Loi immigration : Darmanin veut "un texte ferme contre l'immigration irrégulière"

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer sur le quai de Dzaoudzi - Mayotte
Ce projet de loi ne concerne pas que l’Hexagone mais aussi l’immigration illégale à Mayotte. Entre le report de l’examen du texte et son découpage en plusieurs morceaux, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer affirme ce vendredi que la France a "besoin" d’un "texte ferme contre l'immigration irrégulière".

"L'important, c'est d'avoir un texte ferme contre l'immigration irrégulière", a expliqué ce vendredi sur CNews Gérald Darmanin, qui a promis le retour "dans quelques semaines" de son projet de loi, reporté par Emmanuel Macron.

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer préparait depuis près d'un an le terrain pour ce texte qui devait comporter deux principaux volets : l'un pour faciliter les expulsions des étrangers représentant une menace pour l'ordre public, l'autre sur l'intégration, notamment pour régulariser certains travailleurs dans les secteurs en "tension".

Larcher contre le "saucissonnage"

Sur fond de poussée de fièvre sociale contre la réforme des retraites, le président de la République a décidé d'en reporter l'examen par le Sénat, qui devait démarrer le 28 mars, en annonçant mercredi que le projet de loi serait "réagencé" et découpé en "plusieurs textes".

"Le ministre de l'Intérieur préfère toujours que ce soit un seul texte, bien évidemment", a réagi Gérald Darmanin, expliquant s'en remettre à la décision de l'exécutif.

Un avis partagé par le président LR du Sénat. "Il n'est pas question (...) d'un texte qui soit saucissonné", a répondu ce jeudi sur LCI Gérard Larcher, estimant qu'"une politique migratoire c'est un ensemble". "C'est un texte, comme les retraites, indispensable, qui doit être débattu sur le fond et qui doit apporter des réponses", a-t-il souligné.

"En expulser 4.000 de plus par an"

"La Première ministre travaille en ce moment avec les présidents des assemblées et dans quelques semaines nous aurons de nouveau une discussion sur l'immigration", a néanmoins assuré Gérald Darmanin, ajoutant que "la France a besoin" d'une telle loi.

"Par exemple pour expulser des étrangers délinquants, on a besoin d'une loi, j'en ai besoin pour en expulser 4.000 par an de plus", a-t-il estimé.

Sur ce projet de loi, jugé très insuffisant à droite et à l'extrême droite, conspué à gauche et par les défenseurs des exilés, le ministre de l'Intérieur a jugé "tout à fait possible de trouver une majorité avec les LR", qui contrôlent le Sénat.

Il n'a en revanche pas donné d'indications sur ce qui pourrait rester dans le texte, que le président de la République veut "plus court".

Expulsion massive à Mayotte ?

Le gouvernement envisage un projet de loi resserré sur les aspects les plus techniques (réforme des procédures d'asile et du contentieux des étrangers), pour laisser les éléments les plus abrasifs entre les mains des parlementaires.

Ces derniers pourraient déposer des propositions de loi sur les expulsions des étrangers (à droite) ou l'intégration par la langue et le travail (dans la majorité), avait expliqué jeudi à l'AFP l'entourage du ministre de l'Intérieur.

Le report de l'examen modifiera-t-il l’agenda de Gérald Darmanin à Mayotte ? D’après Le Canard Enchaîné, ce dernier comptait lancer à partir du 21 avril sur l’île une expulsion massive des étrangers en situation irrégulière, accompagnée d’une destruction des bidonvilles. Or la date aurait été choisie pour coïncider avec le débat au Parlement sur son projet de loi.

Malgré le report et en attendant d'en savoir plus, une manifestation contre ce projet de loi est d'ores et déjà prévue ce 25 mars à Paris, comme le montre le tweet ci-dessous.