Les violences à Mayotte s’invitent dans le débat national

Une femme se tient devant des voitures incendiées lors de violences entre bandes, le 21 novembre 2022, à Mamoudzou.
Depuis plus de dix jours, le 101e département français est le théâtre de violences urbaines qui ont légitimé la venue des policiers du RAID sur le territoire. Du RN, au PCF en passant par LFI, la situation à Mayotte fait réagir les députés. Ils proposent leurs solutions pour contrer la recrudescence des violences.

Cela fait plus de dix jours que la petite île de l'Océan Indien connaît un embrasement des plus violents. Mayotte suffoque et depuis l'Hexagone, certains députés et chefs de file de partis politiques se positionnent sur la crise sociale que subit le 101e département français. Ce lundi 28 novembre, le président du Rassemblement National Jordan Bardella a annoncé qu'il se rendrait "prochainement sur place pour alerter l'opinion", d'après l'AFP. "Mayotte sera probablement notre futur en métropole", dénonce l'eurodéputé du RN. Selon les informations d'Outre-mer la 1ère, son déplacement est programmé la semaine prochaine.

"Tous les jours, des Français sont agressés"

Pour Jordan Bardella, il en va de la responsabilité du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. "[Il] est incapable de rétablir la sécurité là-bas. Il y a des barrages dans les rues, tous les jours des Français sont agressés", fustige le responsable du RN.

Selon lui, "il faut d'abord supprimer le droit du sol" parce que "c'est un appel d'air absolument considérable et probablement l'un des principaux facteurs de la crise". En réponse aux violences, le président du RN pense qu'il faudrait "envoyer la marine et notamment des patrouilleurs pour protéger Mayotte d'un afflux toujours considérable des Comores."

Des "moyens" pour éduquer et accompagner les mahorais

Côté LFI, la députée Danièle Obono s'est exprimée ce lundi 28 novembre sur la situation de Mayotte. Elle demande des "moyens" pour éduquer et accompagner une population très jeune. Selon elle, c'est la "source du problème" dans le 101e département français. 

La députée LFI rappelle également que Mayotte est "l'un des territoires les plus pauvres de la République". 

Il faut permettre que l'intégrité physique et la sécurité reviennent sur le territoire, mais si on ne va pas à la source du problème, et notamment la situation sociale et économique d'une grande partie de cette jeunesse et de cette population, je crois qu'on n'arrivera pas à mettre un terme à cette situation et à apaiser véritablement le territoire.

Danièle Obono

"Mettons les moyens pour accompagner la population, mettons les moyens pour faire en sorte que cette jeunesse ne dérive pas et je pense que ça participera à apaiser la situation", a-t-elle conclu. 

Traiter un "problème de fond" avec les Comores

Le patron du PCF Fabien Roussel a demandé au gouvernement de traiter avec les Comores "le problème de fond" de la "séparation" d'un peuple qui est, selon lui, à l'origine des "tensions terribles" sur Mayotte. "Il y a un vrai sujet que l'on ne peut pas traiter que par l'envoi de gendarmes et de policiers sur place, parce que cette tension, elle existera toujours tant qu'on ne traitera pas le problème de fond" a-t-il déclaré.

Le député communiste du Nord insiste aussi sur les moyens alloués au territoire pour y "garantir la sécurité de tous" et appelle au rassemblement de "l'ensemble des autorités et des élus de cet archipel, ceux de la Garnde Comore, de Mohéli et d'Andoujan avec ceux de Mayotte pour trouver un moyen de vivre ensemble et de créer des conditions pour qu'il n'y ait plus de mur [...]":

Enfin, Fabien Roussel estime que les Comores et Mayotte ont "histoire commune, une culture commune, une langue commune et qui est aujourd'hui partagé en deux" depuis le référendum de 1974. "Mayotte est restée française et l'archipel des Comores a fait le choix de l'indépendance. Ils sont à deux heures de trajet en barque [...] et effectivement, beaucoup de ces Comoriens s'en vont sur Mayotte et cela crée un climat de tension terrible, avec des affrontements qui sont injustifiés" a-t-il déploré.

Plus de 10 jours d'embrasement 

La situation a basculé le 12 novembre dernier, après le décès d'un jeune homme du village de Kawéni à M'tsapéré, un village voisin. Âgé d'une vingtaine d'années, il a été sauvagement tué à coup de machette alors qu'il rejoignait sa petite amie. Depuis, les affrontements violents entre les bandes rivales des deux communes sont incessants et suscitent le ras-le-bol des mahorais.

Pour tenter d'endiguer le problème, le gouvernement a envoyé en renfort des policiers du RAID sur place. L'unité d'intervention d'élite a été déployée le mardi 22 novembre à Mamoudzou et depuis, un retour au calme est palpable. Lors de sa visite au Salon des maires à Paris, Emmanuel Macron avait été interpellé par des élus de Mayotte et a promis "plus de moyens militaires aussi en mer pour pouvoir éviter les arrivées."