Michèle Charles-Nicolas le répétera à l’envi : ses peintures ne viennent pas illustrer les quelques poèmes d’Aimé Césaire qu’elle a choisis. Non, il faudrait parler davantage d’écho, de resonnance. De fulgurance, même. Un jour, ou plus exactement dans un moment donné dans sa vie, il y a eu cette rencontre avec le poète antillais, avec ses mots, avec son univers.
Déjà auparavant, elle pouvait s’inspirer d’autres arts pour réaliser ses toiles (l’opéra, le théâtre ou d’autres œuvres poétiques…) mais ce sont véritablement les poèmes d’Aimé Césaire qui viendront lui apporter ce souffle, cette densité, cette gravité aussi, et distiller leur force et leur vitalité au cœur même de ces jeux de couleurs chers à la peintre.
Des années après avoir entamé cette étroite association avec l’œuvre du poète, naîtra donc - en attendant une grande exposition qu’elle appelle de ses vœux - le livre Immanence qu’elle concevra et réalisera, dont la particularité est de mettre en regard, en miroir, ses propres œuvres avec des extraits des poésies les plus inspirantes pour Michèle Charles-Nicolas.
Elle évoque cette « correspondance » entre ces deux univers artistiques tout au long du podcast L’Oreille est hardie dont elle est l’invitée cette semaine :
Très tôt, la peinture
Sa passion pour son art, la peinture, remonte à son enfance où elle peignait déjà sur des tuiles d’ardoises dans son collège de l’Anjou où elle habitait alors puis s’est renforcée dans ses jeunes années alors qu’elle commençait à travailler.
Influences venues des impressionnistes au tout début, puis des rencontres déterminantes avec des peintres tenant de l’abstraction, sans doute le courant le plus proche de ce que réalise Michèle Charles-Nicolas aujourd’hui encore. Et cet amour de la peinture se mêle aussi d’un attrait pour la sculpture et la céramique, deux arts qui lui permettent d’assouvir son attirance pour la terre et le feu.
Confrontations de couleurs
Et puis il y a les couleurs. La très grande palette des couleurs avec lesquelles la peintre aime jouer. Assemblage des couleurs, contraste voire confrontation des couleurs caractérisent le travail de Michèle Charles-Nicolas. Et c’est bien ce qui l’a frappée en premier à son arrivée en Martinique il y a de nombreuses années.
Une terre caribéenne qu’elle sera amenée à connaître intimement par l’entremise de son époux. Il faut l’écouter parler du rouge du flamboyant, des innombrables verts offerts par la flore locale, des sables blancs et noirs pour bien comprendre que la Martinique aura été une source d’inspiration constante pour la peintre tout au long des années.
CĂ©saire en peinture
Enfin, il y aura eu la rencontre avec Aime Césaire. Avec la littérature d’Aimé Césaire, plus exactement. D’abord son théâtre, Michèle avoue son engouement pour La tragédie du Roi Christophe puis sa poésie, au point tout d’abord d’y puiser des titres pour ses tableaux et ensuite, d’y trouver la source d’inspiration intarissable.
Et l'Ă©cho...
Une lecture personnelle, une relecture picturale qui fonctionne dans les deux sens : les mots de Césaire trouvent ainsi une interprétation tout en images et en couleurs ; dans l’autre sens, la peinture de Michèle Charles-Nicolas, jusque là sans voix, se lit avec une limpidité nouvelle.
À découvrir et à voir donc, dans Immanence, le beau livre que la peintre a tiré de cette expérience, de ce cheminement en duo, de ce compagnonnage artistique qui dure depuis une quinzaine d’années.
Retrouvez la peintre Michèle Charles-Nicolas dans L’Oreille est hardie, c'est par ICI !
Ou par lĂ :
"Immanence, dans l'intensité de la vibration d'Aimé Césaire" de Michèle Charles-Nicolas est publié aux éditions Hervé Chopin, avec le soutien de la Fondation Clément.