De la pluie et beaucoup de vent. Depuis quelques jours, le nord-ouest de l’Hexagone est touché par d’importantes précipitations. Ces phénomènes météo sont causés par une "rivière atmosphérique" venue tout droit des Antilles.
On parle de "rivière" car d’importants flux d’eau transitent dans l’atmosphère, comme si l’humidité suivait le lit d’un cours d’eau imaginaire. Lorsqu’elles se brisent, les rivières atmosphériques provoquent d’importantes chutes de pluie. Elles sont des canaux qui emmènent la vapeur d’eau de zones humides, ici les Antilles, vers d'autres points du globe, ici l'Europe.
Dans ce cas, la rivière atmosphérique est surnommé "Rhum express". D'autres rivières portent d'autres surnoms, comme "l'Ananas express", qui charrie l'humidité de l'archipel d'Hawaï jusqu'en Amérique du Nord. L'Ananas express a provoqué des pluies diluviennes et de graves inondations en Californie ces derniers jours.
Les rivières atmosphériques se transforment parfois en véritables fleuves volants. Elles peuvent faire des centaines de kilomètres de large et des milliers de longs. Meteo France estime qu'une rivière atmosphérique de 400 km de large transportant 25 l d’eau précipitable par m² aurait le débit de l'embouchure du plus grand fleuve du monde, l'Amazone, après la saison des pluies.
Un phénomène amplifié par le réchauffement climatique
Les rivières atmosphériques ont toujours existé. Elles sont responsables de 20 à 30% des précipitations annuelles dans l’ouest de l’Europe. Mais le changement climatique causé par l’homme accentue le phénomène. Le dernier rapport du GIEC alerte, prédisant une intensification des rivières atmosphériques dans les années à venir.
Pour chaque degré de plus, l’atmosphère peut contenir plus de vapeur d’eau. Les chercheurs estiment qu’une augmentation de température d’un seul degré pourrait permettre à l'atmosphère de contenir 7% de vapeur d’eau en plus. Or plus de vapeur d’eau dans l’air, c’est des rivières atmosphériques plus importantes.
"Le changement climatique ne crée pas les rivières mais en renforce significativement l'intensité", résume le climatologue et auteur du GIEC Christophe Cassou sur ses réseaux sociaux. Non seulement l'action humaine intensifie le phénomène, mais elle accentue aussi ses conséquences. Des sols de plus en plus artificialisés ne permettent pas une bonne absorption de l’eau : en empêchant les sols de jouer leur rôle d'éponge, l'artificialisation aggrave les inondations.