprises pour violences sur conjoint.