le sportif martiniquais David Pierre-Louis durement touché par le Covid-19 [Témoignage]

Habitué aux blessures et aux douleurs, le Martiniquais David Pierre-Louis, champion international de grappling et de jiu jitsu brésilien, a livré un redoutable combat contre le Covid-19. Le virus l’a fait souffrir davantage que n’importe lequel de ses adversaires. Récit.
 
"Dans mon sport, si on fait des exercices violents, cela peut entraîner des courbatures. On a mal au dos, les cuisses font mal. Là,c'était décuplé. j'avais des courbatures depuis les mollets jusqu'aux trapèzes. Tous mes muscles me faisaient mal. Il n'y avait pas une articulation de mon corps qui n'était pas douloureuse. Je suis habitué à des entorses ou l'on entend crac, à des ménisques déplacés. Mais là, j'avais l'impression que toutes mes articulations étaient à ce niveau d'inflammation et de douleurs".

Regardez le témoignage de David Pierre-Louis :
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"C'est violent"

A 42 ans, David Pierre-Louis, adepte des sports de combat, plusieurs fois médaillé international en grappling et en jiu jitsu brésilien, est habitué à la douleur. "Je ne connais pas un endroit de mon corps qui n'a pas été touché".

Fort de son expérience, le Covid-19 ne l'effrayait pas. Sauf que lorsqu'il lui est tombé dessus, David a compris sa douleur. "Quand j'ai une entorse, c'est localisé. Mais là, c'étaient les coudes, les épaules, les genoux et les chevilles qui me faisaient souffrir en même temps. Je comprends mieux le problème du syndrome inflammatoire. C'est violent". De son propre aveu, des douleurs articulaires cinq fois plus intenses et en continu que ce qu'il avait pu connaitre en compétition.

"Un effort surhumain"
Les pratiquants de sports de combat sont habitués à gérer la douleur. Par exemple, lors de sa dernière compétition (en vétéran) David a pris une clé de bras. Il a continué le combat. Ce qui lui a valu trois semaines de douleurs. Il raconte encore : "Cela fait six ou sept fois que mon ménisque droit se déchire, idem pour le gauche. Malgré tout, je vais en compet'. Avec le covid, aller aux toilettes ou à la cuisine était un réel effort. Je me disais il va falloir que je le fasse, allons-y. Il me fallait me concentrer. C'était un effort surhumain". Dans un sourire, il rajoute: "je me considérais comme endurant à la douleur. Le covid m'a dit que j'avais encore beaucoup à apprendre en la matière. C'est clair que ça fait prendre en humilité".
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Altération du goût

Consulté par visioconférence, autour du 15 mars, le médecin est à peu près sûr qu'il s'agit du Covid, mais ne s'inquiète pas outre mesure. "Vous m'avez l'air costaud" lui dit-il, "restez chez vous". Résultat : des douleurs au ventre, des vomissements, une grande fatigue, l'impression d'avoir couru trois marathons, la sensation d'étouffer la nuit, des frissons... "J'ai pris un bain brûlant. Dans un état normal, je n'aurais même pas pu y plonger la main" se souvient-il. Ce n'est qu'au bout de trente ou quarante minutes qu'il s'est senti mieux.

Et malheureusement, dans cette situation, il n'a pas pu compenser avec la nourriture. Son goût s'est altéré. Le sucré avait le goût de sucré, mais le salé le goût de carton. Aujourd'hui, David a récupéré, il a même repris l'entrainement. Pour que son expérience serve, il conclut : "Au début, je voulais attraper le Covid pour être immunisé. En fait, je ne conseille pas. C'est une très mauvaise stratégie".