Pour la première fois, le personnel pénitentiaire ultramarin a manifesté, jeudi 26 mai, devant la maison d’arrêt de Fresnes. Rassemblés à l’initiative de FO pénitentiaire, ils ont obtenu la création d’un groupe de travail sur la gestion des congés bonifiés en Ile-de-France.
Ils sont originaires de Guadeloupe, Martinique ou encore de La Réunion et travaillent dans les prisons de la région parisienne. Pour la première fois, près d'une centaine de personnels pénitentiaires ultramarins sont descendus dans la rue, jeudi 26 mai, pour défendre leurs congés bonifiés, "plus que jamais menacés", selon eux.
Il y a deux ans, Suzie n’a pas eu le choix. Surveillante à la prison de Fresnes, elle a accepté ses congés bonifiés en août et septembre. "Ma fille était en petite section, elle a dû faire sa rentrée en octobre à notre retour, explique Suzie, originaire de Guadeloupe. Cette année, elle entre au CP, je ne referai pas cela".
"Une avancée", selon Patrick Louvounou, délégué national à l’Outre-mer pour FO pénitentiaire. "Il est difficile pour les administrations de gérer les congés bonifiés, d'où notre volonté d'une réflexion commune, poursuit le leader martiniquais. Il est important de mettre direction et syndicats autour de la table pour définir un cadre réglementaire, définir des critères et encadrer des périodes".
Les surveillants espèrent que cette réflexion à l’échelle de la région parisienne pourra bénéficier à tous les surveillants ultramarins du pays. "De toutes façons, si on ne fait rien, ils finiront par nous les supprimer", conclut Patrick Louvounou.
Un parcours du combattant
"Tous les trois ans, nous avons le droit à deux mois de congés bonifiés, c’est un droit", rappelle Didier Kandassamy, président de la commission Outre-mer de FO (Force Ouvrière) pénitentiaire, à l’origine du rassemblement devant la maison d’arrêt de Fresnes. "Aujourd’hui, c’est devenu la croix et la bannière pour les obtenir, poursuit le Guadeloupéen. Il y a de véritables discriminations administratives à dénoncer"."Déscolarisez vos enfants !"
Devant une banderole, "Halte aux fossoyeurs" accrochée à un camion, les surveillants ont échangé autour d’un rougail saucisse et au son de la musique antillaise. "Les détenus ont plus de liens avec leurs familles que nous avec les nôtres", s’indigne Ingrid, surveillante pénitentiaire à la prison de Nanterre. "Tous les trois ans, c'est pareil ! L’administration nous refuse juillet et août. Une fois, on m’a même proposé mai et juin en me disant que j’avais qu'a déscolariser mon fils. C’est scandaleux", s’exclame la jeune femme.Il y a deux ans, Suzie n’a pas eu le choix. Surveillante à la prison de Fresnes, elle a accepté ses congés bonifiés en août et septembre. "Ma fille était en petite section, elle a dû faire sa rentrée en octobre à notre retour, explique Suzie, originaire de Guadeloupe. Cette année, elle entre au CP, je ne referai pas cela".
Un calvaire administratif
Le personnel ultramarin s’étonne aussi des documents à fournir à l’administration pénitentiaire. "Ils nous demandent à maintes reprises de fournir les mêmes documents", explique Ingrid. "Tous les trois mois, on me réclame un justificatif de mes parents en Guadeloupe, au cas où ils décèdent et que je perde ainsi mes intérêts moraux". "On dirait que tout est fait pour nous décourager", conclut Suzie.Des tensions avec des surveillants de métropole
Les mois d'été sont les plus demandés pour les vacances. "Accorder les congés bonifiés est devenu infernal pour l’administration, avoue Thierry, gardien à Fresnes et Martiniquais d’origine. Parfois, l’administration explique à certains surveillants de métropole qu’ils ne partiront pas en vacances à cause des congés bonifiés. Cela attise les tensions avec les surveillants ultramarins".Une détérioration des conditions de travail
Pourtant, pour ces surveillants, les vacances "au péi" sont importantes l’heure où les "conditions de travail se détériorent". "Il y a la surpopulation carcérale, mais aussi les intérêts des détenus qui priment désormais sur ceux des surveillants, remarque Cédric Boyer, originaire de La Réunion, surveillant à Fresnes depuis 2009 et membre de la Commission Outre-mer de FO pénitentiaire. Nos horaires sont souvent décallés, le rythme est difficile et les cadences des rondes sont infernales. A Fresnes, nous sommes aussi envahis par les rats et personne ne fait rien".Un groupe de travail créé en Ile de France
Dans l’après-midi, une délégation du syndicat FO pénitentiaire a été reçue par la Direction inter-régionale des services pénitentiaires de Paris. Elle a obtenu ce qu’elle souhaitait : la création d’un groupe de travail sur les congés bonifiés au niveau de la région Ile-de-France."Une avancée", selon Patrick Louvounou, délégué national à l’Outre-mer pour FO pénitentiaire. "Il est difficile pour les administrations de gérer les congés bonifiés, d'où notre volonté d'une réflexion commune, poursuit le leader martiniquais. Il est important de mettre direction et syndicats autour de la table pour définir un cadre réglementaire, définir des critères et encadrer des périodes".
Les surveillants espèrent que cette réflexion à l’échelle de la région parisienne pourra bénéficier à tous les surveillants ultramarins du pays. "De toutes façons, si on ne fait rien, ils finiront par nous les supprimer", conclut Patrick Louvounou.