"Le mystère Taubira - La vérité derrière l'icône", est sorti ce vendredi 15 mai 2015. C'est la première biographie non autorisée de la ministre de la Justice. Son auteure, la journaliste politique Caroline Vigoureux, a mené l'enquête pendant près d'un an entre Paris et Cayenne.
Nom de code : Mercure. C'est le terme employé par les services de sécurité de la ministre de la Justice pour désigner Christiane Taubira. "Mercure s'est trouvée projetée au centre d'un tourbillon médiatico-sociétal", relate ainsi une note interne de novembre 2013, alors que les attaques racistes se multiplient à l'égard de la garde des Sceaux. Un document dévoilé par la journaliste Caroline Vigoureux, qui a publié ce vendredi 15 mai la première biographie non-autorisée de la femme politique guyanaise : Le mystère Taubira - La vérité derrière l'icône.
Regardez ci-dessous le rappel à l'ordre de Philippe Seguin, alors président de l'Assemblée nationale, en décembre 1996 :
L'ouvrage a la particularité d'avoir été rédigé sans la participation de la principale intéressée. “Vous vous autorisez à écrire un livre sur moi alors que vous ne me connaissez pas, je ne participerai pas à cette forme d’arrogance !”, aurait lancé la ministre à la journaliste politique, qui travaille au journal L'Opinion, après être passée par le Journal du dimanche. A défaut d'avoir pu s'entretenir avec la garde des Sceaux, Caroline Vigoureux a eu affaire à une cinquantaine d'interlocuteurs (si ce n'est plus), dans l'Hexagone et en Guyane : des admirateurs et des pourfendeurs de cette femme politique de 63 ans, "au caractère volcanique" pour certains, "au caractère de chien" pour d'autres.
Le secrétaire d'Etat aux Outre-mer de l'époque, Christian Paul, avait pourtant proposé d'en faire la porte-parole de Lionel Jospin. Et dans l'entourage du Premier ministre, ils sont nombreux à avoir essayé de le convaincre de négocier le retrait de Taubira. Mais rien n'y a fait. "Aux yeux de l'ancien Premier ministre, résume la journaliste, la candidature de Taubira [était] sympathique mais ne [présentait] aucune menace."
POUR ALLER PLUS LOIN : écoutez l'émission radio "Taubira, carnet de campagne", réalisée par David Ponchelet en 2002 pour RFO.
"Quand elle ne dévore pas des livres, elle écoute de la musique : Duke Ellington, Bob Marley, Miles Davis, Keith Jarrett, Nina Simone, Herbie Hancock..." (Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à jeter une oreille à l'émission Summertime, diffusée sur France Inter le 3 mai dernier. Pendant une heure, la ministre évoque avec passion ses coups de cœur musicaux.) Pas étonnant alors qu'elle cite Bob Marley pour pleurer la mort de Michael Brown (ce jeune Noir américain tué par la police à Ferguson) ou qu'elle se fende d'un tweet pour rendre hommage à B.B. King.
"Bouillonnante", c'est un adjectif qui revient souvent pour qualifier la ministre, capable de travailler jusqu'à quatre heures du matin pour potasser ses dossiers (en arrivant à la Chancellerie, elle n'avait encore jamais fait de droit de sa vie). "Imprévisible" aussi. Elle l'a encore prouvé hier, 14 mai, en foulant le tapis rouge à l'ouverture du festival de Cannes pour saluer le film "La tête haute" : l'histoire d'un jeune délinquant et d'une juge pour enfants. Sa manière à elle de souligner qu'après le mariage pour tous et la contrainte pénale, la réforme de la justice des mineurs est son nouveau cheval de bataille.
