"Dans la perspective de la prochaine stratégie maritime (2023-2029), il convient de prévoir en amont une plus large association des élus de chaque territoire ultramarin à son processus d'élaboration", estime la délégation, présidée par le sénateur RDSE de Saint-Pierre-et-Miquelon Stéphane Artano, dans un rapport publié jeudi.
Au regard des enjeux cruciaux pour l'avenir (sécuritaires, économiques, énergétiques, environnementaux, climatiques...), "cette stratégie devrait en outre être relevée au niveau législatif plutôt que de faire l'objet d'un simple décret", et "faire l'objet d'un grand débat démocratique devant le Parlement sur ses orientations", assure ce rapport.
Des patrouilleurs insuffisants
Autre constat, les moyens français de surveillance et de protection "ne sont pas à la hauteur des enjeux", assure la délégation sénatoriale, qui estime que "le nombre de patrouilleurs destinés à la surveillance de la ZEE française est équivalent à deux voitures de police pour surveiller le territoire hexagonal".
Or les menaces sont croissantes en mer, rappelle-t-elle : "pêche illégale de plus en plus violente, narcotrafics, réarmement naval dans l'Indopacifique, développement du cyberwarfare (cyberguerre, ndlr) à proximité des câbles sous-marins par lesquels transitent 95 % des données mondiales".
Taillés au plus juste, les moyens de la Marine nationale Outre-mer doivent donc être rehaussés, selon les sénateurs, qui préconisent notamment à l'horizon 2030, "de doter chacune des forces outre-mer d'un patrouilleur supplémentaire".
Les Outre-mer au carrefour des routes maritimes mondiales
Sur le plan diplomatique, la France doit utiliser sa présence dans une dizaine d'organisations régionales grâce à ses territoires ultramarins, "pour agir en faveur d'une meilleure protection et gouvernance des océans".
Enfin, la stratégie maritime doit être le vecteur de l'insertion des Outre-mer dans l'économie mondiale. Or les infrastructures de plusieurs ports ultramarins sont "inadaptées", alors qu'ils sont situés au carrefour des routes maritimes mondiales et peuvent devenir des hubs régionaux, assure le rapport.
La vulnérabilité des câbles sous-marins, qui constituent des infrastructures stratégiques pour la connectivité des territoires, impose également de "développer la redondance" de ces câbles et "d'améliorer leur résilience", estime la délégation sénatoriale. Par exemple, les territoires français du Pacifique et Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont reliés que par un seul câble.