Le patron de la gendarmerie Outre-mer, auteur d'un livre polémique, perd officiellement son poste

Général Bertrand Soubelet, patron de la gendarmerie Outre-mer et auteur du livre "Tout ce qu'il ne faut pas dire"
Dans "Tout ce qu'il ne faut pas dire", le général Soubelet dénonçait la politique pénale du gouvernement. Sorti de son devoir de réserve, il aura finalement été sanctionné, dans un décret paru au journal officiel dimanche.
La nouvelle était déjà connue de tous, elle est aujourd'hui officielle : Sorti de son devoir de réserve en publiant un livre très critique sur l'état du pays, le général Bertrand Soubelet a perdu son poste de commandant de la gendarmerie d'Outre-mer, selon un décret publié dimanche au Journal officiel.
 
Son successeur est le général Lambert Lucas, jusqu'alors commandant de la gendarmerie en Guyane, selon le décret pris par le président François Hollande et daté de vendredi. "Je ne peux m'empêcher de penser que la seule raison de cette nouvelle mise à l'écart est la publication du livre 'Tout ce qu'il ne faut pas dire'", a réagi le général Soubelet.
 

"Magistrats jusqu'au-boutistes"

Dans son livre à succès, publié en mars, l'ex-numéro 3 de la gendarmerie, âgé de 56 ans, pourfend notamment des magistrats "jusqu'au-boutistes", un système syndical "dispendieux" et des partis politiques "globalement disqualifiés".

S'il "ne conteste pas" son remplacement, le général Soubelet a dit s'interroger sur sa place et son action dans le futur: "Pour être mis à l'écart dans ces conditions, j'ai l'impression de constituer un danger pour mon pays, ce qui m'amène à réfléchir à mon avenir immédiat et à la manière dont je vais continuer à servir la France". "Je tire la conclusion que l'État a suffisamment de compétences et de talents pour payer des responsables d'un certain niveau à ne rien faire", a-t-il ajouté.

Regardez l'interview de Bernard Soubelet sur le plateau de France 3 le 24 mars :

Soubelet
 En attente d'une nouvelle affectation
Le Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) Denis Favier avait confirmé jeudi que le général Soubelet était "appelé à changer d'affectation" dans "les jours qui viennent", tout en démentant une "sanction" à son encontre. "Il a exercé cette fonction, il en exercera peut-être d'autres dans le futur", avait-il indiqué, sans plus de précision.
 
"La question n'est pas celle du devoir de réserve", avait expliqué Denis Favier, insistant sur la nécessité de respecter des "règles de loyauté, de transparence, de franchise, d'engagement".
 

Prise de position inédite

Dans "Tout ce qu'il ne faut pas dire", paru chez Plon, Bertrand Soubelet donne sa "contribution citoyenne sans aucun esprit partisan" tout en critiquant sans détours le gouvernement et en livrant un sombre diagnostic sur l'état du pays. Il s'agit d'une prise de position publique inédite pour un haut gradé en exercice de la gendarmerie.

Le Général Soubelet a aussi été interviewé par La1ère, regardez : 

3QA Soubelet
Il avait été muté à l'été 2014 au commandement de la gendarmerie d'Outre-mer, après avoir exprimé ses réserves sur la politique pénale face aux délinquants lors d'une audition à l'Assemblée nationale le 18 décembre 2013.
 
Les Républicains ont dénoncé à la mi-avril "l'opération de limogeage" à l'encontre du général, devenu selon le parti la "bête noire du gouvernement" depuis cette audition retentissante. Sa mise à l'écart montre la "fébrilité" des autorités et la nécessité, pour elles, "qu'aucune tête ne dépasse", avait estimé LR.