Les attaques racistes, une constante
Des attaques, elle en essuie depuis de très nombreuses années, rapporte la journaliste. Décembre 1996. Voilà trois ans que Christiane Taubira est députée de la Guyane. "L'hémicycle, très majoritairement blanc et masculin, n'est pas toujours tendre avec cette femme noire. Un jour de 1996, un "Nique ta mère" fuse des bancs de la droite pendant que Taubira pose une question au gouvernement. Le coupable n'a jamais été identifié", rapporte Caroline Vigoureux. Sans compter les lettres racistes qui, déjà à l'époque, atterrissaient dans le courrier de la parlementaire guyanaise.Regardez ci-dessous le rappel à l'ordre de Philippe Seguin, alors président de l'Assemblée nationale, en décembre 1996 :
L'ouvrage a la particularité d'avoir été rédigé sans la participation de la principale intéressée. “Vous vous autorisez à écrire un livre sur moi alors que vous ne me connaissez pas, je ne participerai pas à cette forme d’arrogance !”, aurait lancé la ministre à la journaliste politique, qui travaille au journal L'Opinion, après être passée par le Journal du dimanche. A défaut d'avoir pu s'entretenir avec la garde des Sceaux, Caroline Vigoureux a eu affaire à une cinquantaine d'interlocuteurs (si ce n'est plus), dans l'Hexagone et en Guyane : des admirateurs et des pourfendeurs de cette femme politique de 63 ans, "au caractère volcanique" pour certains, "au caractère de chien" pour d'autres.
Dans les coulisses de l'élection de 2002
Le mystère Taubira fourmille d'anecdotes sur la ministre. De sa jeunesse indépendantiste en Guyane à son bombardement surprise à la Chancellerie en 2012 en passant par son amitié avec Bernard Tapie et sa course à la présidentielle de 2002. Candidate sous l'étiquette "Parti radical de gauche", Christiane Taubira obtient quelque 600.000 voix (il en manquait environ 200.000 à Lionel Jospin pour atteindre le second tour). Caroline Vigoureux nous plonge dans les coulisses de cette élection. Et laisse entendre que le "non-retrait" de Christiane Taubira au premier tour s'est joué à bien peu de choses.Le secrétaire d'Etat aux Outre-mer de l'époque, Christian Paul, avait pourtant proposé d'en faire la porte-parole de Lionel Jospin. Et dans l'entourage du Premier ministre, ils sont nombreux à avoir essayé de le convaincre de négocier le retrait de Taubira. Mais rien n'y a fait. "Aux yeux de l'ancien Premier ministre, résume la journaliste, la candidature de Taubira [était] sympathique mais ne [présentait] aucune menace."
POUR ALLER PLUS LOIN : écoutez l'émission radio "Taubira, carnet de campagne", réalisée par David Ponchelet en 2002 pour RFO.
Mélomane, bouillonnante, imprévisible
Si la politique occupe une place importante dans le livre, Caroline Vigoureux a le chic pour distiller des aspects moins connus de la vie de Christiane Taubira, mère de quatre enfants et grand-mère depuis quelque temps. On la savait viscéralement attachée à sa Guyane natale et passionnée de littérature, on la connaissait moins mélomane."Quand elle ne dévore pas des livres, elle écoute de la musique : Duke Ellington, Bob Marley, Miles Davis, Keith Jarrett, Nina Simone, Herbie Hancock..." (Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à jeter une oreille à l'émission Summertime, diffusée sur France Inter le 3 mai dernier. Pendant une heure, la ministre évoque avec passion ses coups de cœur musicaux.) Pas étonnant alors qu'elle cite Bob Marley pour pleurer la mort de Michael Brown (ce jeune Noir américain tué par la police à Ferguson) ou qu'elle se fende d'un tweet pour rendre hommage à B.B. King.
#BBKing, from cotton fields and work songs to Grammy awards, a fighting and joyful life. Today who has the blues? The thrill is gone...
ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 15 Mai 2015
"Bouillonnante", c'est un adjectif qui revient souvent pour qualifier la ministre, capable de travailler jusqu'à quatre heures du matin pour potasser ses dossiers (en arrivant à la Chancellerie, elle n'avait encore jamais fait de droit de sa vie). "Imprévisible" aussi. Elle l'a encore prouvé hier, 14 mai, en foulant le tapis rouge à l'ouverture du festival de Cannes pour saluer le film "La tête haute" : l'histoire d'un jeune délinquant et d'une juge pour enfants. Sa manière à elle de souligner qu'après le mariage pour tous et la contrainte pénale, la réforme de la justice des mineurs est son nouveau cheval de bataille.