Eastern Florida State College. Depuis un mois, le Saint-Pierrais Corentin Venot a posé ses valises au sein de cette université. Sur la côte Est des États-Unis. Études et tennis à haute dose sont au programme. À 19 ans, Corentin Venot poursuit son rêve en grand.
Lorsque son avion s'est posé en Floride le 5 janvier 2021, Corentin n'a peut-être pas pris le temps de mesurer tout le chemin parcouru. Premiers coups de raquette jadis à l'âge de sept ans. Inscription au Saint-Pierre Tennis Action. Une rencontre quelques années plus tard avec Daniel Contet qui lui propose le grand saut. L'exil. Trois ans de sport-études dans le Sud de la France jusqu'au baccalauréat. Avec peut-être à la clé, une place dans une université américaine. Le pari est un peu fou. Risqué aussi. Tout quitter. Saint-Pierre-et-Miquelon. Sa famille. Ses amis. Sans aucune garantie de succès.
En 2020 pourtant, le pari est gagné. Le bachelier Corentin Venot a le niveau de tennis et d'anglais requis pour s'envoler de nouveau. Direction les États-Unis. Comme promis. Comme espéré. La pandémie mondiale de coronavirus va juste retarder le décollage de quelques mois. Corentin devait arriver à Melbourne en Floride, courant septembre 2020. Il patientera jusqu'en janvier. Avant la délivrance. Depuis cinq semaines, l'aventure US du jeune tennisman saint-pierrais a pu commencer.
Son aventure américaine
Corentin Venot savait bien que son avion n'avait pas Los Angeles pour destination. Devenir acteur à Hollywood n'a jamais fait partie de ses projets. Pourtant le 5 janvier dernier en débarquant dans l'aéroport d'Orlando, le Saint-Pierrais a cru se retrouver plongé dans le tournage d'un film de science-fiction. "C'était très étrange, confirme Corentin. J'ai eu l'impression d'arriver dans un lieu déserté. L'aéroport était comme vide. Immense et vide. Heureusement que mon coach Robert Cashman était venu me chercher. Je me suis sentis moins seul."
Corentin n'a pas trop le temps d'admirer le décor. Il doit très vite remettre la machine en marche. Car comme beaucoup de joueurs, le Saint-Pierrais a pris du retard. "En France, avec toutes les mesures sanitaires imposées, je n'ai pratiquement pas pu jouer durant les trois derniers mois de 2020. Retrouver son niveau demande un certain temps." D'où une reprise adaptée en janvier pour l'ensemble des membres de l'université. Avant un mois de février à 100 %. "On s'entraîne trois heures par jour. Six jours sur sept. Aucun problème pour moi à ce niveau-là. Les années passées au Team Daniel Contet m'ont tout appris. Les fortes doses d'entraînement ne me font pas peur."
Côté universitaire, la Covid-19 interdit les cours en présentiel. Pour Corentin qui prépare un diplôme en ressources humaines, l'ordinateur est donc indispensable. "Je suis inscrit à cinq modules d'enseignement. Quatre d'entre eux se retrouvent en ligne. Et un seul se fait en visioconférence." Aucune angoisse à ce niveau-là pour le Saint-Pierrais. Il sait très bien s'autogérer. Et pense déjà à la suite. Dans deux ans, après la validation de son diplôme en ressources humaines, il compte étudier l'univers du sport business. Venot, vidi, vici…
Le rêve floridien de Corentin
Corentin Venot doit son aventure américaine à Marc Legris, manager pour l'Europe de GSC. Global Sports Connexion propose de placer les bons joueurs de tennis français dans l'ensemble des universités américaines. D'où notre question : pourquoi ce choix de la Floride de la part du Saint-Pierrais ? "Trois raisons à cela, nous répond Corentin. La météo tout d'abord. Les conditions ensuite. Et enfin, Eastern Florida State College est l'une des rares universités où l'on ne vous impose pas des cours d'enseignement religieux."
Les conditions, parlons-en. Elles se révèlent bonnes. Effectivement. Corentin Venot partage un grand appartement avec trois autres joueurs : deux Espagnols et un Argentin. Le confort de vie y est évident. Côté tennis, huit courts sont à disposition. Reste maintenant… à s'imposer. "L'équipe de tennis universitaire se compose de onze joueurs. Seuls six ou sept sont retenus pour les rencontres officielles. Physiquement, le défi ne me fait pas peur car encore une fois, nous avons été bien préparés au Team Contet. Sur le plan mental en revanche, c'est plus compliqué. Nous sommes onze joueurs en rivalité tout en devant rester solidaires."
Le futur étudiant en sport business découvre également les avantages des grosses structures. Aux États-Unis, le sport universitaire est un univers professionnel à lui tout seul. Du jour au lendemain, Corentin Venot a changé de dimension. "Ici, nous disposons d'un contrat vêtements et d'un contrat chaussures. Quant aux cordages, il est fourni à volonté. Avec un appareil à corder à disposition. Tout cela représente de grosses économies."
Corentin, leader à 19 ans
Avec cet exil américain, le Saint-Pierrais va forcément progresser à vitesse grand V. Sans même s'en rendre compte, Corentin Venot est devenu le nouveau leader du tennis de son territoire. "J'essaie de ne pas trop y penser, tempère-t-il, toujours un peu gêné. Je ne suis le numéro un que sur le papier. À ce jour, je n'ai rien fait de différent d'Arnaud Hayes par exemple. J'attends de parvenir à battre les meilleurs joueurs saint-pierrais avant de me proclamer leader. Pour l'instant, je travaille."
Corentin s'entraîne donc sous le soleil floridien. Avec assiduité. Et dans le vent. "Nous sommes en bord de mer. Le vent est un peu dérangeant. Il faut s'y habituer." Mais dans sa nouvelle vie, le Saint-Pierrais n'oublie jamais son tout premier club. "Je reste en contact étroit avec Jean-Louis Légasse et Arnaud Hayes. C'est important pour moi. Je sais qu'ils préparent de nouvelles activités. Le club se développe bien. D'ailleurs si les conditions sanitaires le permettent, je rentrerai à Saint-Pierre-et-Miquelon en juin pour participer au tournoi de fin de saison. J'ai hâte de retrouver tout le monde."
D'ici là, Corentin Venot va enchaîner les heures sur le court et les cours en visio. Et dès que sa vie lui permettra de souffler quelques minutes, il se plongera dans les retransmissions d'un circuit professionnel de tennis qui reprend ses droits. Avec une nette préférence pour les gauchers. "Étant gaucher moi-même, je suis évidemment fasciné par le jeu de Rafael Nadal. Côté français, mon chouchou, c'est Corentin Moutet. Je l'ai découvert à Roland-Garros. Son jeu est vraiment intéressant. Gaucher. Pas très grand. Comme moi. Et nous partageons le même prénom ! Franchement, que demander de plus ?"